mercredi 21 novembre 2012

J'ai été voir... Rengaine


Il faut parfois des films pour vous rappeler ce qui fait la diversité du cinéma. Et j'aime pouvoir retourner voir Skyfall pour la deuxième fois dimanche et voir Rengaine mardi.

Rengaine, c'est un conte qui nous présente l'histoire d'un couple, à Paris, aujourd'hui. Elle est arabe musulmane, lui noir chrétien. Ils veulent se marier. Mais les 40 frères de Sabrina ne sont pas tous d'accord.

Dans les articles consacrés à Rengaine dans les médias, on parle surtout de la galère de son réalisateur, Rachid Djaïdani, qui a mis 9 ans pour sortir son film.
Pas de budget, pas de producteur, pas de distributeurs... mais finalement, un jour, un texto "Rengaine est sélectionné pour la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes". S'il croit d'abord à une mauvaise blague, Djaïdani comprend vite que c'est la lumière au bout du tunnel.

Rengaine est donc un film fait à la force du poignet, filmé caméra à l'épaule avec très peu de moyens. Le résultat à l'écran peut déstabiliser: uniquement des gros plans, on est très près des visages; l'image est assez instable et provoque même le mal de mer; le grain fait penser aux films amateurs.
Mais le sujet touche (le rejet de ce qui est différent, par principe, sans même chercher à connaître), les acteurs sont impeccables (en tête Slimane Dazi, qui a une "gueule" comme on dit, et qu'on avait vu dans Un Prophète), le montage est précis et impose son rythme.

Tout n'est pas réussi et certains effets de narration sont superflus. Cela n'atténue pas la sensation d'assister à quelque chose de différent, à une autre façon de faire du cinéma.

Rengaine manque parfois de distance et devient étouffant. On se prend à rêver d'un plan large qui nous permettra de souffler. C'est un peu comme si on vous mettait un objet inconnu juste sous le nez, que vous pouviez l'observer sous toutes ses facettes mais pas à plus de 3 cm de vos yeux. Difficile d'avoir une vue d'ensemble...

Il se dégage une énergie brute, qui est au service du thème traité, la défense virulente de la laïcité. Djaïdani choisit de montrer le ridicule comique des réactions primitives de ces 40 frangins. 
Ces 40 frères, une bonne trouvaille selon moi, qui place Rengaine dans le domaine des contes et qui du coup n'a pas à se justifier ou être 100% crédible.
40 frères, c'est sans doute aussi l'occasion pour le réalisateur de faire jouer tous ses potes...

Rengaine est donc un OVNI ciné qui ne plaira pas à tout le monde mais qui nous rappelle que certains sont prêts à investir 9 ans pour pouvoir nous raconter à nous, leurs histoires à eux.

La petite anecdote:
Le tournage s'est étalé sur plusieurs années, donc sur plusieurs saisons. Parmi les 200h de rush avant le montage Djaïdani eu de quoi monter une version "hiver" de Rengaine mais il a finalement choisi la version estivale.*

Infos pratiques:
Rengaine
sorti le 14 novembre 2012 en France
réalisateur: Rachid Djaïdani
avec: Slimane Dazi, Sabrine Hamida, Stéphane Soo Mongo
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19405790&cfilm=199158.html 

1 commentaire:

  1. Un conte un peu amer et une fausse parodie... Rengaine ressasse les gros plans, affiche, dénonce, punit...et pardonne. Un conte sans la magie, mais une histoire méritante et un film combat qui lui valent le détour. Un beau détour.

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