mercredi 26 novembre 2014

Hunger Games: La Révolte (Partie 1)


Les romans de Suzanne Collins étaient une trilogie mais les sirènes d'Hollywood et du cinéma business ont sonné: ce seront 4 films qui raconteront la saga Hunger Games.

Nous avions laissé Katniss Everdeen s'échappant des jeux et détruisant l'arène. Réfugiée dans le District 13, elle est sollicitée pour devenir l'égérie de la révolution qui gronde et défie le Capitole.

Les Hunger Games correspondent exactement à ce qui marche aujourd'hui à Hollywood: une saga en plusieurs épisodes déclinable en franchise, basée sur des best-sellers ayant une communauté de fans solide, animée par des héros adolescents. 
Ajoutez-y des acteurs dont la cote de popularité a explosé depuis le 1er film et une campagne de promotion savamment dosée. 
Vous obtenez... le meilleur démarrage de l'année aux USA (123M de $ de recette pour le 1er week-end) et 1 million d'entrées en France en une semaine.

Et pourtant, c'est peu dire que ce Hunger Games : La Révolte (Partie 1) est bancal. Son scénario repose sur le 3ème roman mais est focalisé sur un petit épisode qui aurait sans doute pu tenir en 20 minutes. Il a donc fallu tirer sur la corde pour tenir 2h et c'est très léger...

Sortis de l'arène, nos héros s'attaquent à une bataille de plus grande envergure, une bataille politique. Il reste quelques scènes d'actions (pour la plupart déjà aperçues dans la bande-annonce) mais on reste un peu sur sa faim de ce côté-là. 
La thématique principale est l'utilisation des images et des symboles dans une guerre. Katniss doit choisir de devenir ou non le visage de cette révolte. Comment devient-on un symbole? comment les images deviennent-elles des armes? comment met-on une guerre en scène? 

On quitte la dimension psychologique (les romans étaient écrits à la 1ère personne) et l'adolescence pour des thèmes plus rudes. Sans oublier tout de même les amourettes pré-pubères qui rythment l'histoire.
Reste une héroïne un peu paumée, jouée avec toujours autant d'énergie par Jennifer Lawrence. Devenue productrice du film et sous la caméra de son père Francis Lawrence (qui a réalisé I am Legend), elle est omniprésente à l'écran et laisse peu de place à ses camarades, aussi célèbres soient-ils. Julianne Moore en présidente du District 13, Philip Seymour Hoffman dans son dernier rôle (il s'est suicidé une semaine avant la fin du tournage) ou Natalie Dormer (vue dans les séries Les Tudors et Game of Thrones) qui s'est rasé la moitié de la tête pour ce rôle.

La bande-son a été concoctée par la tout jeune Lorde, artiste néo-zélandaise, et c'est plutôt réussi. A écouter ici si ça vous tente.

Finalement, on a surtout l'impression d'assister à une bande-annonce de 2h pour l'épisode final qui sortira dans 1 an. Hunger Games : La Révolte (Partie 1) est dans cette mesure un vrai symbole du cynisme d'Hollywood: parce qu'on a vu le 1 et le 2 et qu'on ira voir le 4, le succès du très moyen n°3 est garanti, même s'il est facturé 10€ (et plus) 

La petite anecdote:
Le symbole de la rébellion des Hunger Games a été repris en Thaïlande par les opposants au régime. Il a même été interdit par les militaires...

Note:
2/5

Infos pratiques:
Hunger Games : La Révolte (Partie 1)
sorti le 19 novembre 2014 en France
réalisateur: Francis Lawrence
avec: Jennifer Lawrence,Josh Hutcherson, Liam Hemsworth, Philip Seymour Hoffman, Julianne Morre

jeudi 20 novembre 2014

Interstellar


L'espace est à la mode. Après Gravity c'est au tour d'Interstellar de nous faire faire le grand saut dans le vide.
Christopher Nolan est un réalisateur qui peut à peu près tout se permettre. Après la trilogie des  et Inception, il signe ici une odyssée de science-fiction au budget de 165 millions de $.

La vie sur Terre est condamnée et l'homme doit aller chercher au-delà de notre galaxie une autre planète où la vie est possible.

Pas de publicité mensongère, Interstellar est un film de science-fiction. C'est même un film de science-fiction volontairement compliqué. Nolan n'a pas cherché à simplifier à outrance les travaux de l'astro-physicien Kip Thorne qui sont à la base du scénario (le chercheur y a même contribué en tant que consultant). Si vous êtes allergiques aux mots comme "tesseract", "trous noirs" et autres théories sur l'espace temps, fuyez. 
L'art de Nolan est de faire évoluer des personnages de chair et de cœur au sein de ces éléments scientifiques.

La comparaison et les références à 2001 Odyssée de l'Espace  de Kubrick sont nombreuses et inévitables. Les deux films utilisent l'expédition spatiale comme métaphore. Mais les différences sont au moins aussi nombreuses que les ressemblances. Par moment, Interstellar fait d'ailleurs davantage penser à Spielberg (qui a travaillé sur le projet à l'origine): la thématique de la famille, les relations père-fille et d'une manière générale les 50 premières minutes du film qui se passent dans une Amérique profonde sur une Terre revenue aux fondamentaux. 
Ces thèmes sont ce qui rend le film accessible et agréable. Les motivations des personnages ne sont pas uniquement centrés autour de la curiosité scientifique. Certes, ils sont embarqués dans la plus grande aventure spatiale mais ils restent humains, avec leurs élans, leurs amours, leurs principes.

L'autre axe d'Interstellar est celui du temps qui passe. Comme il ne s'écoule pas de la même façon sur toutes les planètes et donc pour tous les personnages, s'engage alors une véritable course contre la montre. L'expression prend un sens littéral quand une heure sur une planète équivaut à sept ans sur une autre.
Les 2h50 que dure le films sont donc à relativiser elles aussi. Certaines scènes tirent clairement en longueur mais n'est-ce pas volontaire de la part de Nolan?...

A film hors-norme, casting hors-norme: Matthew McConaughey (oscarisé pour Dallas Buyers Club) est l'acteur sur-mesure pour ce rôle de cosmonaute fermier. Anne Hathaway (Catwoman dans le dernier Batman de Nolan The Dark Knight Rises) l'accompagne avec douceur et élégance. On se délecte aussi de quelques seconds rôles très agréables pour Michael Caine (qui signe sa 6ème collaboration avec Nolan) et John Lithgow.

Interstellar prendra la tête à quiconque essaiera de comprendre ses fondements scientifiques ou voudra tester leur réalisme. Mais si on parvient à voir ces éléments comme un grand décor, il reste un blockbuster comme on en voit peu aujourd'hui. Très bien filmé et dirigé, avec de nombreuses prises de vues réelles (peu de fonds verts qui rendent souvent un résultat peu crédible), basé sur une histoire originale et pas adapté d'un roman. 
Indéniablement un des grands films de cette année. 

La petite anecdote:
comme pour souligner que les relations père-fille sont au cœur, le nom de code du film a longtemps été Flora's Letter. Flora est le (très joli) prénom de la fille de Christopher Nolan.

Note:
4/5

Infos pratiques:
Interstellar
sorti le 5 novembre 2014 en France
réalisateur: Christopher Nolan
avec: Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Jessica Chastain, Michael Caine, Casey Affleck, John Lithgow