mercredi 16 décembre 2015

Hunger Games: La Révolte (Partie 2)


La saga Hunger Games touche à sa fin avec ce 4ème film tiré des 3 romans de Suzanne Collins. Le précédent (Hunger Games: La Révolte (Partie 1)) était ratée: c'était une sorte de très longue bande-annonce pour ce dernier opus.

Tous les districts sont à présent en guerre. Katniss prend la tête de l'assaut final contre le président Snow et le Capitole.

Ayant lu - et apprécié - la trilogie de romans, j'attendais forcément avec impatience le dénouement de la série. Ce qui entraîne souvent des déceptions. Mais ce n'est pas le cas ici, j'ai été plutôt agréablement surprise. Hunger Games: La Révolte (Partie 2) renoue avec l'action et le spectacle. Alors que l'opus précédent était très verbeux, celui-ci est super dynamique. La 3D apporte la touche finale à une mise en scène super maîtrisée qui ne laisse pas de répit au spectateur.

Pas de grande surprise dans le scénario mais le rythme est le bon et on est happés dans l'histoire. Les épisodes romantiques du triangle Katniss/Peeta/Gale sont anecdotiques et c'est tant mieux.
C'est un film guerrier, voire violent. A déconseiller sans doute aux moins de 13 ans. Il s'installe au fur et à mesure un climat d'angoisse urbaine qui fait sursauter souvent. Les décors de guérilla sont impressionnants et cocorico, une partie des scènes a été tournée à Bry sur Marne.

Autre intérêt de la série des Hunger Games: elle a imposé l'idée d'une héroïne féminine, badass et dotée d'un fort libre arbitre. L'aspect psychologique est forcément moins développé que dans les livres mais ça fait du bien de voir un personnage féminin pas cul-cul.
Jennifer Lawrence est devenue depuis le 1er film (2012) une des stars qui compte à Hollywood. Elle donne à Katniss sa complexité et sa plastique (pourtant parfaite) n'est pas plus mise en avant que ça.
Hunger Games: La Révolte (Partie 2) est le dernier film dans lequel apparaît Philip Seymour Hoffman, qui s'est suicidé quelques semaines avant la fin du tournage. 

Certes on est dans des films d'action et de l'entertainment. Mais les Hunger Games ne font pas l'économie de quelques sujets de réflexion intéressants. Le 1er volet se penchait sur la place du spectacle. Cette conclusion, beaucoup plus violente et cruelle, pose la question des responsabilités en temps de guerre, des sacrifices, etc.

On passera donc sur le dénouement un peu mièvre pour rester sur l'impression explosive et réussie de ce Hunger Games: La Révolte (Partie 2).

La petite anecdote:
Des rumeurs courent déjà sur la possibilité de poursuivre la franchise, potentiellement avec un prequel. Jennifer Lawrence a déjà annoncé qu'elle n'y participerai pas.

Note:
3.5/5

Infos pratiques:
Hunger Games: La Révolte (Partie 2)
sorti le 18 novembre 2015 en France
réalisateur: Francis Lawrence
avec: Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth, Philip Seymour Hoffman

vendredi 4 décembre 2015

Strictly Criminal


Le cinéma américain est fasciné par la figure du gangster. Scorcese, De Palma et d'autres ont créé un panthéon des malfrats et de leurs vies démesurées. Panthéon auquel vient s'ajouter ce biopic sur la vie de Whitey Bulger.

Boston, années 70, un agent du FBI convainc le caïd irlandais James Whitey Bulger de collaborer avec les autorités en tant qu'informateur.

En adaptant le libre "Black Mass" de Dick Lehr et Gerard O'Neill, le réalisateur Scott Cooper (Les Brasiers de la Colère, Crazy Heart) concrétise un projet de producteur. Au travers de cette histoire, c'est un portrait de l'Amérique des années 80-90 qui nous est présenté.

Le personnage de Whitey Bulger est le centre de gravité de l'intrigue, la Black Mass (titre du film en VO) qui absorbe et contamine ce qu'il approche. Psychotique ultra-violent, il semble détaché des émotions et entretient une aura mystérieuse. C'est un personnage qui met mal à l'aise: contrairement aux mafieux mis en valeurs dans certains films, Bulger est tellement fou qu'il est seul, ses acolytes n'arrivant pas eux-mêmes à le suivre.

