vendredi 30 octobre 2015

Sicario


La frontière entre les USA et le Mexique est devenue un no man's land gouverné par les cartels de drogue. C'est le théâtre d'affrontements quotidiens avec les forces d'ordre américaines. Et c'est le cadre du nouveau polar d'action dirigé par Denis Villeneuve.

Kate Macer, jeune agent du FBI, est recrutée pour une mission inter-agences pour frapper les cartels afin qu'ils fassent un faux pas.

Le réalisateur Denis Villeneuve trace depuis quelques années son parcours à Hollywood: Incendies, Prisoners, et récemment Enemy ont fait mouche. Sicario a pour sa part été présenté en compétition officielle lors du dernier Festival de Cannes. Le réalisateur maîtrise parfaitement le rythme et sait créer une atmosphère étouffante, à la limite de la claustrophobie. Prenez votre souffle et préparez-vous pour 2h d'apnée!

L'histoire de Sicario va au-delà d'une simple opposition entre deux "clans" ennemis (police US versus cartels). Tout comme la frontière physique entre les deux pays devient perméable aux trafics et passages clandestins, la limite entre le bien et le mal, le légal et l'illégal, le légitime et l'inexcusable est très floue.
Les troupes d'élite américaines agissent sans contrôle, utilisant des méthodes ultra-violentes. La fin justifie-t-elle les moyens? Est-ce le terrain de jeu rêvé pour des militaires sans scrupules? Les valeurs de l'agent Macer sont remises en cause. Partagée entre l'envie de voir les choses bouger et la nécessité de suivre les procédures légales, elle perd pied.

Villeneuve cache bien plus qu'il ne montre et parvient à créer un climat de tension forte, comme dans tout thriller réussi. Le cadre est d'une violence primitive et on n'est pas épargnés. L'adrénaline monte petit à petit et fait son effet.

La réussite de Sicario tient également à son casting, impeccable. Les trois acteurs principaux sont tous très convaincants. Emily Blunt (Looper, The Edge of Tomorrow) fragile et forte à la fois, apporte la juste dose de féminité qui permet de prendre un recul nécessaire. Josh Brolin (Sin City, True Grit) est un barbouze plus intelligent qu'il n'y paraît. 
Et surtout Benicio Del Toro, grand habitué des films autour de la drogue (oscar du meilleur second rôle pour Traffic, vu dans Savages, etc.) est ici impressionnant par sa présence et son intensité. 90% de ses répliques initialement prévues dans le scénario ont été supprimées, pour laisser place à un silence et un mystère autour de son personnage encore plus évocateurs que tous les discours.

Mise en scène maîtrise, direction d'acteurs remarquable, bande-son métallique et oppressante, images léchées (Roger Deakins - Les Evadés, Skyfall, est le directeur de la photo): Sicario est l'un des très bons films d'action de 2015.

La petite anecdote:
Denis Villeneuve réalisera la suite de Blade Runner avec Ryan Gosling et Harrison Ford. 

Note:
4/5

Infos pratiques:
Sicario
sorti le 7 octobre 2015 en France
réalisateur: Denis Villeneuve
avec: Emily Blunt, Josh Brolin, Benici Del Toro

vendredi 9 octobre 2015

Agents très spéciaux: code U.N.C.L.E.


Le vintage est à la mode et le cinéma n'échappe pas à cette tendance. Guy Ritchie (le réalisateur de Snatch, Rock n' Rolla et plus récemment les Sherlock Holmes avec Robert Downey Jr) nous livre à son tour un film sixties jusqu'au bout des ongles.

Au début des années 60, un agent de la CIA et un agent du KGB se voient contraints de faire équipe pour traquer une organisation criminelle néo-nazie.

Après le très réussi Kingsman il y a quelques mois, voici une nouvelle comédie d'espionnage réalisée par un britannique. 
Adapté d'une série télé des années 60, Agents très spéciaux: code U.N.C.L.E. assume totalement son look rétro. Costumes tirés à 4 épingles, robes Dior et papier peint à fleurs nous plongent dans l'ambiance.

Le ton est décontracté, Agents très spéciaux: code U.N.C.L.E. joue le jeu du second degré. Si certaines répliques tombent parfois à côté, l'humour britannique est tout de même là et sauve par moment l'ensemble.

Car passé cette élégance et ce côté léger, il ne reste pas grand chose. Pas franchement musclé, pas franchement drôle ou déjanté, le film peine à trouver son rythme. Le style ne sauvant pas tout, on ressent cruellement le manque de relief de l'intrigue. Quelques scènes d'action viennent raviver l'ensemble mais elles sont à peine assez dynamiques.

Côté casting, les deux agents sont joués par deux armoires à glace hollywoodiennes sensées apporter une touche de glamour. Armie Hammer (qui jouait les jumeaux Winklevoss dans Social Network) joue agréablement avec la parodie. Henry Cavill (le superman de l'horrible Man of Steel) quant à lui est tout bonnement insupportable: figé et statique, il énerve beaucoup trop pour séduire. La caution girly est apportée par Alicia Vikander (A Royal Affair) qui se contente d'être mignonne, ce qu'elle fait très bien.

Agents très spéciaux: code U.N.C.L.E. est clairement le lancement d'une franchise et on peut douter de la suite qu'ils vont lui donner. Il se veut un film à l'ancienne, qui se base sur la séduction et le style. Ce n'est pas complètement mauvais, mais c'est loin d'être bon.

La petite anecdote:
David Beckham fait une micro-apparition en projectionniste dans le briefing de l'agent russe. Guy Ritchie l'avait déjà engagé pour une pub H&M qu'il avait réalisé. 

Note:
2/5

Infos pratiques:
Agents très spéciaux: code U.N.C.L.E.
sorti le 16 septembre 2015 en France
réalisateur: Guy Ritchie
avec: Henry Cavill, Armie Hammer, Alicia Vikander, Hugh Grant