mardi 24 juillet 2012

J'ai été voir... La Part des Anges


Ken Loach est un réalisateur spécialiste des drames sociaux. Dans tous ses films, il oppose les petits, les opprimés, les ouvriers aux grands méchants capitalistes. Avec La Part des Anges, il a choisi de traiter le sujet avec humour et de faire "une comédie qui est un film sérieux".

Irlande, Glasgow. Robbie est un jeune délinquant sur le point de devenir papa. Quand il échappe de justesse à une peine de prison, il doit faire des travaux d'intérêt général et rencontre un éducateur qui va l'aider. En l'initiant à la dégustation de whisky, il va non seulement lui révéler un don mais également lui donner une idée qui va lui permettre de s'en sortir.

La Part des Anges démarre par une description assez précise du destin qui accable Robbie: violence, drogues, chômage, les perspectives sont minces... La première heure du film est donc consacrée à planter ce décor. On sent bien vite la dénonciation du système par le réalisateur et même si c'est parfois un peu caricatural, on s'attache à ces personnages paumés. Mais on se demande aussi où le réalisateur veut nous amener.

Puis vient le dernier tiers du film, qui se transforme en farce version "Les Pieds Nickelés en Écosse" et l'humour sauve le propos de Loach.

Robbie est en effet entouré d'une bande de canards boiteux à l'accent écossais. Cet accent et ces expressions donnent sa couleur au film, celle-ci étant renforcée dans la dernière partie par les paysages des Highlands.
L'accent écossais est d'ailleurs tellement prononcé que le film était sous-titré en anglais lors de sa projection au festival de Cannes!

On rit de bon coeur aux gags, principalement causés par Alfred (Gary Maitland), ahuri écossais génial et source inépuisable de bêtise(s).

Et puis il y a les whisky. Ken Loach filme les dégustations d'une façon qui donnerait presque l'eau à la bouche. Il faut dire qu'il a choisi de confier le rôle de l'expert à un vrai professionnel, Charles McLelan. On en vient presque à douter de l'adage qui veut que l'alcool soit mauvais pour la santé.

Pour mener sa bande d'acteurs (quasiement tous écossais d'origine), le réalisateur s'est appuyé sur William Ruane avec qui il avait déjà travaillé sur Sweet Sixteen et Le Vent se Lève.
Et si le jeu de Paul Branningan (qui tient le rôle central) sonne très vrai, c'est parce que le parcours de l'acteur n'est pas si éloigné de celui du personnage. Le scénariste Paul Laverty l'a en effet rencontré dans un foyer pour jeunes délinquants lors de repérages à Glasgow.

Loach choisit donc de nous raconter une sorte de fable, un conte dans lequel les braves voyous prennent leur revanche sur les riches et les nantis. Et comme c'est un conte, au diable la vraisemblance, voire la logique. Tant pis si la rédemption de Robbie passe par une entourloupe illégale...

La Part des Anges a ce côté agréable et entraînant d'un "petit film" sans grandes ambitions mais qui fait passer son message de manière efficace, à grand renfort d'humour et de sincérité.

La petite anecdote
Ken Loach est un grand habitué de la Croisette. Avec La Part des Anges, il participait pour la 17ème fois au Festival de Cannes! Le Prix du Jury pour ce film est sa 5ème récompense: il a reçu le Prix du Cinéma Contemporain en 1981 pour Regards et Sourires , deux Prix du Jury (pour Hidden Agenda et Raining Srones) et la Palme d'Or en 2006 pour Le Vent se Lève.

Infos pratiques
La Part des Anges
sorti le 27 juin 2012 en France
réalisateur: Ken Loach
avec Paul Brannigan, William Ruane, John Henshaw, Gary Maitland
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19332495&cfilm=193360.html

lundi 16 juillet 2012

J'ai été voir... L'Âge de Glace 4, la dérive des continents


Quand une saga en arrive à son 4ème épisode, il y a de quoi être méfiant. Cela signifie bien sûr que le succès a été au rendez-vous des 3 premiers épisodes, mais on peut raisonnablement craindre un essoufflement.

J'allais donc voir L'Âge de Glace 4 un peu à reculons. J'en suis ressortie convaincue que la recette fonctionne encore.
Ne vous attendez pas à une révolution: avec L'Âge de Glace 4 , on prend les mêmes et on recommence.

Sid le paresseux, Manny le mammouth et Diego le tigre se retrouvent séparés de leur tribu par la dérive des continents (provoquée par une gaffe de Scratt, qui court toujours après son gland). En tentant de rejoindre les leurs, ils vont croiser la route d'un équipage de pirates...

