jeudi 23 mai 2013

J'ai été voir... Gatsby le Magnifique


Pour ouvrir le Festival de Cannes 2013, quoi de mieux qu'un film qui promet de déborder de paillettes, de fêtes et de stars?... Gatsby le Magnifique a donc fait (hors compétition) la première montée des marches de cette année. C'est Baz Luhrmann, le réalisateur de Roméo + Juliette et de Moulin Rouge! qui se lance dans cette nouvelle adaptation du roman culte de Francis Scott Fitzgerald.

EN 1922 à New York, Nick Carraway, trentenaire et financier débutant, profite de l'ambiance de l'époque, faite de jazz, de fortunes insolites et rapides et de soirées de fête. Accompagné par son voisin, le mystérieux millionnaire Gatsby et par Daisy, sa belle cousine, il va découvrir ce monde fascinant.

Le casting, le budget (105 millions $), ainsi que les précédents films de Luhrmann laissaient présager du grand spectacle. L'époque de l'intrigue, les "années folles" semblent elles aussi toutes indiquées pour servir de décor à l'imagination du réalisateur.
On est servis à ce niveau-là pendant la première heure du film. La 3D et les effets spéciaux viennent (souvent maladroitement) renforcer l'impression de vertige. On est littéralement plongés dans la démesure. On retrouve souvent la façon de filmer de Moulin Rouge!, même si Gatsby paraît plus retenu. Le show est au rendez-vous, le spectateur profite du feu d'artifice mais ce n'est pas la débauche totale. Sans doute parce que le narrateur reste souvent en dehors et qu'il nous force à voir tout ça avec un peu de recul.

On aimera ou pas, j'ai trouvé que le choix de la musique était réussi. En confiant la BO à Jay-Z, on est très clairement plus du côté RnB que jazz (Beyoncé reprenant Amy Winehouse, Lana del Rey, Florence and the Machine, etc.). Le décalage est maîtrisé et donne une ambiance anachronique et fiévreuse.

Tous les effets visuels s'articulent autour d'une histoire, adaptée de l'un des romans les plus classiques de la littérature américaine. Luhrmann a fait le choix de coller de près au texte original (avec évidemment quelques altérations). Les fans de Fitzgerald y retrouveront leurs petits.
Dans la seconde partie du film, on passe davantage de temps avec les personnages, que l'on apprivoise et dont chacun se fait son opinion. La richesse du roman vient ici donner du corps à ces protagonistes. Aucun d'entre eux n'est facile à déchiffrer, ils ont tous plusieurs facettes: idéalistes, romantiques, manipulateurs, manipulés, etc.

Il n’empêche que pour qu'un film de la sorte tienne la route, il faut un acteur principal solide pour le rôle titre. Léonardo DiCaprio est ici impérial. Il dévoile les facettes de Gatsby les unes après les autres, subtilement.
Difficile pour les autres personnages d'exister. Joel Edgerton (Animal Kingdom, Zero Dark Thirty) parvient à imposer sa prestance pour le rôle de Tom Buchanan, le mari de Daisy. En revanche Tobey Maguire (Spiderman, Brothers) est transparent. Carey Mulligan (Une Education, Drive, Shame) est Daisy. Elle est, certes, très jolie mais pour moi trop fade.

On a reproché à Baz Luhrmann d'être plus un metteur en scène de Broadway qu'un réalisateur de cinéma. Il est vrai que certains détails deviennent gênants au fur et à mesure du film.Par exemple l'expression "old sport" utilisée 40 fois ou les travellings qui donnent mal au cœur pour passer d'un côté à l'autre de la baie.
Il est vrai aussi que le roman était une satire sociale et que le film ne fait qu'effleurer cet aspect. De même, Luhrmann a du mal à capter le côté fragile du roman: trop de confettis rendent la subtilité difficile...
Les trouvailles sont nombreuses également et on se régale du niveau de détails dans les costumes, les décors, etc. Il faut accepter le côté bling-bling, qui a ici une justification, et lire entre les lignes.

