mercredi 8 février 2012

J'ai été voir... Detachment


Les « films de profs », c’est presque un genre à part… Il y a eu Le Cercle des Poètes Disparus, puis plus tard la transposition (ratée) dans un lycée de filles: Le Sourire de Mona Lisa avec Julia Roberts. Dans les années 90, on a Esprits Rebelles avec Michelle Pfeiffer et en BO la chanson 'Gangsta’s Paradise' de Coolio. En France, Entre les Murs de Laurent Cantet a remporté la Palme d’Or à Cannes en 2008 et Isabelle Adjani figurait dans La Journée de la Jupe (adapté d’un fait divers réel si ma mémoire est bonne).
Le cinéma aime se pencher sur le système éducatif et surtout sur ses failles.

Quand le réalisateur d’American History X s’attaque au sujet, on peut donc raisonnablement s’attendre à être bousculé.

Henry Barthes (Adrian Brody) est un professeur remplaçant qui vient passer un mois dans un lycée de la banlieue de New York ou la plupart des élèves (et une partie des profs) ont baissé les bras. Sa route va croiser celle de trois personnages féminins qui vont chambouler les choses : Meredith, une lycéenne mal dans sa peau, Ms Madison, une jeune prof passionnée et Erica une petite prostituée.

Ce qui fait la force du film, c’est qu’au-delà de la critique du système scolaire américain, Tony Kaye pose des questions tout simplement humaines. On est touchés directement par le film, même si on peut se sentir loin de ce lycée new-yorkais.

Le personnage de Barthes cherche à donner à ces gamins ce qu’il n’a pas reçu étant petit : une oreille attentive et un discours rassurant. Mais Barthes n’est pas idéaliste, même pas optimiste au fond… Pour faire son métier, il est obligé de garder ses distances, de se « détacher ». Et c’est bien là tout le sujet : comment aider les autres sans s’impliquer trop pour se protéger soi-même ?

Adrian Brody tient le rôle principal qui lui va comme un gant. Son regard mélancolique et sa silhouette dégingandée collent très bien au personnage. Entre rage contenue et lourd passé, Brody campe un prof complexe et attachant.

A ses côtés, des stars (James Cann, oscarisé pour Le Parrain), des têtes connues (Marcia Gray Harden, Christina Hendricks vue dans Mad Men et Lucy Liu) et des petites nouvelles qu’il faudra suivre (dont Betty Kaye, la propre fille du réalisateur).

Il se dégage de ce film un sentiment d’impuissance assez lourd, comme si même la meilleure volonté du monde ne pouvait pas lutter contre certaines dérives. Mais il y a aussi à mon avis un message qui pousse à aller vers les autres, à ne pas s’enfermer dans sa propre carapace.

Tout n’est pas complètement réussi : la caméra à l’épaule et les gros plans incessants dérangent visuellement et les animations à la craie sur le tableau noir ne sont pas franchement utiles.

Mais ça ne gâche pas le message et l’ambiance générale du film, plutôt déprimant mais très touchant.

La petite anecdote
Trois acteurs oscarisés jouent dans Detachment : Adrian Brody, meilleur acteur pour Le Pianiste, James Caan, meilleur second rôle dans Le Parrain et Marcia Gray Harden, meilleur second rôle féminin pour Pollock d’Ed Harris.

Infos pratiques
Detachment
sorti le 1er février 2012 en France
réalisateur : Tony Kaye
avec : Adrian Brody, James Caan, Marcia Gray Harden, Christina Hendricks, Lucy Liu, Sami Gayle, Betty Kaye




1 commentaire:

  1. Je viens de voir par hasard American History X que je n'avais jamais vu. J'ai adoré.
    Je pense donc filer voir celui ci :o) !

    Franck (oui, je suis le seul franck sur le web).

    ps : i'm not a baltringue

    RépondreSupprimer