Ce 4ème opus réutilise les thèmes des précédents: famille, entraide.
Les bonnes surprises viennent des nouveaux personnages qui enrichissent le casting. La grand-mère de Sid est une géniale mémé gaga, le capitaine pirate et son équipage sont extra (j'ai un gros faible pour l'éléphant de mer). Même Diego va rencontrer une copine tigre qui va lui en faire voir de toutes les couleurs...
Les "anciens" répondent tous présents, Scratt en tête. Ce personnage, à la base anecdotique, est devenu indispensable. Toute la promotion du film s'est faite autour de lui et il est mis en avant sur l'affiche du film.

J'avoue que mes souvenirs des épisodes précédents sont un peu flous mais on se souvient rapidement ce qui en a fait le succès: un rythme soutenu et des gags qui s'enchaînent. L'histoire centrale n'est finalement qu'un prétexte à des grosses scènes d'actions et aux sketches à gogo.

Visuellement, certains moments sont très réussis, en particulier la tempête et la scène des sirènes. On n'est pas au niveau d'un Madagascar 3 dans l'utilisation de la 3D mais ça reste très agréable.

Au final, on ne voit pas passer les 1h30, format par ailleurs adapté au plus jeunes, qui se régalent autant que les grands qui les accompagnent.

J'ai vu L'Âge de Glace 4  en VO et on repère quelques voix connues: Jennifer Lopez prête sa voix à Shira et Peter Dinklage (Tyron Lannister dans Game of Thrones) incarne le capitaine Gutt. Quand à la mouette francophone, elle est doublée en VO et en VF par... Alain Chabat! Restez bien jusqu'au générique de fin pour mettre un visage sur les voix.

Fautes de températures vraiment estivales, je vous épargne le jeu de mot qui voudrait que ce film soit rafraîchissant.
Cela dit ne vous en privez pas, vous passerez un bon moment.

La petite anecdote
Scratt est une vraie star et à ce titre, il a sa statue au musée Grévin à Paris.
Pour ses fans, voici une bande-annonce un peu spéciale qui avait été lancée au moment des oscars et du buzz autour de The Artist: http://www.youtube.com/watch?v=SkRGed_eRGY&feature=player_embedded

Infos pratiques
L'Âge de Glace 4: la dérive des continents
sorti le 27 juin 2012 en France
réalisateurs: Steve Martino, Mike Thurmeier
avec (les voix de): Ray Romano, Denis Leary, John Leguizamo, Queen Latifah, Jennifer Lopez
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19356800&cfilm=181059.html

J'ai été voir... Piégée


Avec Piégée, Steven Soderbergh, réalisateur de Ocean's Eleven et ses suites, de Traffic et de Erin Brockovitch entre autres, se lance dans un nouveau genre: le film d'agent secret qui cherche sa vengeance (oui c'est un genre à part entière)

Mallory Kane, ancienne marine, se rend compte qu'elle a été trahie par son employeur (et ex petit ami) et veut se venger.
L'un des atouts du film est ce personnage principal féminin, tenu par Gina Carano, dont c'est la première apparition au cinéma. Elle est en revanche une immense star dans un autre domaine: c'est une championne de MMA (Mixed Martial Arts, un mélange de techniques de combat, sorte de free fight). Soderbergh cherchait une actrice capable de faire elle-même ses cascades et crédible au niveau des scènes de combat.

Car Piégée est un film d'action et les scènes de combat sont essentielles (même si il n'y en a pas assez à mon goût). Soderbergh filme ces combats de manière assez large, ce qui permet de prendre conscience de la performance des acteurs. Souvent, les réalisateurs privilégient les très gros plans dans ce genre de scènes, et on est vite perdu, sans trop savoir où regarder. Ce n'est pas du tout le cas ici puisque Soderbergh privilégie la simplicité et exploite à fond les capacités physiques de son actrice.

Carano est très bien entourée puisqu'elle botte successivement les fesses de Channing Tatum, Michaël Fassbender et Ewan McGregor. On notera également la présence de Michael Douglas, Antonio Banderas, Matthieu Kassovitz. Rien que du beau monde. Malheureusement ces seconds rôles sont très très légers et qu'on n'en profite pas vraiment.

Le gros problème de Piégée est son scénario très pauvre. Outre le fait que le thème a déjà été visité de nombreuses fois (de James Bond à Jason Bourne), il n'y a aucune surprise. Pas vraiment d'histoire et donc pas de rythme, pas de souffle: certaines scènes s'éternisent et la BO ne vient pas relever l'ensemble. C'est finalement assez frustrant de ne pas voir le film décoller alors qu'on voudrait y croire. Outre quelques scènes de baston fort agréables, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent.