Gatsby est donc un film à paillettes, agréable à regarder. Vous n'en ressortirez sans doute pas bouleversé.

La petite anecdote:
Le roman de Fitzgerald n'a pas du tout eu de succès au moment de sa sortie, en 1925. Quasiment oublié dans les années 30, ce n'est que dans les années 50, à sa 3ème réédition, qu'il deviendra un classique.

Infos pratiques:
Gatsby le Magnifique
sorti le 15 mai 2013 en France
réalisateur: Baz Luhrmann
avec: Leonardo Di Caprio, Tobey Maguire, Joel Edgerton, Carey Mulligan
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19452224&cfilm=141808.html

mardi 14 mai 2013

J'ai été voir... Trance

L'affiche française...

et l'affiche originale parce que je la trouve beaucoup plus belle et plus proche de l'esprit du film...



Après avoir orchestré la cérémonie d'ouverture de Jeux Olympiques de Londres, le réalisateur Danny Boyle (Trainspotting, La Plage, Petits Meurtres entre amis, Slumdog Millionnaire, 127 heures) revient à ses premières amours, le thriller, et nous fait découvrir le pouvoir de l'hypnose.

Simon travaille pour un commissaire priseur et aide un gang à voler un tableau de Goya lors d'une vente aux enchères. Dans le feu de l'action, il reçoit un coup sur la tête et oublie où il a caché la toile. Il fait alors appel à une hypnotiseuse pour tenter de retrouver son souvenir.

Trance est un labyrinthe, ou plutôt une visite d'un labyrinthe après avoir pris de l'extasy. Le réalisateur nous perd entre les scènes réelles, les souvenirs et les "transes" sous hypnose. Et le rythme du film est très soutenu, ce qui empêche le spectateur de prendre le temps de se demander ce qui se passe vraiment. 
C'est ce qui fait la force et la faiblesse de Trance. Plutôt que de suggérer, à la manière d'un Inception, et de laisser l'imagination et l'interprétation personnelle prendre le dessus, Boyle nous secoue dans tous les sens et on se retrouve un peu désorienté. Mais si on aime les histoires tordues et qu'on accepte de ne pas tout comprendre, on passe alors un bon moment.

Danny Boyle a le sens du rythme. La BO de Trance a été concoctée par Rick Smith, qui avait déjà travaillé sur celle de  Trainspotting, devenue culte (cliquez ici et vous plongez dans les années 90). La musique participe ici à l'ambiance hypnotique du film.
Sa durée relativement courte (1h35) fait également en sorte qu'on ne reprenne son souffle qu'une fois lancé le générique de fin.

Trance est un film furieux, qui aborde avec peu de subtilité des sensations intenses: sexe, violence, douleur physique. Boyle ne prend pas de gants et ces images s'enchaînent pour créer une atmosphère prenante.

Le scénario de Trance s'articule autour d'un trio et c'est pour moi la réussite du film. Les rôles des ces trois personnages se mêlent et on ne sait jamais à qui appartient l'histoire.
James McAvoy (X-Men, Le Dernier Roi d'Ecosse) est impliqué et très convaincant. Son accent écossais n'enlève rien à son charme... Rosario Dawson (Sin City, Boulevard de la Mort, La 25ème Heure) est Elizabeth, le pivot féminin du trio et elle assume le symbole de la féminité sans fard. Enfin, Vincent Cassel (La HaineIrréversible, Black Swan) prête sa gueule cassée à Franck, le chef de gang dangereux et sombre.

On pourra reprocher à Trance un trop-plein d'effets visuels et de twists scénaristiques. Pour ma part, j'ai trouvé l'image léchée et l'intrigue menée tambour battant m'a plu. 
Si on devait se prêter au jeu des comparaisons, c'est la rencontre de Eternal Sunshine of the Spotless Mind avec un clip d'électro.

