mercredi 28 août 2013

J'ai été voir... Jobs


La saga Apple et l'histoire de son fondateur Steve Jobs font partie de ces aventures dont on se dit qu'elles sont faites pour être adaptées au cinéma. C'est chose faite avec Jobs.
Un autre film est également en préparation, basé sur la biographie de l'inventeur et écrit par Aaron Sorkin (également scénariste de The Social Network).

Jobs se penche sur les 25 ans qui voient la création de l'entreprise Apple dans les années 70 jusqu'au grand retour de Jobs aux rênes de la société en 1996.

"Inspiré d'une histoire vraie" semble être un label très valorisé ces derniers temps à Hollywood. On accorde plus de crédibilité à ces films, comme si on était déjà convaincus que l'histoire est bonne. Cependant, un scénario bien écrit reste indispensable et ce n'est pas le cas de celui de Jobs.

Par comparaison, on pense naturellement à The Social Network de David Fincher, sorti en 2010 et qui racontait la création de Facebook et l'ascension de son créateur Mark Zuckerberg. Là où le film de Fincher parvenait à nous emporter dans une aventure entrepreneuriale comme si c'était un thriller, Jobs peine à nous intéresser.
Partant d'un matériau pourtant riche (un homme connu et admiré, une entreprise mythique...), le film est creux. On n'apprend rien sur Apple, pas grand chose sur l'homme, on n'explique rien et on laisse le spectateur sur sa faim.

Personnage charismatique, Steve Jobs fait rêver des générations de geeks qui voient en lui le créateur et inventeur qui a révolutionné l'informatique. On sait aussi qu'il avait un caractère déplorable et des sautes d'humeur régulières.
Comment alors faire le portrait d'un homme si complexe, animé par un idéal de beauté et de création mais également profondément égocentrique?

Jobs prend le parti de nous conter les événements de manière chronologique: des débuts dans le garage de Palo Alto au dévoilement de l'iPod en 2001.
En découle une narration plate et globalement sans intérêt. Les grands moments sont uniquement ponctués d'une musique caricaturalement dramatique. Pas d'interrogation ou de tentative d'explication: on nous montre Steve Jobs sans qu'on puisse comprendre ce qui se cache derrière les événements qu'on nous décrit.

Ashton Kutcher incarne Steve Jobs. au-delà d'une certaine ressemblance physique (renforcée par un régime frugivore qui a valu à l'acteur un séjour à l'hôpital pour cause de carences), il n'y a pas grand chose... Son jeu est terne et tient plus souvent de l'imitation.

La galerie de personnages secondaires qui entoure Jobs est plutôt solide, de Dermot Mulroney à Josh Gad.

On sent qu'une grande attention a été apportée aux détails, notamment aux costumes. Pourtant, Steve Wozniak, cofondateur d'Apple, critique les nombreuses inexactitudes du film...

En bref, on a une histoire hors du commun mais la désagréable impression qu'on ne nous la raconte pas comme il faut. Il manque le souffle que provoque par exemple la vidéo du discours prononcé par Steve Jobs à Stanford en 2005. On en est loin...

La petite anecdote:
Apple s'apprête à lancer iWatch, une montre intelligente qui permettra de téléphoner, répondre aux mails, jouer et écouter de la musique...

Infos utiles:
Jobs
sorti le 21 août 2013 en France
réalisateur: Joshua Michael Stern
avec: Ashton Kutcher, Dermont Mulroney, Josh Gad
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19535262&cfilm=198187.html

jeudi 22 août 2013

J'ai été voir... Jeune & Jolie


Présenté à Cannes au printemps, Jeune & Jolie, le nouveau film de François Ozon (Sous le sable, 8 femmes, Swimming Pool, Dans la maison) sortait hier.

Isabelle a 17 ans. Après des vacances d'été pendant lesquelles elle découvre la sensualité, elle se lance à la rentrée dans un jeu dangereux.

Jeune & Jolie est un film déroutant. Ozon filme le personnage d'Isabelle pendant 4 saisons. Pourtant, jamais il ne nous éclaire sur les motivations de cette jeune et jolie fille qui choisit de se prostituer. 
Elle paraît tellement indifférente à son propre sort qu'il nous est difficile de la plaindre ou même de la comprendre. A défaut, on l'observe.

Ozon filme l'adolescence avec une grande mélancolie. Non pas comme dans un documentaire qui chercherait à montrer les sources d'un comportement. Pas non plus comme un voyeur. Mais comme un observateur distant qui nous laisse nous faire notre propre impression de ce personnage.

Isabelle fascine car elle ne cherche pas les limites comme les autres jeunes de son âge. Plutôt que la drogue ou les fêtes à outrance, elle choisit la prostitution. Elle n'a pourtant pas besoin d'argent et n'a pas l'air d'y prendre un grand plaisir. Elle a tout pour elle et c'est bien là tout son mystère. 
En même temps, sa situation paraît réaliste. En tous cas il ne faut pas déployer des trésors d'imagination pour y croire. Après tout, combien de reportages à la télé nous parlent de ces jeunes étudiantes qui choisissent de se prostituer pour payer leurs études.
Ozon parvient à éviter les clichés et livre un film sensible et souvent drôle.