Allez vois Piégée si vous êtes fan de Gina Carano, qu'on reverra sans doute rapidement (il y a des rumeurs sur sa participation à un Wonder Woman en préparation).
Ou si vous souhaitez voir des gros bras se faire ratatiner par une fille. Girl power!

La petite anecdote
La voix de Gina Carano a été modifiée pour donner à son personnage une voix plus grave.

Infos pratiques
Piégée
sorti le 11 juillet 2012 en France
réalisateur: Steven Soderbergh
avec: Gina Carano, Ewan McGregor, Channing Tatum, Michael Fassbender, Michael Douglas, Antonio Banderas, Matthieu Kassovitz
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19275219&cfilm=172392.html 

mardi 10 juillet 2012

J'ai été voir... To Rome With Love


La météo est pourtant propice mais la programmation très moyenne de ce début d'été m'a poussé à une petite pause. En revanche, un nouveau Woody Allen, ça ne se refuse pas, même quand on n'est pas une fan inconditionnelle du réalisateur new-yorkais.

Ses films récents sont des lettres d'amours aux villes qu'il apprécie: New York bien sûr, Londres dans Scoop, Barcelone dans Vicky, Christina, Barcelona et dernièrement Paris dans Minuit à Paris. Cette fois-ci, il pose sa caméra dans la capitale italienne pour To Rome With Love.

Et pour découvrir la ville éternelle, il croise quatre histoires: des histoires d'amour bien sûr mais aussi des rencontres et la vie qui soudain passe d'ordinaire à extra-ordinaire.

S'il fallait relier ces récits entre eux, outre le fait que Rome en est le décor (voire un personnage à part entière), ce serait le rapport à la célébrité. Sauf que contrairement à Minuit à Paris, les morceaux d'histoire sont laborieux et il ne se dégage pas un propos global.

Les scénarii de Woody Allen savent souvent mettre en scène des détails légers mais qui résonnent pour de nombreux spectateurs. Ici, la sauce ne prend pas. Les grands thèmes "alleniens" sont abordés (les phobies, les intellectuelles névrosées, etc.) mais pas renouvelés. Étant donné que le réalisateur sort presque un film par an, il n'est finalement pas étonnant qu'il soit parfois à court d'idées.

On tombe assez vite dans les clichés sur l'Italie. Deux des quatre histoires sont en italien et ça leur donne forcément un certain charme. La petite musique de la langue fait passer les caricatures et certaines lourdeurs. Si certaines trouvailles font sourire, on est loin du côté acide et pétillant d'un Vicky, Christina, Barcelona (qui n'était pas un chef d'oeuvre mais plutôt réussi). 

Figurer au casting d'un Woody Allen, c'est une ligne recherchée dans une filmographie. Le réalisateur n'a donc pas eu de mal à convaincre des acteurs aussi différents qu'Alec Baldwin (convaincant en blasé de la séduction féminine) et Robert Benigni (drôle pendant 30 minutes puis assez fatiguant et répétitif). Côté femmes, Penelope Cruz et ses formes latines rendent hommage aux actrices italiennes comme Claudia Cardinale ou Sophia Loren. Quant à Ellen Page, elle incarne cette femme intelligente mais instable, fantasme de Woody Allen. Sans étincelle selon moi: elle est très mignonne mais loin de dégager ce côté "so sexy" du personnage.
To Rome With Love est aussi l'occasion de voir des acteurs italiens dans des rôles "clin d'oeil": Ornella Muti, Riccardo Scarmacio (vu dans Romanzo Criminale et Polisse) et le ténor Fabio Armiliato.

Enfin, Rome est filmée comme une carte postale: la lumière est un peu orangée et tous les personnages américains s'extasient. Woody Allen nous montre la Rome des guides touristiques. Personnellement, l'effet est plutôt positif et me donne envie d'aller vérifier par moi-même...

Finalement, To Rome With Love est un peu comme une meringue: légère et pas indigeste mais trop sucrée et bien insipide.

La petite anecdote:
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur Woody Allen, le film Woody Allen, A Documentary est sorti fin mai et passe encore dans quelques salles.

Infos pratiques:
To Rome With Love
sorti le 4 juillet 2012 en France
réalisateur: Woody Allen
avec: Ellen Page, Alec Baldwin, Jesse Eisenberg, Penelope Cruz, Roberto Benigni
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19326601&cfilm=192634.html