La petite anecdote:
Pour en savoir plus sur les pouvoirs de l'hypnose, c'est là: https://fr.wikipedia.org/wiki/Hypnose
et pour les parisiens qui voudraient tenter l'expérience... c'est là: http://www.hypnose-a-paris.fr/

Infos pratiques:
Trance
sorti le 8 mai 2013 en France
réalisateur: Danny Boyle
avec: James McAvoy, Rosario Dawson, Vincent Cassel
bance-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19484853&cfilm=193485.html

lundi 6 mai 2013

J'ai été voir... Mud


Après le très remarqué Take Shelter (grand prix de la Semaine de la Critique à Cannes en 2011), le réalisateur Jeff Nichols revient avec un nouveau film, Mud, présenté en compétition officielle à Cannes l'an dernier.

DeWitt, Arkansas, sur les rives du Mississipi, Ellis et Neckbone ont 14 ans. Ils croisent le chemin de Mud, un fugitif qui va les convaincre de l'aider.

Alors que Take Shelter avait un côté oppressant et psychologiquement dérangeant, Mud est un film plus posé. Nichols fait confiance à son histoire ainsi qu'à ses acteurs et donne une grande impression de maîtrise. Il réussit là où un Terrence Malick (dont il est souvent décrit comme l'héritier) échoue: il ne conceptualise pas à outrance et nous emporte cependant dans un univers très esthétique.

Le fleuve, les maisons flottantes, l'accent presque incompréhensible: bienvenue dans le sud des Etats-Unis qui inspire de nombreux films ces derniers mois (Killing Fields, Django Unchained, Killer Joe). Nichols plante ce décor qui évoque forcément Tom Sawyer et Huckelberry Finn. Vous avez dit mythes américains? Mud a également quelque chose du cow-boy solitaire. Sans vouloir les réinventer, le réalisateur se sert de ces images comme autant de repères. Il cite Clint Eastwood dans ses modèles et ça n'est pas vraiment étonnant.

La nature tient une place centrale dans Mud. La vie des personnages est rythmée par le Mississipi et les deux ados passent leur temps dans le bayou ou sur leur bateau. Les paysages filmés sont magnifiques et il y règne pourtant une sorte de sombre violence et une atmosphère poisseuse.

Le tour de force de Nichols est de parler d'amour dans ce décor. Ellis se pose beaucoup de questions et il se reccroche à Mud qui incarne ses idéaux de petit garçon. Pourtant, on ne tombe jamais dans une fable cul-cul. Peut-être parce que Mud est une histoire d'hommes: de garçon, de père, de fils, d'amoureux, tout ça au masculin. 

On voit les enfants (notamment Tye Sheridan, très bon et déjà vu dans Tree of Life) grandir et perdre leur illusions. Les adultes n'ont d'ailleurs que des rôles secondaires. Aucun n'est cependant utilisé qu'à moitié.
Reese Witherspoon est Juniper, la belle pour qui Mud sacrifie tout: ou comment être trash et délicate à la fois. Michael Shannon (qui était le héros dans Take Shelter) campe ici l'oncle bouseux mais bienveillant de Neck. Mais aussi Sam Shepard, Sarah Paulson entourent ces ados et participent à leur parcours initiatique.

Et surtout, il y a Matthew McConaughey, qui éclaire Mud de son talent. Envoûtant, il met son charme animal au service de ce personnage aux multiples facettes. 

Tous ces individus évoluent au cours de l'histoire qui n'oublie personne en chemin. Pas de superflu... On peut cependant reprocher à Mud un manque de densité qui font durer le film 20 minutes de trop.
Mais Nichols signe ici un film fin et romantique, 100% américain dans le meilleur de ce que cela peut signifier.

