jeudi 21 juin 2012

J'ai été voir... Blanche Neige et le Chasseur


Après la version rose bonbon de Tarsem Singh (Blanche Neige, sorti en avril), voici la version noir foncé de Rupert Sanders.
Pour son premier long métrage, le réalisateur connu pour ses pubs et ses clips revisite le conte des frères Grimm et nous en livre sa vision inspirée de l'héroic fantasy.

Il était une fois... une jolie princesse et une méchante reine dotée de pouvoirs maléfiques. Pour rester éternellement jeune et belle la reine doit manger le coeur de la jeune et pure Blanche Neige... qui ne l'entend pas vraiment ainsi et qui va s'échapper pour mener la reconquête de son royaume.

Pas moins de trois scénaristes de gros calibre (Evan Daugherty, John Lee Hancock et Hossein Amini qui a écrit Drive) avaient en charge de dépoussiérer le conte et d'en renouveler la mythologie.
Sauf qu'à vouloir rivaliser avec ses très (trop?) nombreuses références, le film en devient illisible et sans identité propre.

On pense souvent au Seigneur des Anneaux, heroic fantasy oblige. Mais on y pense en se disant que certaines scènes n'en sont qu'une pâle copie. Il manque le souffle épique qui nous ferait trembler pour les héros. J'ai aussi pensé à Game of Thrones en me disant que les scènes de bataille et de charge à cheval avaient beaucoup plus d'allure et de sens dans la série.

Rupert Sanders fait aussi des clins d'oeil aux films d'animation et en particulier à Princesse Mononoké de Miyazaki dont il reprend quasi à l'identique une scène. Mais la magie de Blanche Neige et le Chasseur ne fonctionne que par à-coups et ne parvient pas à tenir la distance.

C'est d'un problème de rythme dont souffre le film: beaucoup de scènes d'actions, souvent tournées à l'épaule donc peu fluides, suivies de scènes très lentes qui ne nous permettent même pas de nous attacher aux personnages.

Les effets spéciaux et plus largement tous les visuels (costumes, décors, paysages) sont particulièrement réussis. L'armée noire de Ravenna n'a par exemple rien à envier aux mange-morts d'Harry Potter. On se dit même que certaines scènes auraient mérité une 3D.

Autre satisfaction: les grands symboles du conte sont bien là (la pomme, le miroir, les nains, le baiser) et souvent habilement détournés.
Pas de doute, c'est donc bien à Blanche Neige qu'on a affaire. Mais une Blanche Neige qui prend des airs de Jeanne d'Arc...

Kristen Stewart (Twilight, The Runaways, Sur la Route) interprète la princesse qui passe sans aucun problème de 8 ans de prison à générale en chef d'une armée rebelle et combattante aguerrie. Outre ces incohérences de l'histoire, Kristen Stewart a la fâcheuse tendance de n'avoir qu'une seule expression faciale: bouche entre ouverte, yeux mi-clos, respiration haletante. Si ça colle parfois avec le personnage, on s'en lasse tout de même très vite.

La reine Ravenna est jouée par la blonde Charlize Theron, superbe et impitoyable. Sauf que son interprétation de cette femme obsédée par son apparence vire rapidement à l'hystérie et frise donc avec le too-much.

Les autres acteurs sont également moyens et on s'amuse seulement à reconnaître les acteurs (tous anglais) qui jouent les nains, notamment Ian McShane vu dans Pirate des Caraïbes ou Toby Jones qui a joué entre autres dans La Taupe.

Là où Blanche Neige et le Chasseur perd le spectateur avec ses invraisemblances et son manque d'identité, il les reconquiert avec des images à couper le souffle, un sens poussé du détail et un décalage des clichés du conte.
Un film ambitieux ambitieux mais bancal...

La petite anecdote
Les nains en grève: pour protester contre le choix de confier les rôles des 7 nains à des acteurs de taille normale, les acteurs nains d'Hollywood se sont mis en grève. Représentés par l'association "Little People of America", ils ont jugé ce choix "inexcusable" étant donné "les nombreux talents qui existent parmi les acteurs de petite taille".