Le pouvoir de fascination qu'il exerce sur son entourage, la peur qu'il inspire sont des aspects intéressants. Je n'ai malheureusement pas adhéré, sans doute à cause du jeu extrêmement froid et mono-expressif de Johnny Depp. Celui-ci est grimé, porte une postiche et des lentilles bleues, il est à peine reconnaissable.
Mais pourquoi maquiller Johnny Depp en Christopher Walken?...


Les rumeurs d'Oscar courent pour Johnny Depp: il est vrai que les rôles "à transformation physique" sont souvent récompensés (Marion Cotillard, Charlize Theron, Matthew McConaughey...)

L'autre axe du scénario repose sur la loyauté aveugle qui relie les personnages principaux. Connelly, l'agent du FBI, a grandi avec les frères Bulger (l'un est le truand, le second est sénateur). Forcément, ces relations qui remontent à l'enfance sont complexes, entre souvenirs, services rendus, rapport de force, etc. Mais je trouve par exemple que la relation entre les deux frères n'est pas assez explicitée.
Benedict Cumberbatch (la série Sherlock Holmes, Imitation Game) gomme son accent british pour incarner le frère rangé. Outre un âge qui ne colle pas avec le personnage, il n'a pas le temps de le creuser et de nous renseigner sur ce lien fraternel.
Joel Edgerton (Gatsby le Magnifique, Animal Kingdom) s'en sort mieux mais ne brille pas.

L'atmosphère du film est étrange: Boston est désert, les fusillades se passent sans témoins... Le rythme est lent, l'intrigue s'embourbe. On se doute bien d'où tout cela va terminer mais on est à aucun moment chahuté. Même les scènes violentes sont convenues, déjà vues.

Au final Strictly Criminal nous rappelle de nombreux autres films de gangsters: Les Affranchis, Scarface, Les Infiltrés...
Il nous rappelle que cette histoire a déjà été racontée.
En (beaucoup) mieux...

La petite anecdote:
Le mot "fuck" est prononcé 254 fois au cours du film.

Note:
2/5

Infos pratiques:
Strictly Criminal
sorti le 25 novembre 2015 en France
réalisateur: Scott Cooper
avec: Johnny Depp, Joel Edgerton, Benedict Cumberbatch




jeudi 3 décembre 2015

007 Spectre


James Bond revient pour son 27ème film au service de sa Majesté. Sam Mendes (American Beauty, Les Noces Rebelles), qui avait déjà réalisé Skyfallreprend la réalisation et nous plonge cette fois dans les tentacules du Spectre.

Après les événements de Skyfall, James Bond poursuit un indice venu du passé et réussit à infiltrer une réunion secrète révélant une redoutable organisation secrète.

Daniel Craig enfile le costume de Bond pour la 4ème fois et comme pour tous nouveau James Bond, les attentes étaient fortes.

La scène d'ouverture à Mexico, long plan séquence d'action ayant nécessité 1500 figurants costumés, magnifiquement filmée, nous met dans le vif du sujet.
Puis suit un générique (les génériques des 007, toute une institution!) mêlant flammes, torse nu de James et tentacules... bof...

La suite du scénario est décevante. En voulant creuser la part d'ombre des personnages, l'intrigue est délaissée et on reste clairement sur sa faim. Pas de belle scène d'action, pas vraiment de tension, tout est très téléphoné.
A vouloir rendre hommage à la saga, de nombreuses scènes copient des épisodes précédents et renforcent de sentiment de déjà vu.

Ancrer James Bond dans le XXIème siècle n'est pas tâche aisée tant il est un symbole d'une époque. C'est pourtant pour moi une erreur que de lui associer une équipe (Q, MoneyPenny, M) qui lui donne un côté Mission Impossible loin du mythe de l'agent secret qui agit seul.
Il manque même l'ingrédient indispensable: cet humour british décalé si caractéristique.

Visuellement, on croirait qu'on se balade dans une succession de publicités. C'est joli mais le placement produit est omniprésent (téléphones, boissons, voitures). Quand James descend d'un train dans le désert, c'est une pub Louis Vuitton...

Un James Bond se mesure à la hauteur de son méchant. Christopher Waltz est le méchant attitré (Inglorious Basterds, Django Unchained) et ne parvient pas ici à donner à Oberhauser l'envergure nécessaire. 
Daniel Craig reste dans son interprétation très fermée et taiseuse de Bond. Et honnêtement, ça commence à être lassant.
La James Bond Girl de ce Spectre est Léa Seydoux (La Vie d'Adèle, Saint Laurent) que je trouve sans charisme et tellement fade. Monica Bellucci a une scène de 5 minutes et la surpasse largement.

Bref, un James Bond pas surprenant et qui laisse donc sur sa faim... Serait-il temps de sonner la fin de l'aire Craig?

La petite anecdote:
Qui dit James Bond, dit belles voitures. Aston Martin en l'occurrence.
Ce sont pas moins de 32 millions d'euros qui ont été consacrés au budget "destruction de voitures"! 7 des 10 Aston Martin n'ont en effet pas survécu au tournage... 

Note:
2/5


Infos pratiques:
007: Spectre
sorti le 11 novembre 2015 en France
réalisateur: Sam Mendes
avec: Daniel Craig, Léa Seydoux, Christopher Waltz


vendredi 30 octobre 2015

Sicario


La frontière entre les USA et le Mexique est devenue un no man's land gouverné par les cartels de drogue. C'est le théâtre d'affrontements quotidiens avec les forces d'ordre américaines. Et c'est le cadre du nouveau polar d'action dirigé par Denis Villeneuve.

Kate Macer, jeune agent du FBI, est recrutée pour une mission inter-agences pour frapper les cartels afin qu'ils fassent un faux pas.

Le réalisateur Denis Villeneuve trace depuis quelques années son parcours à Hollywood: Incendies, Prisoners, et récemment Enemy ont fait mouche. Sicario a pour sa part été présenté en compétition officielle lors du dernier Festival de Cannes. Le réalisateur maîtrise parfaitement le rythme et sait créer une atmosphère étouffante, à la limite de la claustrophobie. Prenez votre souffle et préparez-vous pour 2h d'apnée!

L'histoire de Sicario va au-delà d'une simple opposition entre deux "clans" ennemis (police US versus cartels). Tout comme la frontière physique entre les deux pays devient perméable aux trafics et passages clandestins, la limite entre le bien et le mal, le légal et l'illégal, le légitime et l'inexcusable est très floue.
Les troupes d'élite américaines agissent sans contrôle, utilisant des méthodes ultra-violentes. La fin justifie-t-elle les moyens? Est-ce le terrain de jeu rêvé pour des militaires sans scrupules? Les valeurs de l'agent Macer sont remises en cause. Partagée entre l'envie de voir les choses bouger et la nécessité de suivre les procédures légales, elle perd pied.

Villeneuve cache bien plus qu'il ne montre et parvient à créer un climat de tension forte, comme dans tout thriller réussi. Le cadre est d'une violence primitive et on n'est pas épargnés. L'adrénaline monte petit à petit et fait son effet.

La réussite de Sicario tient également à son casting, impeccable. Les trois acteurs principaux sont tous très convaincants. Emily Blunt (Looper, The Edge of Tomorrow) fragile et forte à la fois, apporte la juste dose de féminité qui permet de prendre un recul nécessaire. Josh Brolin (Sin City, True Grit) est un barbouze plus intelligent qu'il n'y paraît. 
Et surtout Benicio Del Toro, grand habitué des films autour de la drogue (oscar du meilleur second rôle pour Traffic, vu dans Savages, etc.) est ici impressionnant par sa présence et son intensité. 90% de ses répliques initialement prévues dans le scénario ont été supprimées, pour laisser place à un silence et un mystère autour de son personnage encore plus évocateurs que tous les discours.

Mise en scène maîtrise, direction d'acteurs remarquable, bande-son métallique et oppressante, images léchées (Roger Deakins - Les Evadés, Skyfall, est le directeur de la photo): Sicario est l'un des très bons films d'action de 2015.

La petite anecdote:
Denis Villeneuve réalisera la suite de Blade Runner avec Ryan Gosling et Harrison Ford. 

Note:
4/5

Infos pratiques:
Sicario
sorti le 7 octobre 2015 en France
réalisateur: Denis Villeneuve
avec: Emily Blunt, Josh Brolin, Benici Del Toro

vendredi 9 octobre 2015

Agents très spéciaux: code U.N.C.L.E.


Le vintage est à la mode et le cinéma n'échappe pas à cette tendance. Guy Ritchie (le réalisateur de Snatch, Rock n' Rolla et plus récemment les Sherlock Holmes avec Robert Downey Jr) nous livre à son tour un film sixties jusqu'au bout des ongles.