La petite anecdote:
Les emprunts à la littérature de Mark Twain sont nombreux mais le plus clair est la croix sous la talon de la botte de Mud: dans Huckleberry Finn, c'est de cette façon que Huck et Tom savent que le père ivrogne de Huck est dans les parages.

Infos pratiques:
Mud
sorti le 1 mai 2013 en France
réalisateur: Jeff Nichols
avec: Matthew McConaughey, Tye Sheridan, Reese Witherspoon, Sam Shepard, Michael Shannon
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19494878&cfilm=196628.html

jeudi 2 mai 2013

J'ai été voir... Iron Man 3


Le gros avantage avec les films de super héros, c'est qu'on sait globalement à quoi s'attendre.
Le gros inconvénient des films de super héros, c'est qu'on sait globalement à quoi s'attendre.
Alors quand on on en arrive au 3ème épisode d'une franchise dont le héros a également participé à Avengers, la place pour les surprises est plutôt mince...

Tony Stark, milliardaire bricoleur super héros à ses heures perdues, a du mal à se remettre de sa dernière aventure. Il va pourtant devoir se reprendre et revenir à l'essentiel quand le terroriste qui se fait appeler le Mandarin apparaît.

La marque de fabrique d'Iron Man, c'est l'humour second degré de son héros. Incarné par Robert Downey Jr., il ne s'embarrasse pas du politiquement correct et décoche les bonnes répliques à tout va. Dans ce domaine, Iron Man 3 remplit le contrat. Certaines scènes sont vraiment drôles et l'acteur s'en donne à coeur joie.
Cela relègue les autres personnages à l'arrière-plan mais, après tout, le titre du film, c'est Iron Man, pas Iron Man et ses copains...

Dans la recette du bon film de super héros, l'ingrédient "bon méchant" est indispensable. On a ici une double dose avec d'une part le Mandarin, joué par Ben Kingsley, magistral, comme d'habitude et d'autre part Aldrich Killian / Guy Pearce qui prouve après Des Hommes sans Loi, qu'il s'éclate à jouer les bad guys.

Iron Man 3 est un film de divertissement (Disney est aux manettes et n'a pas hésité à rallongé le budget après le succès de Avengers) et on en prend plein les yeux. Explosions, effets spéciaux, tout y est. Cependant, encore une fois, la 3D n'apporte pas grand chose alors qu'il y avait clairement de la matière.
Et surtout, il y a zéro enthousiasme. Le scénario, qui se veut proche d'un thriller, est léger. Le spectateur est souvent pris pour un débile (on lui répète les choses plusieurs fois et la subtilité est complètement absente) et fatigue vite.
Alors qu'avec un personnage comme le Mandarin, fils spirituel de Ben Laden et Colonel Kurtz (Apocalypse Now), il y avait un espoir d'ancrer Iron Man 3 dans un univers plus réel: les références au 11 septembre le laissent espérer. Même les bandes annonces préparaient à un film plus sombre et plus intelligent. Mais non...

Le réalisateur Shane Black est un revenant des années 80-90, pendant lesquelles il a été le scénariste de L'Arme Fatale 1 & 2 et Last Action Hero. Il ne marque pas de son empreinte ce Iron Man 3 et le rythme manque cruellement. Il se raccroche donc au showman Robert Downey Jr., ce qui ne suffit pas pour orchestrer les scènes d'action comme elles le mériteraient...

Iron Man 3 est donc un film de super héros qui fait son boulot de divertissement à gros budget, mais qui ne va pas vraiment plus loin que ça.

La petite anecdote:
C'est l'un des premiers blockbusters americano-chinois. La société DMG Entertainment a co-produit le film qui a été en partie tourné en Chine.

Infos pratiques:
Iron Man 3
sorti le 24 avril 2013 en France
réalisateur: Shane Black
avec: Robert Downey Jr., Gwyneth Paltrow, Don Cheadle, Guy Pearce, Ben Kingsley
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19484270&cfilm=139589.html