Infos pratiques
Blanche Neige et le Chasseur
sorti le 13 juin 2012 en France
réalisateur: Rupert Sanders
avec: Kristen Stewart, Charlize Theron, Chris Hemsworth
bande-annonce: (ne regardez pas cette bande-annonce si vous souhaitez allez voir le film, vous vous gâcheriez de belles surprises) http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19320357&cfilm=187396.html 

lundi 18 juin 2012

J'ai été voir... Madagascar 3: Bons Baisers d'Europe


On retrouve pour la 3ème fois Alex le lion et sa bande qui tentent toujours de rentrer à New York. Comme indiqué dans le titre Madagascar 3: Bons Baisers d'Europe, leurs nouvelles aventures vont les mener sur le Vieux Continent.
Après une étape à Monte Carlo et pour échapper à l'agent Dubois du contrôle des animaux, ils s'associent à un cirque itinérant qu'ils vont réinterpréter "Madagascar Style".

Ce 3ème épisode est une bonne illustration de l'expression "Pour quoi changer une équipe qui gagne?". Les deux premiers films avaient respectivement rapporté 590 et 600 millions de $. Dreamworks mise donc à nouveau sur la franchise Madagascar pour empocher le pactole.

Pour cela, pas moins de trois réalisateurs: Tom McGrath et Eric Darnell, qui étaient déjà aux commandes des deux premiers, et un nouveau venu, Conrad Vernon, qui avait notamment travaillé sur Shrek 2.

Préparez-vous donc à en prendre plein les yeux. Ce Madagascar 3 est en 3D et l'utilise à fond. Les animateurs de Dreamworks mettent la barre très haut.

Côté scénario, malgré la présence au casting de Noah Baumbach, scénariste du génial Fantastic Mr Fox, rien d'extraordinaire ici. Le film alterne entre des scènes narratives un peu nunuches et des scènes d'action fluides.
Pas vraiment de morale ou de message comme c'est souvent le cas dans les films d'animation: Madagascar 3  joue surtout la carte de l'humour facile (voire limite pipi-caca). Quelques références ciné sont saupoudrées ici et là pour faire sourire les adultes. Mais dans l'ensemble, ça ne vole pas très haut... et ce n'est pas le but.

Les fans des pingouins peuvent se rassurer, le commando est toujours là et occupe une place de choix (surtout dans la première partie du film).
De nouveaux personnages font leur apparition et sont autant d'opportunités de gags (mention spéciale à Stephano le phoque). C'est aussi l'occasion d'élargir le casting de stars qui prêtent leurs voix aux animaux. En VO, Ben Stiller (Alex le lion), Chris Rock (Marty le zèbre), David Schwimmer (Melman la girafe) et Sacha Baron Cohen (le roi Julien) sont rejoints par Jessica Chastain en jolie panthère et Bryan Cranston (le papa de Malcolm et héros de la série Breaking Bad) en tigre russe.
Nouvelle recrue également Frances Mc Dormand qui double l'horrible (et française) agent Dubois, méchante avec un grand M et à l'origine de scènes de poursuite plutôt époustouflantes.

C'est donc visuellement que Madagascar 3: Bons Baisers d'Europe est une réussite. Le film va crescendo et termine en feu d'artifice assez dingue. Deux scènes sont tout simplement démentes et justifient à elles seules le déplacement: ça bouge dans tous les sens, ça pétille, c'est coloré et ça flirte clairement avec le psychédélique.
Pour une fois, on ne regrette pas ces lunettes 3D souvent si désagréables.

Madagascar 3 est un film habile qui ne s'encombre pas de trop de cérébral: c'est juste explosif...

La petite anecdote:
Le réalisateur Tom Mc Grath prête lui-même sa voix à l'un des personnages depuis le 1er opus: le commandant Pingouin!

Infos pratiques:
Madagascar 3: Bons Baisers d'Europe
sorti le 6 juin 2012 en France
réalisateurs: Tom McGrath, Eric Darnell & Conrad Vernon
avec: Ben Stiller, Chris Rock, David Schwimmer, Sacha Baron Cohen, Jessica Chastain, Bryan Cranston, Frances Mc Dormand
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19321313&cfilm=146915.html

lundi 11 juin 2012

J'ai été voir... Des Saumons dans le Désert


Je guette toujours avec impatience les films d'Ewan Mc Gregor. Même si j'ai récemment été plutôt déçue (Beginners, Anges et Démons), je persiste et je partais avec de bons a priori sur Des Saumons dans le Désert (Salmon Fishing in the Yemen en VO).

Mc Gregor joue Alfred Jones, expert scientifique et passionné de pêche à la mouche. Il est contacté pour aider un riche cheikh yéménite à réaliser son rêve: introduire des saumons dans les rivières de son pays. Une jeune et jolie chargée d'affaires se charge de le convaincre et même le ministère des affaires étrangères y voit un moyen de parler positivement du Moyen Orient.

Normalement "histoire farfelue" et "humour britannique" font plutôt bon ménage. Mais ici cela ne suffit pas à relever le niveau d'une comédie romantique pas franchement enthousiasmante.

Tout comme l'idée de faire venir des saumons au milieu du désert, l'histoire d'amour qui structure le film n'est tout simplement pas crédible.

La complicité des acteurs est pourtant évidente et ils s'amusent avec leurs personnages.
Ewan Mc Gregor parle avec un petit accent écossais et enfile le costume du scientifique du scientifique un peu à côté de ses pompes.
Emily Blunt (Le Diable s'habille en Prada, L'Agence, Sunshine Cleaning) est pétillante et spontannée en jeune business woman prête à croire aux projets fous.
Surtout Kristin Scott Thomas campa l'attachée de presse du premier ministre britannique: cynique et vraie pile électrique, son personnage rythme le film de répliques cinglantes.
Enfin les fans de la série Game of Thrones reconnaîtront Conleth Hill (l'oenuque Varys) qui joue ici le patron antipathique d'Alfred.

Malgré ce casting solide et l'énergie déployée, la sauce ne prend pas.

Le réalisateur Lasse Halleström est capable du meilleur (Le Chocolat, Gilbert Grape) comme du pire (Dear John). Il a choisi d'adapter le roman "Partie de pêche au Yémen" de Paul Torday et a travaillé avec le scénariste Simon Beaufoy, qui a gagné un oscar pour Slumdog Millionaire.
En choisissant de se concentrer sur l'histoire d'amour plutôt que sur les rebondissements politiques présents dans le roman, j'ai eu le sentiment d'une histoire très creuse.

C'est globalement très cul-cul et un faux-rythme s'installe vite: on sait d'avance comment ça va se terminer et on n'a même pas droit à quelques surprises pour nous tenir en haleine.
Sous couvert d'une métaphore pas très fine, le film parle de l'espoir et de la foi qui peuvent soulever des montagnes. Mais le message est trop dilué pour avoir un impact.

A moi d'être comme moi très sensible au charme d'Ewan Mc Gregor, cette fable vous paraîtra sans doute beaucoup plus mielleuse que crédible.

La petite anecdote
L'acteur Amr Wanted qui interprète le cheikh yéménite est une star en Egypte, sorte de "George Clooney local" d'après le producteur. Vous l'avez peut-être déjà aperçu dans Syriana.

Infos pratiques
Des Saumons dans le Désert
sorti le 6 juin 2012 en France
réalisateur: Lasse Hallström
avec: Ewan Mc Gregor, Emily Blunt, Kristin Scott Thomas
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19331359&cfilm=183136.html 

lundi 4 juin 2012

J'ai été voir... Prometheus


Je n'aime pas avoir peur au cinéma: je ne vais pas voir de films d'horreur, je ferme les yeux quand une petite musique m'indique que le pire est à craindre, je fais des cauchemars...
Tout comme je ris très fort ou je pleure beaucoup au cinéma, quand j'ai peur, j'ai très peur.
Or Prometheus est un film "d'épouvante-horreur" (classification Allociné): pourquoi n'ai-je pas fui en courant? J'ai tout simplement succombé à la promotion gigantesque qui a accompagné la sortie du film et qui l'annonçait comme un événement (bande-annonces mystérieuses, acteurs soumis au secret pendant les interviews...)

Prometheus a d'abord été présenté comme une préquelle à Alien, que Ridley Scott avait également réalisé. Le projet a finalement évolué vers une histoire qui tourne autour du même univers mais qui est indépendante. Ce qui m'arrangeait bien puisque je n'ai vu aucun des Alien...

Fin du XXIème siècle, des scientifiques pensent avoir découvert l'origine de l'humanité et mettent sur pied une expédition pour rencontrer les "ingénieurs" qui nous auraient créés. Ce qu'ils vont découvrir une fois arrivés à destination pourrait mettre en péril l'avenir de l'espèce humaine.

Le réalisateur Ridley Scott (Alien, Blade Runner, Gladiator, La Chute du Faucon Noir) revient à ses premières amours: horreur et science-fiction. Budget de 130 millions de $, tournage 3D, décors titanesques, Scott a voulu faire les choses en grand.

Tout ça mène forcément à quelques attentes, même quand on n'est pas fan d'Alien, et à fortiori encore plus si on l'est.
Le contrat est partiellement rempli mais avec de grosses lacunes.

Visuellement, Prometheus est plutôt réussi. La 3D fait son effet et on est plongé dans l'univers sombre et dangereux que crée Ridley Scott pour l'occasion. Certaines scènes sont franchement impressionnantes et des petites astuces bien trouvées. Surtout, l'action est fluide et on sent une belle maîtrise.
Niveau frissons, j'ai eu ma dose, mais comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas une référence en la matière. Je présente d'ailleurs mes excuses à mon voisin de fauteuil qui a dû subir mes sursauts et autres manifestations d'angoisse.

Autre bon point: Noomi Rapace (Millénium version suédoise, Sherlock Holmes) et Michael Fassbender (Shame, A Dangerous Method) qui interprètent deux personnages principaux. Elle est l'héroïne scientifique mais croyante et elle est convaincante, même quand le scénario lui dicte une conduite absurde comme courir un sprint cinq minutes après avoir subi une opération. Fassbender interprète un androïde très abouti en quête de sa part d'humanité, à la fois froid et sensible.

Les seconds rôles sont nombreux et le casting plutôt alléchant, mais le résultat n'est pas toujours à la hauteur. Charlize Theron porte très bien la combinaison moulante mais sa performance s'arrête à peu près là. Guy Pearce est tellement maquillé qu'on le distingue à peine.

Là où pèche Prometheus, c'est par son scénario. Le scénariste aux commandes est Damon Lindelof, auteur de la série Lost, et adepte des concepts mystiques.
Non seulement l'histoire de Prometheus est pleine d'invraisemblances mais en plus elle tourne en rond. Sous prétexte d'aborder des questions métaphysiques ("D'où venons-nous?" "Qui nous a créé?"), le film prend des airs de trip cosmique. Pourquoi pas... si la réflexion était poussée jusqu'au bout et proposait des réponses. Mais tout reste ici en suspens et donne une impression d'inachevé, voire bâclé.
Cela ajouté à certains aspects quasi comiques tant ils sont illogiques donne un résultat franchement bancal.

Les fans de la saga Alien s'y précipiteront et trouveront des raisons d'espérer (il semblerait que Prometheus soit le début d'une nouvelle trilogie).
Pour les autres, si vous cédez comme moi aux sirènes de la promo à grande échelle, ne mettez pas la barre trop haut. Vous aurez droit à un film de science-fiction, loin d'être révolutionnaire.

La petite anecdote
Les superbes paysages survolés pendant la scène d'ouverture ont été tournés en Islande, notamment sur les chutes de Dettifos.

Infos pratiques
Prometheus
sorti le 30 mai 2012 en France
réalisateur: Ridley Scott
avec: Noomi Rapace, Michael Fassbender, Guy Pearce, Charlize Theron, Logan Marshall-Green
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19338260&cfilm=141564.html