Au début des années 60, un agent de la CIA et un agent du KGB se voient contraints de faire équipe pour traquer une organisation criminelle néo-nazie.

Après le très réussi Kingsman il y a quelques mois, voici une nouvelle comédie d'espionnage réalisée par un britannique. 
Adapté d'une série télé des années 60, Agents très spéciaux: code U.N.C.L.E. assume totalement son look rétro. Costumes tirés à 4 épingles, robes Dior et papier peint à fleurs nous plongent dans l'ambiance.

Le ton est décontracté, Agents très spéciaux: code U.N.C.L.E. joue le jeu du second degré. Si certaines répliques tombent parfois à côté, l'humour britannique est tout de même là et sauve par moment l'ensemble.

Car passé cette élégance et ce côté léger, il ne reste pas grand chose. Pas franchement musclé, pas franchement drôle ou déjanté, le film peine à trouver son rythme. Le style ne sauvant pas tout, on ressent cruellement le manque de relief de l'intrigue. Quelques scènes d'action viennent raviver l'ensemble mais elles sont à peine assez dynamiques.

Côté casting, les deux agents sont joués par deux armoires à glace hollywoodiennes sensées apporter une touche de glamour. Armie Hammer (qui jouait les jumeaux Winklevoss dans Social Network) joue agréablement avec la parodie. Henry Cavill (le superman de l'horrible Man of Steel) quant à lui est tout bonnement insupportable: figé et statique, il énerve beaucoup trop pour séduire. La caution girly est apportée par Alicia Vikander (A Royal Affair) qui se contente d'être mignonne, ce qu'elle fait très bien.

Agents très spéciaux: code U.N.C.L.E. est clairement le lancement d'une franchise et on peut douter de la suite qu'ils vont lui donner. Il se veut un film à l'ancienne, qui se base sur la séduction et le style. Ce n'est pas complètement mauvais, mais c'est loin d'être bon.

La petite anecdote:
David Beckham fait une micro-apparition en projectionniste dans le briefing de l'agent russe. Guy Ritchie l'avait déjà engagé pour une pub H&M qu'il avait réalisé. 

Note:
2/5

Infos pratiques:
Agents très spéciaux: code U.N.C.L.E.
sorti le 16 septembre 2015 en France
réalisateur: Guy Ritchie
avec: Henry Cavill, Armie Hammer, Alicia Vikander, Hugh Grant

mercredi 23 septembre 2015

The Program


La vie de Lance Armstrong a tout d'un scénario de film. Elle est ici adaptée sur grand écran, en se basant sur le livre enquête d'un journaliste ayant dévoilé son dopage.

Lance Armstrong, jeune cycliste américain, est loin d'avoir tous les atouts pour devenir un grand champion. Jusqu'à ce qu'il frôle la mort et qu'il n'ait plus rien à perdre.

Stephen Frears, réalisateur de The Queen et Philomena a sauté sur l'occasion de raconter la vie hors norme de ce champion des sommets aux plus bas fonds. En décidant d'adapter le livre "Sept péchés capitaux: ma poursuite de Lance Armstrong", le récit est forcément à charge. The Program, qui porte très bien son titre, démontre à quel point le champion était moteur dans une vaste opération de dopage.

Plus qu'une enquête journalistique (dont on connaît tous l'issue), The Program remonte le temps et nous plonge dans le monde des courses cyclistes professionnelles depuis les années 90. Entre images d'archives et reconstitutions, on s'y croit. On comprend alors à quel point le dopage fait partie du quotidien de ces sportifs et comment un écosystème se construit autour de ces pratiques. 

Le film est également le portrait d'un homme complexe. Armstrong ne supporte pas de perdre. C'est un refus viscéral et une grande douleur de terminer second. Il est donc prêt à tout pour atteindre son objectif.
Habité également par une idée de rédemption, il crée Livestrong, une fondation de recherche et d'aide aux malades atteints du cancer. Cette association deviendra un autre instrument de pouvoir. 

Certains éléments sont survolés: l'implication de Floyd Landis (qui passe un peu pour un débile), tout la partie française de l'enquête. Les scènes de course pourraient être encore plus impressionnantes. Mais on se prend au jeu et on découvre avec effroi l'ampleur de la manipulation. 
The Program  parle de vélo et de piqûres mais aussi d'égo, d'honneur et de triche.

