mercredi 23 septembre 2015

The Program


La vie de Lance Armstrong a tout d'un scénario de film. Elle est ici adaptée sur grand écran, en se basant sur le livre enquête d'un journaliste ayant dévoilé son dopage.

Lance Armstrong, jeune cycliste américain, est loin d'avoir tous les atouts pour devenir un grand champion. Jusqu'à ce qu'il frôle la mort et qu'il n'ait plus rien à perdre.

Stephen Frears, réalisateur de The Queen et Philomena a sauté sur l'occasion de raconter la vie hors norme de ce champion des sommets aux plus bas fonds. En décidant d'adapter le livre "Sept péchés capitaux: ma poursuite de Lance Armstrong", le récit est forcément à charge. The Program, qui porte très bien son titre, démontre à quel point le champion était moteur dans une vaste opération de dopage.

Plus qu'une enquête journalistique (dont on connaît tous l'issue), The Program remonte le temps et nous plonge dans le monde des courses cyclistes professionnelles depuis les années 90. Entre images d'archives et reconstitutions, on s'y croit. On comprend alors à quel point le dopage fait partie du quotidien de ces sportifs et comment un écosystème se construit autour de ces pratiques. 

Le film est également le portrait d'un homme complexe. Armstrong ne supporte pas de perdre. C'est un refus viscéral et une grande douleur de terminer second. Il est donc prêt à tout pour atteindre son objectif.
Habité également par une idée de rédemption, il crée Livestrong, une fondation de recherche et d'aide aux malades atteints du cancer. Cette association deviendra un autre instrument de pouvoir. 

Certains éléments sont survolés: l'implication de Floyd Landis (qui passe un peu pour un débile), tout la partie française de l'enquête. Les scènes de course pourraient être encore plus impressionnantes. Mais on se prend au jeu et on découvre avec effroi l'ampleur de la manipulation. 
The Program  parle de vélo et de piqûres mais aussi d'égo, d'honneur et de triche.

Ben Foster (vu dans Du Sang et des Larmes) incarne Armstrong dans toute sa nervosité. Chris O'Dowd (vu dans Mes Meilleures Amies, Les Saphirs et la série Girls) est le journaliste poil à gratter qui contribue à la chute de celui que personne ne voulait voir tomber.

The Program lève le voile sur les coulisses cra-cra d'un sport devenu spectacle et de ses dérives. Chacun pourra alors se poser la question: Armstrong a-t-il gagné ses 7 sept Tours de France?

La petite anecdote:
La vidéo des aveux d'Armstrong chez Oprah Winfrey, c'est .

Note:
3/5

Infos pratiques:
The Program
sorti le 16 septembre 2016 en France
réalisateur: Stephen Frears
avec: Ben Foster, Chris O'Dowd, Guillaume Canet

mardi 22 septembre 2015

Dheepan


Après les deux grosses claques Un Prophète et De Rouille et d'Os, Audiard revient avec Dheepan qui s'inspire des "Lettres Persanes" de Montesquieu. 

Pour s'échapper de la guerre civile au Sri Lanka, un homme, une femme et une petite fille endossent une fausse identité et arrivent en France.

Palme d'Or du dernier Festival de Cannes, Dheepan a été une surprise. L'accueil sur la Croisette ayant été plutôt mitigé, rien ne laissait entendre qu'Audiard repartirai avec la récompense suprême.

Parlant d'immigration, de réfugiés qui fuient un pays en guerre et un avenir inexistant, Dheepan résonne forcément de façon particulière aujourd'hui. Mais plus que d'immigration, c'est d'intégration que parle le film. Les personnages sont catapultés dans une nouvelle réalité qu'ils tentent d'apprivoiser. Chacun avec leurs moyens, leurs enjeux et leurs caractères, ces trois personnes s'adaptent. Autant de choses les rapprochent (leur culture, leur langue, leur secret) qu'elles les séparent (leurs passés, leur humour, leur capacité d'apprentissage).

Audiard nous immerge dans cette tentative de foyer. Tourné quasiment intégralement en langue tamoul, Dheepan emmène loin de nos repères. Plusieurs scènes relèvent d'ailleurs davantage du rêve ou du fantasme que du réel.
Mais la réalité brute et la violence rattrapent Dheepan, dans cette banlieue française rongée par les trafics et les affrontements entre gangs.
Sans en dire trop, l'épilogue du film fait débat. Je l'ai trouvé sorti du chapeau mais pas dénué de sens.

J'avais beaucoup apprécié Un Prophète et De Rouille et d'Os et j'ai retrouvé ici un film dans lequel les personnes se réparent les unes les autres. J'ai cependant eu plus de mal à accrocher, à trembler. Une certaine distance s'installe, comme si le film se cherchait, hésitait. 

La mise en scène est pourtant magistrale avec certains effets visuels splendides (la scène d'arrivée en France, les escaliers de la cité).
Les acteurs, pour la plupart non professionnels, s'en sortent haut la main. Audiard filme magnifiquement l'intime et comment les personnages s'apprivoisent.

Loin d'être un drame pleurnichard, loin d'être donneur de leçon de sociologie, Dheepan parle de gens qui cherchent une deuxième chance et des étapes qu'ils doivent traverser pour y avoir droit.

Dheepan m'a tenue à distance mais reste une filme maîtrisé visuellement et qui aborde artistiquement un sujet ancré dans l'actualité.

La petite anecdote
L'acteur principal Jesuthasan Antonythasan a combattu en tant qu'enfant soldat pendant 3 ans auprès des Tigres tamouls.

Note
3.5/5

Infos pratiques
Dheepan
sorti le 26 août 2015 en France
réalisateur: Jacques Audiard
avec: Jesuthasan Antonythasan, Kalieaswari Srinivasan