mercredi 21 janvier 2015

Invincible


Pour sa 2ème réalisation, Angelina Jolie filme a nouveau la guerre. Après celle de Bosnie dans Au Pays du Sang et du Miel, elle raconte ici l'épopée d'un héros de la 2ème Guerre Mondiale.

Louie Zamperini est un athlète olympique promis à un bel avenir quand les Etats-Unis entrent en guerre. Il devient bombardier et part pour le Pacifique. Sa vie déjà extraordinaire prend un nouveau tournant.

Si le label "histoire vraie" ne figurait pas au début du générique, on se dirait que c'est trop gros, que ce n'est pas possible. Et pourtant, Louie Zamperini a bien vécu ces épreuves du sort qui semble s'acharner sur lui. Sans les dévoiler, on peut dire qu'il a plus que frôlé la mort à de nombreuses reprises.

Angelina Jolie a choisi de raconter ce destin de façon assez linéaire. Quelques flash-backs nous renseignent sur le passé du jeune soldat. Ils nous donnent par ailleurs la clé du film: la devise de Zamperini, confiée par son frère: "si tu peux encaisser, tu t'en sortiras". On sait donc qu'il se relèvera toujours et s'enchaînent alors les scènes où il tombe et les scènes où il reprend le dessus: ça devient un peu répétitif.

Les scènes de combat, notamment aérien, sont impressionnantes et nous plongent tout de suite dans l'atmosphère. Mais au fur et à mesure de l'avancée du film, on perd en intensité et donc en intérêt.

Angelina Jolie sait s'entourer. Le scénario d'Invincible a été écrit par les frères Coen, ce qui est un gage de qualité mais qui ne se reconnaît pas du tout tant on est loin de leur style habituel.
Jack O'Connell ('71, 300: La Naissance d'un empire, la série Skins) prête ses beaux yeux au personnage principal et on le suit à la trace. Les seconds rôles sont tenus par des têtes connues qu'on cherche à replacer: Domhnall Gleeson (Il Etait Temps), Garett Hedlund (Inside Llewyn Davis), Jai Courtney (Jack Reacher, Divergente). 
Toute cette équipe donne un côté "gravures de mode" (voire quasiment boysband par moment) qui ne colle pas toujours au propos. Mais ils y mettent du leur et ça se voit.

L'ambition ne manque pas à Angleina Jolie. Cette histoire est lourde, on y parle de torture, de résistance, on y voit des figures christiques, on met en scène l'esprit qui est plus fort que le corps... 
Ce qui manque à Angelina Jolie dans Invincible, c'est un style. On pense à plein d'autres films en le voyant et on se dit parfois que ces morceaux d'histoire ont déjà été racontés. Sa version ne nous apportant pas grand chose de nouveau.

Invincible raconte un destin extraordinaire et suscite la curiosité. Ça en fait un film intéressant mais pas passionnant.

La petite anecdote:
Alors qu'il était annoncé comme un favori aux prochains Oscars, Invincible n'a reçu que 3 nominations techniques: meilleur son, meilleur montage son et meilleure photo.

Note:
2.5/5

Infos pratiques:
Invincible
sorti en France le 7 janvier 2015 en France
réalisatrice: Angelina Jolie
avec: Jack O'Connell, Domhnall Gleeson, Jai Courtney, Garett Hedlund, Miyavi

vendredi 9 janvier 2015

A Most Violent Year


Margin Call était - pour moi - un des meilleurs films de 2012. Après Wall Street, son réalisateur J.C. Chandor pose cette fois sa caméra dans le New York du début des années 80 et revisite le polar.

Abel Morales a un objectif: faire croître sa société. Il doit faire face à la violence et la corruption qui menacent son business.

A Most Violent Year est un film de gangster qui dénonce les dérives du capitalisme. Alors que Margin Call nous racontait la journée d'une banque sur le point de basculer dans un crach boursier, nous sommes cette fois-ci au cœur d'un environnement tout aussi violent, y compris au niveau physique. 
C'est par son personnage principal que ce film se démarque. Alors qu'il a tout du malfrat (les origines, la tête, l'ambition), Abel Morales décide de rester droit et fait ses choix de manière honorable. Il résiste à ses concurrents, ses conseillers, même sa femme qui le poussent à entrer dans la spirale de la violence et de l'illégal.

Le New York que filme Chandor (et son chef opérateur très doué Bradford Young) fait froid dans le dos: poisseux, glacial impitoyable. Le travail de reconstitution est impeccable, des Mercedes aux tenues Armani de la femme d'Abel, Anna.

A Most Violent Year offre à Jessica Chasatin un nouveau rôle marquant. Femme d'affaires redoutable, elle est le côté obscur de son mari. 
Elle forme avec Oscar Isaac (Inside Llewyn Davis) un duo implacable: entre respect mutuel et différence de morale, ils flirtent avec les limites pour atteindre leur objectif commun.

Il y a tout de même un problème de rythme qui m'a gêné. A trop vouloir respecter les codes du genre, le film s'essouffle et ne surprend pas du tout. Certaines scènes sont carrément longues.
Chandor installe une tension palpable, qu'il résout de façon très fine. Mais le spectateur a besoin de plus de variations. Les subtilités psychologiques d'Abel ne suffisent pas à tenir 2h.

A Most Violent Year réussit à recréer un environnement très particulier et à nous y plonger. J.C. Chandor confirme qu'il est sans doute l'un des meilleurs réalisateur pour parler du capitalisme.
Mais ce film de gangster à la sauce eighties souffre d'une lenteur qui l'étouffe et c'est bien dommage.

La petite anecdote:
Jessica Chastain et Oscar Isaac se connaissent bien puisqu'ils ont étudié ensemble à Juilliard à New York. C'est d'ailleurs elle qui a suggéré Isaac au réalisateur quand Javier Bardem, initialement prévu pour le rôle, a quitté le projet.

Note:
2.5/5 

Infos pratiques:
A Most Violent Year
sorti le 31 décembre 2014 en France
Réalisé par: J.C. Chandor
avec: Jessica Chastain, Oscar Isaac, David Oyelowo


mardi 6 janvier 2015

Whiplash


Filmer la musique, ce n'est jamais simple: c'est soit très léger comme une comédie musicale, soit c'est un biopic (Ray, Walk The Line) mais là, la musique n'est qu'un des éléments de l'histoire, soit c'est un documentaire et on admire la technique mais peu d'émotion passe. Sauf quand c'est Damien Chazelle qui décide de raconter sa vision de la musique.

Andrew a la batterie dans la peau. Il veut devenir le meilleur batteur de jazz de sa génération et sa rencontre avec un professeur qui ne recule devant rien pour perfectionner ses étudiants va tout changer.

Le réalisateur Damien Chazelle a tout fait pour que ce film voie le jour. Ne trouvant pas de financement, il a réalisé un court métrage qui a remporté le Prix du Jury à Sundance en 2013 et qui lui a permis de trouver les fonds. 
Il est lui-même l'auteur du scénario de Whiplash qui lui a été inspiré par sa propre expérience de batteur et sa relation de crainte envers un de ses professeurs.

Il a souhaité raconter la musique comme une expérience physique et c'est peu dire que c'est réussi. Plus proche d'un film d'action (Chazelle parle de la 1ère partie de Full Metal Jacket dans ses inspirations) que de la comédie musicale, Whiplash montre la pratique du jazz comme une discipline extrêmement exigeante pratiquée par des ultra-passionnés. 

Le jeune Andrew va jusqu'au bout de lui-même dans sa performance et on ressent pleinement la souffrance physique qu'implique le fait de jouer à ce niveau. On grimace à la vue de la sueur et du sang, comme si c'était un match de boxe et pas un concert de jazz.

Whiplash est surtout un face à face entre deux personnages qui font oublier tous ceux qui gravitent autour d'eux. Entre le jeune prometteur qui ne veut surtout pas d'une vie ordinaire et le prof manipulateur et amoureux de la perfection se tisse une relation ambiguë dont on se délecte. 

Les deux acteurs principaux sont brillants.
Miles Teller (The Spectacular Now, Divergente) joue lui-même de la batterie depuis ses 15 ans. Il livre ici une performance très charismatique et donne naturellement envie d'en voir plus. 
J.K. Simmons (Spiderman, Juno, et de nombreuses séries TV dont Oz) incarne littéralement ce prof à la limite du sadisme et lui donne toute la complexité qu'il mérite.

Les amoureux de jazz se régaleront de la BO mais même si ce style musical n'est pas votre tasse de thé, vous ne manquerez rien.
Chazelle est fasciné par la dureté de cette musique, qui n'est pas "fun" et a regroupé un certains nombreux de prodiges à la fois extrêmement bons et extrêmement exigeants et durs.

Un scénario millimétré comme une partition, un jeune réalisateur (29 ans) étonnant de maîtrise et deux acteurs au top de leur forme: un très bon début pour 2015.

La petite anecdote:
Whiplash a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes et a également remporté le Prix du Jury au Festival de Sundance en 2014.
Chazelle est donc un réalisateur à suivre de près: il tourne actuellement La La Land toujours avec Miles Teller, mais aussi avec Emma Watson (Harry Potter).
Il a également été annoncé pour réaliser First Man, biopic de Neil Armstrong.

Note:
4/5

Infos pratiques:
Whiplash
sorti le 24 décembre 2014 en France
réalisateur: Damien Chazelle
avec: Miles Teller, J.K. Simmons

lundi 5 janvier 2015

Top 2014


2014 est terminée, il est l'heure de mon Top 10 de l'année.
41 films au compteur qu'il a fallu départager.

Je note les films depuis le mois de mai, ce qui a pas mal aidé dans le classement. 
J'ai d'ailleurs regroupé les films par note, si certains veulent un aperçu, c'est ici: Index par note (je l'alimente au fur et à mesure)

N'hésitez pas à partager vos remarques!

Et bonne année ciné à tous!

Top 2014:
1. Mommy
7. Her
9. Joe

The Riot Club


Les anglais, leur aristocratie, leur art de l'excès... Un film qui raconte ça de l'intérieur a de quoi séduire. Surtout quand c'est Lone Sherfig, la réalisatrice de Une Education qui s'en charge.

Le Riot Club est un cercle très fermé au sein de l'Université d'Oxford, ouverts seulement aux plus riches et aux plus nobles. Sa devise est "Ne rien faire sans joie, tout faire avec excès". Miles et Alistair sont pressentis pour l'intégrer.

Tiré d'une pièce de théâtre (Posh de Laura Wade, qui signe ici le scénario), The Riot Club plonge dans un Oxford souterrain, fait de communautés secrètes, de décors chargés d'histoire et de traditions multi-centenaires.

Le scénario suit la montée en puissance et la folie de l'intégration de deux "bizuts" dans un club qu'on devine très vite pourri de l'intérieur. Lone Sherfig nous présente d'abord ces jeunes gens, certes aristocrates et pleins aux as, mais surtout comme voulant profiter de leurs derniers instants d'insouciance. On en viendrait presque à les apprécier. Jusqu'à ce que les masques tombent et qu'ils deviennent monstrueux et effrayants. 

Le principal intérêt du film est son casting digne d'un boys band. Sam Clafin (Finnick Odair dans Hunger Games: L'Embrasement), Max Irons (fils de Jeremy Irons), Douglas Booth sont plus glamour les uns que les autres. La bonne surprise c'est qu'ils sont également plutôt convaincants en jeunes pourris gâtés.

Mais The Riot Club manque cruellement de punch et même quand il bascule dans la cruauté, on a du mal à y croire. Alternant entre histoire d'amour et tentative de satire sociale, le film perd très vite de son intérêt. On est quand même dégoûtés par le mépris de ces futures élites, incapables d'assumer une erreur et qui se gavent en crachant sur les "pauvres". Dégoûtés, mais pas pris au jeu.

Allez-y donc pour apprécier les beaux garçons et l'accent britannique. C'est à peu près tout...

La petite anecdote:
Une polémique a accompagné la sortie de The Riot Club en Grande Bretagne. Le film serait en effet inspiré du Bullington Club auquel ont appartenu l'actuel Premier Ministre britannique David Cameron, le maire de Londres Boris Johnson et le Ministre des Finances Georges Osborne. L'équipe du film maintient qu'il s'agit d'une fiction.

Note:
1.5/5

Infos pratiques:
The Riot Club 
sorti le 31 décembre 2014 en France
Réal: Lorne Sherfig
avec: Sam Clfin, Max Irons, Douglas Booth, Holliday Grainger