Ben Foster (vu dans Du Sang et des Larmes) incarne Armstrong dans toute sa nervosité. Chris O'Dowd (vu dans Mes Meilleures Amies, Les Saphirs et la série Girls) est le journaliste poil à gratter qui contribue à la chute de celui que personne ne voulait voir tomber.

The Program lève le voile sur les coulisses cra-cra d'un sport devenu spectacle et de ses dérives. Chacun pourra alors se poser la question: Armstrong a-t-il gagné ses 7 sept Tours de France?

La petite anecdote:
La vidéo des aveux d'Armstrong chez Oprah Winfrey, c'est .

Note:
3/5

Infos pratiques:
The Program
sorti le 16 septembre 2016 en France
réalisateur: Stephen Frears
avec: Ben Foster, Chris O'Dowd, Guillaume Canet

mardi 22 septembre 2015

Dheepan


Après les deux grosses claques Un Prophète et De Rouille et d'Os, Audiard revient avec Dheepan qui s'inspire des "Lettres Persanes" de Montesquieu. 

Pour s'échapper de la guerre civile au Sri Lanka, un homme, une femme et une petite fille endossent une fausse identité et arrivent en France.

Palme d'Or du dernier Festival de Cannes, Dheepan a été une surprise. L'accueil sur la Croisette ayant été plutôt mitigé, rien ne laissait entendre qu'Audiard repartirai avec la récompense suprême.

Parlant d'immigration, de réfugiés qui fuient un pays en guerre et un avenir inexistant, Dheepan résonne forcément de façon particulière aujourd'hui. Mais plus que d'immigration, c'est d'intégration que parle le film. Les personnages sont catapultés dans une nouvelle réalité qu'ils tentent d'apprivoiser. Chacun avec leurs moyens, leurs enjeux et leurs caractères, ces trois personnes s'adaptent. Autant de choses les rapprochent (leur culture, leur langue, leur secret) qu'elles les séparent (leurs passés, leur humour, leur capacité d'apprentissage).

Audiard nous immerge dans cette tentative de foyer. Tourné quasiment intégralement en langue tamoul, Dheepan emmène loin de nos repères. Plusieurs scènes relèvent d'ailleurs davantage du rêve ou du fantasme que du réel.
Mais la réalité brute et la violence rattrapent Dheepan, dans cette banlieue française rongée par les trafics et les affrontements entre gangs.
Sans en dire trop, l'épilogue du film fait débat. Je l'ai trouvé sorti du chapeau mais pas dénué de sens.

J'avais beaucoup apprécié Un Prophète et De Rouille et d'Os et j'ai retrouvé ici un film dans lequel les personnes se réparent les unes les autres. J'ai cependant eu plus de mal à accrocher, à trembler. Une certaine distance s'installe, comme si le film se cherchait, hésitait. 

La mise en scène est pourtant magistrale avec certains effets visuels splendides (la scène d'arrivée en France, les escaliers de la cité).
Les acteurs, pour la plupart non professionnels, s'en sortent haut la main. Audiard filme magnifiquement l'intime et comment les personnages s'apprivoisent.

Loin d'être un drame pleurnichard, loin d'être donneur de leçon de sociologie, Dheepan parle de gens qui cherchent une deuxième chance et des étapes qu'ils doivent traverser pour y avoir droit.

Dheepan m'a tenue à distance mais reste une filme maîtrisé visuellement et qui aborde artistiquement un sujet ancré dans l'actualité.

La petite anecdote
L'acteur principal Jesuthasan Antonythasan a combattu en tant qu'enfant soldat pendant 3 ans auprès des Tigres tamouls.

Note
3.5/5

Infos pratiques
Dheepan
sorti le 26 août 2015 en France
réalisateur: Jacques Audiard
avec: Jesuthasan Antonythasan, Kalieaswari Srinivasan

jeudi 20 août 2015

Mission: Impossible - Rogue Nation

5ème Mission Impossible pour Tom Cruise qui rivalise à chaque fois d'imagination pour faire encore plus fort. On prend les mêmes (on change quand même de réalisateur) et on recommence.

Résumé:
Alors que l'IMF (Impossible Mission Force) est sur la sellette, Ethan Hunt reste persuadé qu'une organisation secrète - le Syndicat- est responsable d'un nombre grandissant d'accidents et attentats.

Avis:
Si les Mission: Impossible sont sensés être des travaux d'équipe et qu'on retrouve des têtes familières, c'est bien sur les épaules de l'acteur-producteur Tom Cruise que repose la franchise. Tour le plan de communication du film tournait d'ailleurs autour du fait qu'il a réalisé lui-même ses cascades.
Et pas des moindres puisque les grosses scènes d'action sont un des éléments clés de ce Mission: Impossible - Rogue Nation. Dans le précédent opus (Mission: Impossible - Protocole Fantôme) il grimpait sur la tour la plus haute du monde. Comment faire mieux? en s'accrochant par exemple à l'aile d'un A400M au décollage.

Les morceaux de bravoure s'enchaînent et rythment le film. Les poursuites (à moto notamment) sont jouissives et accrochent suffisamment le spectateur pour qu'il oublie que le scénario est très mou. Un script sans temps mort saupoudré d'humour (Simon Pegg notamment, impeccable caution british), un personnage féminin unique mais au jeu de jambes impressionnant: voilà la Mission: Impossible qui ronronne.

On devient sans nul doute trop exigeants: je n'ai pas été emballée outre mesure. C'est un bon divertissement mais pas un film d'action qui restera dans les annales. Le réalisateur Christopher McQuarrie (qui avait déjà travaillé avec Tom Cruise sur Jack Reacher) fait l'erreur de se prendre un peu trop au sérieux.

Masques, gadgets et cascades impressionnantes sont au rendez-vous: les fans de la série originale seront comblés. Pour les autres, c'est à ranger dans la catégorie "film d'action bien mais sans plus".

La petite anecdote:
Prévue à l'origine pour décembre 2015, la sortie de Mission: Impossible - Rogue Nation a été avancée à juillet pour éviter d'affronter le nouveau James Bond Spectre et le dernier Star Wars Star Wars - Le Réveil de la Force qui sortent en fin d'année.

Note:
2.5/5

Infos pratiques:
Mission: Impossible - Rogue Nation
sorti le 12 août 2015
réalisateur Christopher McQuarrie
avec: Tom Cruise, Simon Pegg, Jeremy Renner, Rebecca Ferguson

mardi 18 août 2015

Le Petit Prince


Traduit en 243 langues et vendu à plus de 145 millions d'exemplaires, Le Petit Prince d'Antoine de Saint Exupéry est le 2ème livre le plus vendu au monde (après la Bible). Mais comment transcrire un tel monument au cinéma? les plus grands (Orson Welles en tête) s'y sont cassé les dents...

Résumé:
Dans un monde froid et adulte, une petite fille est programmée pour réussir. Jusqu'à ce qu'elle rencontre un vieil aviateur farfelu, qui a une histoire à lui raconter.

Avis:
Porté par le producteur Dimitri Rassam, le projet aura mis 10 ans à voir le jour. 
Le roman original est en effet bien complexe à adapter... Plutôt que de le faire littéralement, la scénariste Irena Brignull et le réalisateur Mark Osborne (Kung Fu Panda) ont choisi d'intégrer l'histoire initiale dans une autre, plus récente. 

Pour ne pas se perdre dans cette double narration, deux procédés visuels se succèdent: l'animation numérique et le stop-motion en papier. Les deux sont très réussis et on navigue sans problème.

Le Petit Prince est un film très doux, qui parvient à retrouver la poésie des illustrations de St Exupéry. Il aborde les sujets essentiels du roman (l'importance de l'imagination, grandir sans oublier) et leur donne une résonance dans un environnement plus moderne. 

Le film n'est pas exempt de maladresses: j'ai moins été emballée par la seconde moitié (sans rien dévoiler), plus lisse et plus aseptisée. Certains disent que l'oeuvre originale a été dénaturée. Il y a bien sûr quelques libertés qui ont été prises mais dans l'ensemble, c'est plutôt réussi.
J'ai bien entendu versé ma petite larme car Le Petit Prince  est un film plein de poésie, qui suggère plus qu'il n'impose.

Les voix des personnages (principaux ou non) sont presque toutes assurées par des acteurs renommés et on s'amuse à les reconnaître. André Dussolier en l'Aviateur, Florence Foresti la maman de la petite fille, mais aussi Guillaume Galienne en troublant serpent et Vincent Cassel en renard pas encore apprivoisé. Mention spéciale à la géniale voix du Petit Prince, assurée par Andrea Santamaria.

Le Petit Prince plaira au jeune public, qui se régalera de la maladresse de l'aviateur, du renard en peluche et du rythme soutenu. Les plus grands se remémoreront ce classique et feront le plein de douceur, sans abîmer le souvenir qu'ils ont du livre.

Un film délicat et émouvant. Quand le cinéma nous dessine un mouton, ne boudons pas notre plaisir...

La petite anecdote:
Présenté hors compétition à Cannes, Le Petit Prince a fait la montée des marches en mai dernier. Pour que sa mère Carole Bouquet soit présente, le producteur Dimitri Rassam a acheté l'ensemble des billets de la pièce de théâtre dans laquelle l'actrice jouait ce soir-là.

Note:
3/5

Infos pratiques:
Le Petit Prince
sorti le 29 juillet 2015 en France
réalisateur: Mark Osborne
avec les voix de: André Dussolier, Andrea Santamaria, Clara Poincarré, Florence Foresti, Vincent Cassel, Guillaume Gallienne
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19552871&cfilm=178545.html 

vendredi 14 août 2015

Sur la ligne


Aller voir un film tchèque en VO un soir d'août dans un petit ciné indépendant du quartier latin, c'est la garantie de ne pas être gênée par ses voisins: nous étions 4 dans la salle...
Mais le thème (course à pied, dopage, bloc de l'Est dans les années 80) avait piqué ma curiosité.

Anna est une jeune athlète tchécoslovaque prometteuse. Elle rêve de participer aux JO de Los Angeles en 1984. Elle est sélectionnée pour un suivi médical spécial destiné à renforcer ses capacités physiques. 

C'est aujourd'hui connu, le dopage était largement répandu (et quasi industrialisé) en Europe de l'Est dans les années 80. La réalisatrice, qui a elle-même émigré de Tchécoslovaquie en 1988, a choisi de se pencher sur ce phénomène à un niveau individuel.

Car il est facile de condamner la triche et la mise en danger de ces jeunes athlètes depuis le confort de son fauteuil de spectateur. Mais tout est à replacer dans son contexte. Être sélectionné pour les JO, c'était avoir un espoir d'une vie meilleure, voire une opportunité de passer à l'Ouest.
L'histoire d'Anna va au-delà du sport: c'est un prétexte pour comprendre le régime tchécoslovaque, les intérêts mêlés du sport, du Parti, de la police.
Alors, jusqu'où aller? Accepter de s'injecter de puissants anabolisants, risquer sa santé dans l'espoir de gagner le droit de s'enfuir? Ou refuser de se plier au système et lutter à sa propre échelle, avec le risque de nuire à tous ceux qui vous entourent?

Le duo mère-fille interprété par Judit Bardos et Anna Geislerova est le point central de cette histoire. A la fois coéquipières, soutien, adversaires, elles partagent les épreuves en duo. Les deux actrices, tout en retenue, donnent corps à ce couple de personnages féminins.

Sur la ligne (Fair Play en anglais) est un film sec et précis, sans fioriture ni mélancolie inutile. Il nous plonge dans l'anxiété de la vie sous ce régime, l'atmosphère étouffante de cette époque. Des couloirs de la piste d'athlétisme à ceux de la police d'état, tout est gris. Le rythme est parfois lent et on frôle l'ennui par moment.

Ici le sport est un outil de propagande, et mène à de graves dérives.
35 ans plus tard, le sport est aujourd'hui un show. Pas sûr que cela soit moins dangereux pour les athlètes...

La petite anecdote
Et dire qu'à l'époque, personne (y compris dans la presse spécialisée) ne relevait l'invraisemblances des records qui tombaient...

Note:
2.5/5

Infos pratiques:
Sur la ligne
sorti le 5 août 2015 en France
réalisatrice: Andrea Sedlackova
avec: Judit Bardos, Anna Geislerova

mardi 21 juillet 2015

Magic Mike XXL

Pour la version courte de cette critique: regardez l'affiche > gros soupir... > sourire un peu béat.
Tout est dit.

3 ans après avoir quitté la troupe de strip-teasers dans laquelle il dansait, Mike retrouve ses anciens compères, bien décidés à terminer leur propre carrière en beauté. 

Magic Mike XXL est donc la suite de Magic Mike et joue exactement sur les mêmes leviers: hommes bodybuildés, semblant de scénario, blagues potaches et numéros de danse.
Il y a plus d'abdos huilés au m² et de testostérone que dans une immense majorité de films (à part 300, je ne vois pas). 

A réserver pour une soirée entre copines, si possible arrosée de quelques cocktails. Les scènes de danse sont réussies même si elle frôlent souvent le vulgaire. On glousse (ce mot n'a jamais été aussi approprié...): les blagues sont lourdes mais un nombre significatif d'entre elles fonctionnent. Le second degré règne et donne une ambiance décontractée.

C'est dans l'ensemble agréable à regarder et c'est bien là l'intérêt n°1 de Magic Mike XXL: se rincer l’œil. Même si on est pas fan des musculatures sur-développées, on se prend au jeu ("Oh non, il va pas faire ça?!" "Eh ben si, il le fait...").
C'est d'ailleurs l'objectif affiché de ces "male entertainers": redonner le sourire à ces femmes qui viennent les voir danser et les couvrir de billets.

Difficile d'éviter le mauvais jeu de mot en disant qu'il y a quelques longueurs dans le scénario. L'histoire est quasi inexistante et permet seulement de faire le lien entre les scènes de show.

Channing Tatum (Foxcatcher, 21 et 22 Jump Street) retrouve son string à paillettes et est rejoint au casting par quelques noms connus. Andie McDowell et Jada Pinkett Smith mais également Amber HEard (Mme Johnny Depp à la ville).
On regrettera que Matthew McConaughey n'ai pas rempilé dans son rôle de génial meneur de revue du 1er opus.

A condition de ne pas trop réfléchir, Magic Mike XXL est un bon film d'été. 
Après tout, il n'y a pas de mal à se faire du bien! > gros soupir...

La petite anecdote:
la promo du film a réservé quelques surprises sympathiques.
Channing Tatum s'est déguisé et à surpris des fans lors d'une avant-première: https://www.youtube.com/watch?v=zEwiXK-__N4 
En Australie, ce sont les acteurs qui ont eu droit à une surprise: https://www.youtube.com/watch?v=IY45yB9qjsA 

Note:
2.5/5

Infos pratiques:
Magic Mike XXL
sorti le 8 juillet 2015 en France
réalisateur: Gregory Jacobs
avec: Channing Tatum, Joe Manganiello, Amber Heard, Jada Pinkett Smith

lundi 20 juillet 2015

Les Minions



Plus que Gru, les stars de Moi Moche et Méchant et Moi Moche et Méchant 2, ce sont eux... Normal qu'ils aient droit à leur propre long métrage.

Les minions sont voués à servir le plus méchant des méchants. Encore faut-il le trouver... et ne pas le supprimer par erreur.

Comme Les Pingouins de Madagascar et Scrat de L'Âge de Glace dans plusieurs courts métrages, les petits bonshommes jaunes s'émancipent. Les studios Universal parient sur leur capital sympathie. Retombées marketing garanties, produits dérivés en pagaille: jackpot assuré.

Nous voilà donc embarqués dans une fresque historique où l'on découvre que les minions ont toujours été là, aux côtés des plus grands vilains (les tyrannosaures, Dracula, Napoléon...), leur maladresse ayant souvent précipité la chute de leurs maîtres. 
La majeure partie du film se déroule dans le swinging London des années 60, ce qui permet non seulement une super BO (The Who, The DOors, etc.) mais aussi des clins d’œil bien trouvés aux Beatles, à Gainsbourg, etc.

Contrairement à de nombreux films d'animation, adultes et enfants riront des mêmes blagues: à part quelques références, il n'y a pas un 2ème niveau d'humour pour les grands. Ils se régaleront comme les petits des gags visuels à gogo et des blagues scato (on me souffle d'ailleurs qu'il n'y a pas assez de prouts dans le film...).

Le rythme est frénétique et les blagues s'enchaînent, ce qui permet de palier au manque flagrant de scénario. On se régale du burlesque et on rit de bon cœur. 

J'ai vu Les Minions en VO, ce qui m'a permis de me régaler de leur langage. C'est le réalisateur français Pierre Coffin qui double les 899 minions du film. Il mélange des mots inventés, de l'italien, de l'espagnol, du français et même de l'indonésien. Le tout ponctué de quelques "Banana!" bien sentis.

On reste dans l'esprit des deux premiers films, avec lesquels on reboucle d'ailleurs en fin de film. 
C'est fun et pop: du cartoon qui fait son job.

La petite anecdote:
Vous ne comprenez pas le minion? Universal a crée une appli pour les traduire...
Les minions ne sont pas les seuls personnages parlant une langue spécialement inventée pour le cinéma. