mercredi 30 mars 2016

Célibataire, mode d'emploi


Dans la catégorie "Film de filles", à aller voir entre copines, voici le dernier venu!

A New York comme ailleurs, il y a plusieurs façons de vivre son célibat...

Célibataire, Mode d'Emploi est adapté du roman "How to be single" de Liz Tuccillo, scénariste sur la série Sex and the City. On retrouve d'ailleurs ce ton déluré et un ton féminin cru et libéré.

Oubliez toute tentative d'analyse de fond, de recherche de message engagé ou autre manifeste artistique. Célibataire, Mode d'Emploi est un divertissement et uniquement un divertissement. Y aller avec d'autres intentions que rire, c'est la garantie d'être déçu(e).

L'humour cash est la réussite n°1 de ce film. Je craignais d'ailleurs que les meilleures blagues soient dans la bande-annonce. Mais non, l'1h50 est ponctuée de gags plutôt bien trouvés.
Célibataire, Mode d'Emploi s'adresse a un public précis. Trentenaire, vivant dans une grande ville, il se trouve que je tombe dans cette cible. Certaines scènes rappellent donc des souvenirs et je ne suis visiblement pas la seule dans ce cas puisque la salle (à 95% constituée de femmes) a copieusement gloussé.

Le scénario se résume en deux mots mais c'est plus la galerie de personnages, destinée à représenter plusieurs visions du célibat, qui fonctionne.
Le carburant de Célibataire, Mode d'Emploi étant les clichés, difficile de lui reprocher de faire dans la caricature.

Dakota Jackson, (vue dans Cinquante Nuances de Grey) prête son joli minois au personnage principal. Ce sont surtout ses faire-valoirs qui valent le détour, en particulier Rebel Wilson (Pitch Perfect). Elle joue toujours un peu les mêmes rôles - la grosse copine délurée - mais elle le fait drôlement bien.

Si vous cherchez un film à regarder entre filles, Célibataire, Mode d'Emploi vient se classer aux côtés d'autres comédies anecdotiques mais efficaces (Magic Mike, par exemple) qui remplissent parfaitement leur mission: faire rire sans faire trop réfléchir.

La petite anecdote:
Le rôle principal devait à l'origine être tenu par Lily Collins qui s'est finalement désistée.

Note:
2.5/5

Infos pratiques:
Célibataire, Mode d'Emploi
sorti le 2 mars 2016 en France
réalisateur: Christian Ditter
avec: Dakota Jackson, Rebel Wilson, Leslie Mann

lundi 21 mars 2016

Brooklyn


Un film bonbon, de temps en temps, ça fait plaisir.

Eilis n'a pas d'avenir en Irlande. Aidée par un prêtre, elle quitte sa mère et sa sœur pour tenter sa chance en Amérique et débarque à New York.

Brooklyn est une romance et l'assume complètement. Adapté du roman de Colm Toibin, le scénario écrit par Nick Hornby a été nominé aux Oscars. C'est un duo de productrices qui a déjà signé Une Education qui a cache derrière ce mélo vintage. L'esthétique du New York des années 50 est tendance.

La perspective est originale. Des films sur l'immigration aux Etats-Unis dans les années 50, il y en a eu beaucoup. Ici, on se place du point de vue d'une jeune femme. Malheureusement, cette thématique ne sert que pour le cadre et n'est pas creusée.
Car Brooklyn est une romance. Le cœur d'Eilis balance entre un monde connu dont elle maîtrise les codes et une nouvelle chance où tout est à créer.
On frôle parfois le roman Harlequin tant on reste sage et sans aspérité. On pense par moment à The Notebook, ce qui ravira les grand(e)s romantiques. On verse sa petite larme de bon cœur.

La photo est très travaillée et suit les trois temps de l'histoire. Elle met en valeur le minutieux travail de reconstitution. On n'évite pas les clichés: les irlandais sont tous un peu roux, la logeuse américaine est pleine de mimiques et les italiens parlent en faisant de grands gestes.

Saoirse Ronan a été nominée aux Oscars pour ce rôle qui fait écho à sa propre histoire (elle est née à New York et a grandi à Dublin). Pudique et intense, elle est authentique.
Domhnall Gleeson (Star Wars: Le Retour de la Force, The Revenant, Il Etait Temps) et Emory Cohen forment le duo masculin.

Convenu et un peu trop classique, Brooklyn est une belle histoire d'amour comme il fait bon par moment d'en voir sur grand écran.

