mardi 15 avril 2014

Divergente


Les studios américains ne s'y trompent pas: le public adolescent est rentable. Il est donc largement visé depuis quelques années avec des franchises et séries de 2,3 ou 4 films adaptés de romans à succès. Harry Potter, Twilight et Hunger Games ont engrangé en 15 films plus de 12 milliards de dollars...
C'est donc au tour de la série Divergente de romans de Véronica Roth d'être adaptée au cinéma. 

Le monde post-apocalyptique dans lequel vit Tris est divisé en 5 clans (Audacieux, Érudits, Altruistes, Sincères, Fraternels). Quand vient son tour de choisir sa place, elle se rend compte qu'elle ne rentre dans aucune catégorie et qu'elle va devoir trouver sa propre voie.

En se basant sur les best-sellers de Veronica Roth, les studios Summit ne prennent que peu de risques. La base de fans est présence et assure un "buzz" avant même la sortie du film. Et tous les ingrédients sont réunis pour un "young adult movie" pur jus. La réalisation a été confiée à Neil Burger (Limitless) qui a choisi un univers assez sombre et "réaliste" en tournant notamment de nombreuses scènes à Chicago, là où est sensée se dérouler l'action du film. 

On a donc une jeune fille qui se cherche, jouée par Shailene Woodley qu'on avait vu dans The Descendants. Elle doit faire face à des choix et passer des épreuves physiques et psychologiques. Les hormones n'étant jamais loin d'un film pour adulescent, la romance n'est pas loin... Car, côté testostérone, c'est Théo James (vu dans Underworld  et un petit rôle dans la série Downton Abbey) qui incarne le mystérieux instructeur de Tris.

La violence est très (trop) souvent suggérée et la réalisation policée permet au film de rentrer dans le format "film d'ado" mais fait perdre en impact au niveau du message politique qui se cache dans la description des dérives fascisantes de la société de Divergente

Certes, Divergente n'est pas un film original. On a souvent l'impression d'avoir déjà vu ça quelque part, notamment dans The Hunger Games. Il n’empêche que c'est un film efficace si on se met dans le bon état d'esprit. La BO faite de titres pop-rock fonctionne plutôt bien et je me suis surprise à m'enthousiasmer pour deux ou trois rebondissements. 
C'est une nouvelle histoire d'initiation, avec ce qu'elle peut comporter de longueurs et de naïveté. Mais Neil Burger crée un univers qui tient la route.

La réussite de Divergente tient dans le fait qu'il nous propose une héroïne qui tient la route, qui prend des coups autant qu'elle en donne et qui n'a pas les deux pieds dans le même sabot. Les personnages masculins gravitent autour d'elle mais le méchant est une femme (Kate Winslet).

Un peu fade, assez lisse et pas subversif pour deux sous, Divergente n'est pas là pour révolutionner le genre. Il surfe sur une tendance et le fait plutôt bien... Le public cible devrait y trouver son compte.

La petite anecdote:
Si Kate Winslet vous paraît plus ronde que d'habitude dans Divergente c'est tout simplement parce qu'elle était enceinte de 5 mois au moment du tournage. Elle tente (maladroitement) de cacher son ventre à l'aide de dossiers et autres ordinateurs portables.

Infos pratiques:
Divergente
sorti le 9 avril 2014 en France
réalisateur: Neil Burger
avec: Shailene Woodley, Theo James, Kate Winslet

mercredi 2 avril 2014

Les Gazelles


Attention! ceci est une comédie française... drôle! et ça n'était pas arrivé depuis longtemps.

Marie a la trentaine, elle est en couple depuis bientôt 15 ans avec Eric, ils viennent d'acheter un appartement. Mais elle décide de le quitter sur un coup de tête et va goûter à la liberté et au célibat, aux côtés d'une bande de copines, les "gazelles".

Les Gazelles est un film de filles: réalisé par une fille, Mona Achache (réalisatrice de Le Hérisson avec Josiane Balasko), co-écrit par 3 filles (Mona Achache, Camille Chamoux et Cécile Sellan) et qui parle d'une bande de filles. Les spectateurs masculins pourraient bien y laisser quelques plumes.

Car la gazelle a le sens de la vanne et les traits d'humour fusent à toute vitesse. Ce n'est pas son scénario qui fait de Les Gazelles un film qui tient la route mais bien la fluidité de ses dialogues et son rythme soutenu. Les scènes dans lesquelles les 5 filles enchaînent les soirées et les commentaires sur les hommes qui les entourent sont assez jouissives.

Camille Chamoux donne le ton du film et impose son énergie à tout ce qui l'entoure. Elle a un débit et une fraîcheur très agréable. Il sera intéressant de voir si elle veut jouer autre chose que le rôle de la "trentenaire" qu'elle joue ici et dans son spectacle "Née sous Giscard".
Elle est bien entourée de sa bande de copines qui vont lui apprendre les règles du célibat: Audrey Fleurot (la rousse pulpeuse d'Intouchables), Naidra Ayidi (vue dans Polisse) ou Joséphine de Meaux (La Délicatesse) se régalent.

L'humour de Les Gazelles se rapproche par certains aspects de celui de la série Girls, en moins trash et plus... français. Ça fonctionne sur le clin d’œil et la reconnaissance: on rit parce qu'on remarque certains détails qui nous ressemblent ou nous rappellent un souvenir. Un peu comme Bref! Ce type d'humour fait que Les Gazelles vieillira sans doute mal mais a un goût de "code générationnel" très plaisant.

Au-delà de cet humour très bien porté par les actrices, le sujet des Gazelles est intéressant. Ces filles ne veulent pas se conformer à se conformer à ce qu'on attend d'elles, et pourtant elles souffrent (parfois) d'être seules. En les montrant avec leurs crises de confiance et leurs défauts et surtout en ne les rangeant pas dans des cases, Les Gazelles nous montre des héroïnes émancipées et ça fait du bien! Ces filles reprennent un certain pouvoir pendant leurs soirées alcoolisées qui débouchent sur des histoires sans lendemain. Sauf que le dimanche soir est toujours aussi déprimant pour elles.

Tout le film va un peu vite et n'est pas complètement maîtrisé (ce n'est que le second film de Mona Achache) mais il sait mettre le doigt sur certaines galères sans les dramatiser.

Les Gazelles est un film réjouissant. Pas seulement parce que je suis pile dans le public visé mais aussi parce que le mélange d'humour au cordeau et de regard sans concession sur une génération de filles un peu paumées est réussi. Pas le film du siècle mais un "film de meufs" bien agréable qui confirme qu'on est mieux seule que mal accompagnée.

La petite anecdote:
Sur l'affiche du film, un numéro de portable apparaît sur le bras de Camille Chamoux. Si on l'appelle, on tombe sur le répondeur de celle-ci, et un message qui nous demande de raconter notre "meilleure anecdote sur le célibat" et qu'elle en fera bon usage.

Infos pratiques
Les Gazelles
sorti le 26 mars 2014 en France
réalisatrice: Mona Achache
avec: Camille Chamoux, Audrey Fleurot, Anne Brochet, Naidra Ayidi