Évidemment, c'est autour de l'actrice Marine Vacth que tourne Jeune & Jolie. Elle est tout simplement sublime et on comprend pourquoi le réalisateur veut la filmer sous toutes les coutures. Venue du mannequinat, elle a non seulement une beauté plastique impeccable mais aussi un regard distant et mélancolique qui incarnent parfaitement la secrète Isabelle.

Elle est accompagnée par Géraldine Pailhas et Frédéric Pierrot (Polisse) dans le rôle des parents forcément choqués et désorientés par les choix de leur ado. Ils sont tous les deux impeccables.

Jeune & Jolie est un film particulier. Très français sans être psychologique à outrance, il parle de cette transition vers l'âge adulte et de la confiance en soi. Il peut déranger car François Ozon peut parfois avoir l'air de présenter la prostitution comme un fantasme féminin.
Au-delà du thème, chacun se laissera troubler par cette jeune fille et c'est là que réside la subtilité du film: sans jugement, sans excès et sans vulgarité, Ozon nous met tout simplement face à un personnage et à ses choix.

La petite anecdote:
Le psy que voit Isabelle est joué par Serge Hefez qui n'est pas acteur mais... psychiatre. François Ozon l'a d'abord contacté pour lui demander son avis sur le scénario. De fil en aiguille, il lui a proposé le rôle. Serge Hefez a même prêté ses fauteuils pour le décor du cabinet.

Infos pratiques:
Jeune & Jolie
sorti le 21 août 2013
réalisateur: François Ozon
avec: Marine Vacth, Géraldine Pailhas, Frederic Pierrot
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19504608&cfilm=209525.html

mardi 20 août 2013

J'ai été voir... Elysium


L'été 2013 étant pauvre en films intéressants, la sortie d'Elysium fait figure d'événement: enfin un film que j'avais envie d'aller voir! 
Le réalisateur Neill Blomkamp avait frappé un grand coup avec District 9  en 2009. Film de science-fiction à petit budget, il dénonçait l'apartheid et traitait de façon intelligente et nouvelle son sujet. Avec un budget multiplié par 3 et des acteurs stars (Matt Damon et Jodie Foster), Elysium était attendu au tournant.

En 2154, les humains les plus riches ont déserté la Terre, surpeuplée, et vivent sur Elysium, un vaisseau en orbite, sorte de paradis artificiel. Un homme va accepter une mission qui risque de faire basculer cet équilibre du monde.

Blomkamp crée des univers de science-fiction de manière à pointer du doigt les dérives de notre société. L'Afrique du Sud de District 9  ou la Terre du 22ème siècle d'Elysium forcent le trait et mettent en avant les problèmes qui touchent le réalisateur. Alors que son premier film était subversif et dérangeant, Elysium est beaucoup plus policé et sage (sans doute les conséquences d'un budget de 100 000$...). L'ambition est cependant là.
Les ficelles du scénario sont un peu grosses mais l'histoire tient debout. On parle d'immigration (vers un système de santé performant notamment), on parle d'une élite totalement coupée du peuple et vivant en vase clos, on parle des dérives policières et de la déshumanisation.

Le héros est un type assez ordinaire, sorte de petit délinquant qui tente de s'en sortir de façon légale. Matt Damon incarne bien ce Max qui n'a pas pour vocation de sauver le monde. On a presque l'impression qu'il a peur quand il se bat et qu'il ne maîtrise pas les conséquences.
Face à lui, Kruger, un mercenaire sadique interprété par Sharlto Copley (vu dans District 9) et qui aurait sa place dans la liste des méchants les plus dérangeants d'Hollywood. L'accent sud africain ajoute l'exotisme à ce vilain ultra-violent.

Car Elysium n'est pas pour tout public. En arrivant à Hollywood, Neill Blomkamp n'a pas renié son goût prononcé pour le gore et les bagarres qui éclaboussent. On se régale donc de scènes de combat cra-cra et de la créativité en terme de conception d'armes...
En revanche certaines bastons sont filmées caméra à l'épaule (voire en mode go-pro) et ce n'est vraiment pas ma tasse de thé. On perd vite le fil et on est déboussolé. Ce n'est pas le cas pour les autres prises de vue qui sont très maîtrisées et souvent fluides.

Blomkamp a intelligemment utilisé les effets spéciaux: avec parcimonie. Il a tourné une grande partie du film en prises réelles (au Mexique pour la décharge terrienne et au Canada pour le vaisseau), ce qui donne une authenticité remarquable pour un film de science-fiction.

On reprochera un côté "cousu de fil blanc" à l'histoire, ce qui déçoit un peu quand on a vu le potentiel subversif du réalisateur. C'est un traitement très manichéen du sujet qu'il a choisi de traiter et les personnages sont un peu caricaturaux (le rebelle ressemble même vaguement à Che Guevara...).

Il n'empêche qu'Elysium est un bon film d'action car il n'est pas QU'un film d'action... Il ne prend pas ses spectateurs pour des cruches mais n'oublie pas le côté divertissant.

La petite anecdote:
Pour tenter votre chance et rejoindre l'élite sur Elysium, vous pouvez passer le teste d'admission ici: http://www.itsbetteruphere.com/


Infos pratiques:
Elysium
sorti le 14 août 2013 en France
réalisateur: Neill Blomkamp
avec: Matt Damon, Jodie Foster, Sharlto Copley