La petite anecdote:
Brooklyn est l'adaptation du roman de Colm Toibin, que je conseille vivement (disponible ici)

Note:
2.5/5

Infos pratiques:
Brooklyn
sorti le 9 mars 2016 en France
réalisateur: John Crowley
avec: Saoirse Ronan, Domhnall Gleeson, Emory Cohen


jeudi 10 mars 2016

Room


Inspiré de faits divers sordides, le challenge était grand pour Lenny Abrahamson de ne pas tomber dans le voyeurisme déplacé.

Jack a 5 ans. Il vit seul avec sa mère. Elle lui apprend à jouer, à rire et à comprendre le monde. Sauf que leur monde est confiné aux 4 murs de la pièce dans laquelle ils sont séquestrés.

Pour éviter toute mauvaise surprise, ne regardez pas la bande-annonce qui dévoile une partie non négligeable de l'intrigue et risquerait de gâcher votre plaisir.

Ce drame maternel est tiré du roman de Emma Donoghue, qu'elle a elle-même construit en se renseignant sur plusieurs affaires de jeunes femmes séquestrées (sans pour autant en raconter une en particulier). Room est par bien des aspects un thriller psychologique. L'oppression de l'enfermement, la peur, la pénombre donnent un ton étouffant.

Avec un tel sujet, le pathos malsain guette. Mais le réalisateur parvient à insuffler la poésie dans Room, en nous mettant dans la perspective de Jack. Il n'a connu que cette pièce mais grâce à la douceur de sa mère et à la relation qu'ils créent, quelque chose de beau émerge au milieu du terrible.

Room parle de l'immensité des possibles, de ce qui se cache derrière ces murs et qu'on a du mal à imaginer. Jack a du mal à distinguer ce qui se passe dans sa télé de ce qui est réel puisqu'il n'a jamais vu autre chose. 

Le film ne s'enferme jamais et le récit rebondit régulièrement afin de nous emmener ailleurs. Cette mère s'accroche à son fils pour survivre et lui s'accroche à elle car elle est sa seule certitude. L'émotion est évidemment palpable et surgit dans les détails, principalement grâce à la candeur de Jack et à son regard sur les choses.
La 2ème partie du film est plus prévisible et d'aucuns reprocheront trop de bons sentiments. J'ai pour ma part trouvé l'évolution du récit nécessaire et assez logique.

Brie Larson, que j'avais déjà beaucoup aimé dans States of Grace habite littéralement son personnage. Bouleversante en mère courage, elle remporte assez logiquement l'Oscar de la meilleure actrice.
Jacob Tremblay, 10 ans, parvient presque à lui voler la vedette. Il est une éponge à émotions et sa simplicité va droit au but.

Passer deux heures dans Room n'est pas une expérience particulièrement agréable. Mais c'est un film sobre et juste qui parvient une combinaison rare: à la fois fort et doux.

La petite anecdote:
Le prénom Joy était très représenté lors des Oscars 2016: c'est le prénom du personnage interprété par Brie Larson dans Room mais également celui joué par Jennifer Lawrence dans.. Joy. Enfin, c'est le nom de l'une des émotions dans Vice-Versa (Oscar du meilleur film d'animation). 

Note:
4/5

Infos pratiques:
Room
sorti le 9 mars 2016 en France
réalisateur: Lenny Abrahamson
avec: Brie Larson, Jacob Tremblay

jeudi 3 mars 2016

Ave Cesar!


Les frères Coen sont fans de cinéma et rendent hommage film après film aux différents styles du 7ème art.

Dans les années 50, le studio hollywoodien Capitol Pictures produit en simultané des films de tous les genres: western, drames, numéros de claquettes, etc.

Les réalisateurs de No Country for Old Men, The Big Lebowski ou encore Burn After Reading se plongent cette fois-ci dans la période faste d'Hollywood: celle des grandes stars, des studios omniprésents et des décors gigantesques. Ils le font avec enthousiasme et sous l'angle de la comédie. On flirte avec la parodie mais leur œil reste toujours bienveillant. 

On suit à la trace Eddie Mannix (Josh Brolin), le "fixer" du studio dont le job consiste à régler tout ce qui dérape. Il nous permet de nous balader entre les plateaux, de passer du désert de western à la piscine du ballet aquatique. Un semblant d'histoire rythme cette visite guidée: un acteur vedette est mystérieusement kidnappé.

C'est là que le bât blesse. Ave Cesar! souffre d'un manque cruel de scénario. Les sketchs s'enchaînent et le casting (royal) s'en donne à cœur joie. Mais une suite de tableaux ne fait pas un film et on se lasse vite de passer du coq à l'âne. La cohérence générale est de moins en moins évidente au fur et à mesure du récit.

