vendredi 30 novembre 2012

J'ai été voir... Comme des Frères


Sur le papier, j'étais pas super emballée. Ça sentait fort Les Petits Mouchoirs bis (que j'ai bien aimé mais bon...). Qu'est-ce que c'est agréable d'avoir une bonne surprise!

Charlie, la meilleure copine de Max, Elie et Boris, décède. Alors, comme ils le lui ont promis, et même s'ils n'ont pas grand chose en commun à part cette nana/ex/pote/soeur de substitution, ils partent en voyage ensemble.

Comme des Frères est donc un road-movie, décor principal: la voiture et ses différents arrêts en cours de route. Tout tourne autour de ces 3 personnages, avec quelques apparitions (lumineuses) de Charlie/Mélanie Thierry.
C'est l'alchimie entre les trois acteurs qui rend crédible toute la dynamique du film. Car l'originalité est là: ces 3 potes ont respectivement 20, 30 et 40 ans. Et on parle d'amitié à tous les âges.

Pierre Nimey, 23 ans et plus jeune sociétaire de la Comédie Française; Nicolas Duvauchelle, 32 ans, plus connus pour ses rôles dans des films d'auteur (Hell, Les Corps Impatients, ou récemment Polisse) que pour son registre comique; François-Xavier Demaison, 39 ans, découvert grâce à son one-man show. 
Voilà le casting réuni par le réalisateur Hugo Gélin pour son premier film. Et ça marche! 
Demaison joue tout en retenue mais dégaine les vannes sur le bon ton. Duvauchelle s'ouvre à un rôle moins tourmenté et est toujours aussi fin dans son interprétation (je ne suis pas 100% objective pour Duvauchelle, sur qui j'ai craqué il y a longtemps dans Avril). Quant à Pierre Niney, avec ses grands yeux et son visage si expressif, il campe ce grand enfant avec beaucoup de fantaisie.

Le trio bénéficie également d'un scénario très bien écrit, qui nous livre les clés de l'histoire petit à petit. Tout comme ces copains qui se découvrent au fur et à mesure de leur voyage, on chemine avec eux.
Dernier petit plus, la BO est très sympa, composée par le groupe Revolver (un trio...)

On écrase sa larme par moment, le sujet ne permettant pas d'éviter certaines scènes sentimentales. Mais chacun sera touché à des moments différents du film. Comme des Frères reste un film de potes et l'humour distillé au gré des répliques cinglantes sauve les scènes qui pourraient déraper dans le pathos.

On évite pas non plus certains moments un peu téléphonés et une morale de l'histoire qui ne fait pas dans la dentelle, mais à moins d'être très cynique, vous devriez passer un bon moment. 
En tous cas en sortant du ciné, peut-être que vous aurez, comme moi, envie d'appeler quelques uns de vos copains pour leur dire que vous les aimez fort.

La petit anecdote:
Pour créer la complicité entre les acteurs, François-Xavier Demaison a invité ses acolytes à une lecture du script dans la maison dans le Sud de la France. Ce week-end, qu'ils qualifient de "week-end de désintégration" a donné le ton pour le reste du tournage...

Infos pratiques:
Comme des Frères
sorti le 21 novembre 2012 en France
réalisateur: Hugo Gélin
avec: Mélanie Thierry, Pierre Niney, Nicolas Duvauchelle, François-Xavier Demaison
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19416386&cfilm=196809.html 

mercredi 21 novembre 2012

J'ai été voir... Rengaine


Il faut parfois des films pour vous rappeler ce qui fait la diversité du cinéma. Et j'aime pouvoir retourner voir Skyfall pour la deuxième fois dimanche et voir Rengaine mardi.

Rengaine, c'est un conte qui nous présente l'histoire d'un couple, à Paris, aujourd'hui. Elle est arabe musulmane, lui noir chrétien. Ils veulent se marier. Mais les 40 frères de Sabrina ne sont pas tous d'accord.

Dans les articles consacrés à Rengaine dans les médias, on parle surtout de la galère de son réalisateur, Rachid Djaïdani, qui a mis 9 ans pour sortir son film.
Pas de budget, pas de producteur, pas de distributeurs... mais finalement, un jour, un texto "Rengaine est sélectionné pour la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes". S'il croit d'abord à une mauvaise blague, Djaïdani comprend vite que c'est la lumière au bout du tunnel.

Rengaine est donc un film fait à la force du poignet, filmé caméra à l'épaule avec très peu de moyens. Le résultat à l'écran peut déstabiliser: uniquement des gros plans, on est très près des visages; l'image est assez instable et provoque même le mal de mer; le grain fait penser aux films amateurs.
Mais le sujet touche (le rejet de ce qui est différent, par principe, sans même chercher à connaître), les acteurs sont impeccables (en tête Slimane Dazi, qui a une "gueule" comme on dit, et qu'on avait vu dans Un Prophète), le montage est précis et impose son rythme.

Tout n'est pas réussi et certains effets de narration sont superflus. Cela n'atténue pas la sensation d'assister à quelque chose de différent, à une autre façon de faire du cinéma.

Rengaine manque parfois de distance et devient étouffant. On se prend à rêver d'un plan large qui nous permettra de souffler. C'est un peu comme si on vous mettait un objet inconnu juste sous le nez, que vous pouviez l'observer sous toutes ses facettes mais pas à plus de 3 cm de vos yeux. Difficile d'avoir une vue d'ensemble...

Il se dégage une énergie brute, qui est au service du thème traité, la défense virulente de la laïcité. Djaïdani choisit de montrer le ridicule comique des réactions primitives de ces 40 frangins. 
Ces 40 frères, une bonne trouvaille selon moi, qui place Rengaine dans le domaine des contes et qui du coup n'a pas à se justifier ou être 100% crédible.
40 frères, c'est sans doute aussi l'occasion pour le réalisateur de faire jouer tous ses potes...

Rengaine est donc un OVNI ciné qui ne plaira pas à tout le monde mais qui nous rappelle que certains sont prêts à investir 9 ans pour pouvoir nous raconter à nous, leurs histoires à eux.

La petite anecdote:
Le tournage s'est étalé sur plusieurs années, donc sur plusieurs saisons. Parmi les 200h de rush avant le montage Djaïdani eu de quoi monter une version "hiver" de Rengaine mais il a finalement choisi la version estivale.*

Infos pratiques:
Rengaine
sorti le 14 novembre 2012 en France
réalisateur: Rachid Djaïdani
avec: Slimane Dazi, Sabrine Hamida, Stéphane Soo Mongo
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19405790&cfilm=199158.html 

vendredi 16 novembre 2012

J'ai été voir... Argo


"La seule différence entre la réalité et la fiction, c'est que la fiction doit être crédible". Au risque de transformer ce blog en dictionnaire de citations, je trouve cette remarque de Mark Twain très adaptée pour parler d'Argo.

En 1979, les employés de l'ambassade américaine à Téhéran sont pris en otage par des étudiants iraniens qui veulent que les USA extradent le Shah. Six diplomates parviennent à s'échapper et se réfugient dans la résidence de l'ambassadeur du Canada. La CIA met alors sur pied un plan improbable pour les sauver: ils vont devenir une équipe de tournage en repérage pour un film hollywoodien.

Derrière l'étiquette "inspiré de faits réels" peut se cacher tout et n'importe quoi. Ben Affleck, qui signe ici sa 3ème réalisation après Gone Baby Gone et The Town, a l'intelligence de ne pas transformer Argo en reconstitution historique. Certes l'anecdote est vraiment arrivée, mais elle est le prétexte à un scénario construit et solide, pas une fin en soi.

L'avantage de savoir que cette histoire est réelle (ou presque: on sent bien que certains aspects ont été dramatisés), c'est qu'on ne la remet pas en question. Là où on accuserait un scénariste d'imagination trop débordante, la réalité rattrape la fiction. Et on se régale.

Argo mêle donc thriller politique et humour efficace. On rit volontiers de l'énormité du plan proposé comme de ses protagonistes (John Goodman et Alan Arkin s'en donnent à coeur joie). L'auto-dérision fonctionne et ne gâche en rien la tension dramatique créée par la situation des Invités, les 6 diplomates en question.

Affleck nous plonge au début des années 80 avec un soucis du détail dont on ne perçoit l'ampleur que quand on compare les images du film aux images d'archive.

Pour comprendre le contexte historique d'Argo, le résumé est rapide et sans doute très simplifié (30 ans de relations américano-iraniennes en 3 minutes...). Il nous situe néanmoins l'intrigue dans un environnement plus large et nous renvoie également à l'actualité.
On ne ressort pas expert géopolitique de l'Iran et on pourra sans doute déplorer les raccourcis un peu caricaturaux et peu nuancés: les iraniens semblent tous barbus et très énervés.

La narration est fluide et même si on compte quelques longueurs à mi-parcours, Ben Affleck maîtrise son sujet, aussi bien visuellement que dans sa direction d'acteurs.

Il a en effet su s'entourer. Bryan Cranston (vu dans la série Breaking Bad et récemment dans Drive) et les six acteurs qui interprètent les Invités sont impeccables.
On se demande simplement pourquoi il a choisi d'interpréter lui-même le rôle principal... Sa prestation n'est pas mauvaise mais pas extraordinaire non plus. A le voir à l'écran, on a l'impression qu'il ne passe pas complètement le cap d'acteur à réalisateur. Il semblerait que des conflits d'emploi du temps aient empêché Brad Pitt de rejoindre le projet...
Autre grand nom au générique, George Clooney qui est producteur.

Argo rassemble beaucoup d'éléments que le cinéma américain réussit très bien: une intrigue haletante qui mène le spectateur par le bout du nez et une pointe d'ironie qui complète le divertissement.
L'ensemble est donc clairement une réussite et donne envie d'en voir plus de la part de cet acteur-réalisateur qui semble avoir de belles choses à nous raconter.

La petite anecdote:
Comme montré dans Argo, le panneau si célèbre "Hollywood" était en mauvais état en 1978. Des fonds ont été levés pour le rénover et les donateurs sont plutôt... surprenants. Hugh Hefner (fondateur de Playboy) a financé le Y, le chanteur de hard rock Alice Cooper a payé pour un O et c'est la Warner qui a réglé pour un autre O.

Et si vous souhaitez un regard complémentaire sur la vraie histoire d'Argo, c'est ici

Infos pratiques:
Argo
sorti le 7 novembre 2012 en France
réalisé par : Ben Affleck
avec: Ben Affleck, Bryan Cranston, John Goodman, Alan Arkin
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19402653&cfilm=190267.html  

lundi 12 novembre 2012

J'ai été voir... Looper


Cette fin 2012 est riche en bons films et Looper fait clairement partie de ceux qu'ils ne faut pas rater.
C'est la 3ème réalisation de Rian Johnson qui explore un nouveau mélange des genres, entre action et science-fiction et qui rassure sur la capacité d'Hollywood à parier sur des idées nouvelles.

Dans un futur proche la machine à voyager dans le temps a été inventée mais elle n'est utilisée que par la Mafia qui s'en sert pour assassiner, dans le passé, ceux qu'elle veut faire disparaître dans le futur. Ces assassinats, c'est le job de Joe, un "looper". Jusqu'à ce qu'il se retrouve face à lui-même (avec 30 ans de plus)...

Il est difficile d'expliquer simplement ces allers-retours dans le temps qui font la base de Looper. C'est pourtant très clair dans la narration et on ne s'arrache jamais les cheveux pour savoir où on en est. Grâce à un scénario très bien écrit, le concept pourtant délicat du voyage dans le temps permet un film complexe dans le bon sens du terme, le spectateur n'étant jamais pris pour un idiot. Le réalisateur n'oublie pas non plus le divertissement en injectant des scènes d'action justifiées et spectaculaires et un humour distillé au bon moment.

Le monde de science-fiction créé par Johnson (scénariste en plus d'être réalisateur) est très proche du notre et résonne des problématiques du XXIème siècle. Port d'arme généralisé, crise économique: ces dérives ont mené à une dictature de la mafia et de ses milices. 

Looper nous balade de manière très fine à la limite du présent et du futur en faisant se rencontrer le Joe actuel et le Joe âgé de 30 ans de plus. On assiste alors à un numéro d'équilibriste qui pourrait rapidement dérailler. Mais le film tient debout et solidement.

La version jeune du looper est interprétée par Joseph Gordon-Lewitt, qui donne beaucoup de profondeur à ce personnage paumé, pas prêt à se remettre en question mais qui se bat pour avoir droit à son futur. 
En face de lui, c'est Bruce Willis qui tient là une de ses meilleures performances depuis longtemps. A la fois colosse physique donnant de la crédibilité aux scènes d'action et personnage conscient du chemin parcouru, il est bouleversant quand il va au bout de ce qu'il pense être la seule voie possible.
La ressemblance physique entre les deux n'est pas évidente mais le maquillage et surtout le travail de Gordon-Lewitt au niveau des intonations et des petits détails (comme le sourire en coin) fait que le spectateur accepte sans problème ce double Joe.

Looper est construit en deux parties: une fois qu'on a compris l'univers général et comment il fonctionne, Johnson nous raconte une histoire plus profonde, mettant en scène ses personnages, sans distinguer les méchants et les gentils. On est embarqués de façon très progressive jusqu'à un final qui paraît tellement logique qu'on se demande comment on y a pas pensé plus tôt. 

Looper est un film riche de références cinématographiques et chacun y repérera les clins d'oeils qui lui parlent. Tarantino n'est pas loin, Matrix non plus et il semblerait même que certains personnages soient directement inspirés de mangas japonais.

Alors que beaucoup de films actuels sont des remakes, des adaptations de romans ou des biopics, Looper est tout simplement nouveau et la surprise est d'autant plus agréable.
Un des meilleurs films de l'année!

La petite anecdote:
Joseph Gordon-Lewitt a fêté ses 30 ans sur le tournage: alors qu'il était suspendu en l'air avec un filin pour l'une des scènes, l'équipe lui a apporté un gâteau et chanté "Joyeux anniversaire".
Et pour le plaisir des yeux, la vidéo de son apparition dans l'émission Saturday Night Live, où il joue une des scènes de Magic Mike: http://www.youtube.com/watch?v=Mq1tdQkTPKA 

Infos pratiques:
Looper
sorti le 31 octobre 2012 en France
réalisateur: Rian Johnson
avec: Joseph Gordon-Lewitt, Bruce Willis, Emily Blunt, Paul Dano, Jeff Daniels
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19384410&cfilm=139291.html 

jeudi 8 novembre 2012

J'ai été voir... Frankenweenie


Cette année, Halloween était un mercredi.
Ça tombait bien pour Tim Burton qui a pu sortir Frankenweenie le jour même et profiter ainsi de l'atmosphère "monstres et morts-vivants" (et des vacances de la Toussaint).

Les fans inconditionnels du réalisateur (ainsi que les personnages ayant visité l'expo qui lui était consacrée début 2012 à la Cinémathèque à Paris) savent que Frankenweenie est l'un des premiers courts métrages qu'il a réalisé en 1984 et qui lui a valu d'être viré de chez Disney.
28 ans plus tard, la boucle est bouclée puisque c'est Disney qui produit ce remake en version longue. Toujours en noir et blanc, c'est cette fois en animation image par image que Burton réinterprète à sa façon le mythe de Frankenstein.


Frankenweenie raconte l'histoire de Vincent, jeune garçon solitaire qui va ressusciter son chien  Sparky, décédé brutalement.


On retrouve dans ce film le meilleur de Tim Burton.
Dans la thématique tout d'abord: la mort, les monstres, la différence, l'enfance.
Visuellement également, pas de doute possible. Les personnages de Frankenweenie ont forcément un lien de parenté avec ceux des Noces Funèbres ou de Beetlejuice
Le décor également: New Holland, petite ville américaine proprette et bien pensante rappelle celle dans laquelle vit Edward aux Mains d'Argent.

On plonge donc avec plaisir dans cet "univers Burton" si reconnaissable, entre humour macabre, héros décalés et poésie bancale.

Frankenweenie est un film plein de références. Burton renvoie non seulement à ce court métrage qu'il peaufine, aux autres films qu'il a réalisé depuis mais également à des films d'épouvante auxquels il rend hommage. Godzilla, La Fiancée de Frankenstein, il multiplie les clins d'oeil et on se prend au jeu.

La galerie de personnages qui peuple Frankenweenie est très bien trouvée. Tous les enfants sont attachants, biscornus et inquiétants à souhait. Avec un gros coup de coeur pour la propriétaire du chat, tout simplement géniale.
L'humour sombre plaira aussi bien aux parents qu'aux enfants (de plus de 10 ans quand même, sous peine de cauchemars)

Pour finir, le film est beau. La 3D donne de la transparence au noir et blanc et permet à Burton de jouer encore plus sur les ombres. Il arrive même à donner un coté rétro à la 3D, comme dans ces séries B des années 60 qu'il fallait regarder avec des lunettes en carton aux verres rouge et vert.

J'avais été très déçue par Dark Shadows, n'y retrouvant pas la magie bizarre que j'attends chez Tim Burton. Elle est ici au rendez-vous.

Certes, ce n'est pas une création originale puisqu'il reprend un de ses films précédents. Les détracteurs se demanderont donc si le réalisateur est encore capable des coups de génie qui ont fait sa marque de fabrique au début des années 90. Ce que Frankenweenie confirme, c'est que si on le laisse jouer selon ses propres règles, Tim Burton est bien un artiste à part.

La petite anecdote:
Plutôt qu'une anecdote sur le film, un lien vers un site qui revisite les affiches des grands classiques du cinéma, version minimaliste:  http://www.worth1000.com/contests/25589/minimalist-movie-posters

Infos pratiques:
Frankenweenie
sorti le 31 octobre 2012 en France
réalisateur: Tim Burton
avec (les voix de): Winona Ryder, Charlie Tahan, Martin Landau
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19361629&cfilm=132661.html

lundi 5 novembre 2012

J'ai été voir... Skyfall


"Mr. Bond, vous avez la fâcheuse habitude de survivre", Octopussy (1983)
Pour la 23ème fois en 50 ans, c'est le retour de l'espion britannique le plus connu du cinéma.

Que l'on soit ou pas adepte de 007, la sortie d'un James Bond est un évènement.
Casino Royale en 2006 avait relancé la licence qui s’essoufflait sérieusement et était passée très près de la fin. On oubliera volontiers Quantum of Solace (2008) dont on mettra la pauvreté sur le compte de la grève des scénaristes.
C'est donc la 3ème apparition de Daniel Craig en James B(l)ond et c'est une belle réussite.

Après une mission qui tourne mal, c'est tout le MI-6 qui est remis en cause. Bond doit donc venir en aide à M dans un monde qui change et dans lequel il n'a peut-être plus sa place...

Skyfall démarre sur les chapeaux de roues et rien que le générique et la chanson d'Adèle valent le déplacement.

Sam Mendes, réalisateur oscarisé pour American Beauty, est aux commandes. C'est peu de dire qu'il était attendu au tournant, n'étant pas du tout connu pour des scènes d'action. Mais il réussit à nous emporter dans une histoire beaucoup plus profonde et une réflexion sur le personnage de Bond. Le film dure 2h20 et on s'en rend agréablement compte: j'avais plaisir à passer ce temps-là dans ce film.

C'est bien à une relique d'un monde qui n'existe plus qu'on a affaire. Sexiste, indestructible, équipé de gadgets improbables, la recette 007 a été épuisée et Skyfall s'applique à la renouveler. On multiplie donc les clins d'oeil et les références aux 22 films précédents de manière à dépoussiérer le mythe. J'ai personnellement trouvé que ça marchait très bien.

Skyfall est un film plus psychologique dans les thèmes qu'il aborde (la vieillesse, l'héritage, etc.) mais rassurez-vous, ça reste un film d'action! Là où Mendes est crédible, c'est que les cascades ne sont pas une fin en soi mais sont au service de l'histoire.

Le réalisateur s'est entouré de pointures à tous les niveaux: la photo est assurée par Roger Deakins et certaines scènes sont sublimes (Shanghai et Macao en particulier); ils sont trois au scénario puisque John Logan est venu renforcer le duo Neal Purvis - Robert Wade qui travaille sur les James Bond depuis 1999.

Daniel Craig quant à lui confirme qu'il a les épaules et le flegme nécessaire pour porter avec confiance le costume (ici signé Tom Ford) de 007. C'est même lui qui a proposé le réalisateur Sam Mendes aux producteurs, preuve qu'il s'est totalement approprié le rôle et qu'il s'y projette. 

Ce qui fait un James Bond, c'est aussi:
1) les James Bond girls: elles sont évidemment superbes ici (Naomie Harris et Bérénice - cocorico - Marlohe), même si les puristes trouveront qu'on ne les voit pas assez.
2) le méchant et c'est pour moi LA réussite de Skyfall: Javier Bardem est magistral en Silva, adversaire miroir de Bond, troublant, détestable et semant le doute autant que la destruction.

Il reste donc le meilleur de 007: son humour, son énergie et ses beaux accessoires (voitures et nanas), mais il reste aussi le sentiment de repartir sur de nouvelles bases pour donner ce qu'il manquait à Bond: une nouvelle jeunesse.

La petite anecdote:
La saga James Bond est une histoire de famille.
A la production, on retrouve Barbara Broccoli et son frère Michaël J. Wilson qui ont pris la succession de leur père Albert R. Broccoli, producteur des 007 depuis les débuts jusqu'en 1989.
Aux cascades, c'est la famille Powell qui figure au générique de tous les James Bond depuis Dr No: dans Skyfall, c'est Gary Powell qui double Daniel Craig, alors que son père, son oncle et son frère ont fait de même depuis les années 60.

Infos pratiques:
Skyfall
sorti en France le 26 octobre 2012
réalisateur: Sam Mendes
avec: Daniel Craig, Judi Dench, Javier Bardem, Ralph Fiennes, Albert Finney, Naomie Harris, Berenice Marlohe, Ben Whishaw
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19378475&cfilm=145646.html