Certaines performances sont très réussies: Scarlett Johansson en sirène / poissonnière ou Channing Tatum faisant des claquettes et s'auto-parodiant (on pense beaucoup à Magic Mike). Les stars jouent le second degré et ça fonctionne. George Clooney, qui travaille avec les Coen pour la 4ème fois, cabotine à fond mais, là encore, ça colle avec le ton du film.

La reconstitution des années 50 et de l'atmosphère des studios est minutieuse: costumes, décors, l'ambiance est là. C'est bien un film hommage: les réalisateurs ont voulu montrer le talent d'artisan déployé à cette époque.

Il est évident que les frères Coen se sont amusés à faire Ave Cesar!
On s'amuse beaucoup moins à le regarder...

La petite anecdote:
Après avoir joué dans O'Brother, Burn After Reading et Intolérable Cruauté, George Clooney pensait avoir fini ce que Joel et Ethan Coen ont appelé la "trilogie des idiots". Il rempile pourtant ici avec un rôle que l'acteur qualifie lui-même "d'encore plus stupide que les précédents".

Note:
2/5


Infos pratiques:
Ave Cesar!
sorti le 17 février en France
réalisateurs: Joel et Ethan Coen
avec: Josh Brolin, George Clooney, Channing Tatum, Scarlett Johansson

mercredi 2 mars 2016

The Revenant


Il est de ces films qu'on va voir pour répondre à une question: "Alors, Léo, il le mérite son Oscar ?"

1823, au début de l'hiver dans une Amérique sauvage, un groupe de trappeur échappe à une attaque d'Indiens et bat en retraite. Leur éclaireur, Hugh Glass tombe entre les pattes d'un ours et est grièvement blessé.

Alejandro Gonzalez Innaritu (réalisateur de Babel, Birdman) adapte - et prend de nombreuses libertés - le roman de Michael Punke qui relate l'histoire vraie et parfois difficilement croyable de Hugh Glass. 
The Revenant est une démonstration de force. Uniquement filmé en lumières naturelles, le travail du chef opérateur Emmanuel Lubezki (qui collabore également avec Terrence Malik) est bluffant. Il lui a par ailleurs valu l'Oscar de la meilleure photo.

Les scènes d'action sont dantesques, en particulier (mais pas uniquement) cette fameuse scène d'attaque d'ours. Mangez peu avant votre séance, The Revenant flirte parfois avec le gore.
Les longs plans séquences ne nous laissent aucun répit. On est happés dans cette nature hostile et pourtant tellement majestueuse, face à ces personnages aux réactions viscérales.

A la vue de la bande-annonce, je craignais une longue errance métaphysique dans les plaines enneigées. Cet aspect spirituel est présent mais le rythme ne manque pas. On est même souvent surpris de la tournure que prennent les événements.

The Revenant n'est pas seulement un film de vengeance, ce n'est pas non plus seulement une grande épopée ou une démonstration de survie. C'est un peu tout ça à la fois.
Le but d'Inarritu est de mettre l'homme à nu et d'observer ses réactions. Alors il ne ménage personne: il brutalise ses personnages autant que les spectateurs. On ne ressort pas indemne de The Revenant.

On peut reprocher au scénario d'enchaîner les événements les plus improbables. Il est vrai qu'au bout de 2h30 on se demande encore ce qui va tomber sur la tête de ce pauvre Glass.
C'est là que la dimension spirituelle prend le relais. Au travers de scènes de rêves mais aussi au travers de sa douleur physique, le personnage rampant et bavant passe petit à petit à un autre stade. A la fois sauvage et très pur.

The Revenant repose sur les épaules de Léonardo Di Caprio qui a enfin décroché l'Oscar du Meilleur Acteur pour ce rôle. Peu de mots: il laisse parler pour lui la puissance de son jeu. Et ça marche. On peut débattre pour savoir si c'est son meilleur rôle (je ne pense pas) mais la récompense cette année est méritée.
2015 était l'année Tom Hardy: Mad Max: Fury Road  a fait un carton au box-office et a raflé 6 Oscars, dans Legend il interprétait les 2 rôles principaux. Il est ici entier et donne toute sa puissance physique au rôle de salopard.

The Revenant est un magnifique objet esthétique. Il secoue et interroge. On a au final le sentiment d'avoir assisté à un grand poème: pas besoin d'en comprendre tous les sens cachés pour le trouver beau.

La petite anecdote:
Si vous voulez faire croire que vous avez vu The Revenant c'est de la scène de l'ours dont il vous faudra parler (comme la "scène de l'ascenseur" dans Drive).
Pour en savoir plus sur cette scène et savoir comment elle a été tournée, c'est ici.

Note:
4/5

Infos pratiques:
The Revenant
sorti le 24 février 2016 en France 
réalisateur: Alejandro Gonzalez Inarritu
avec: Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson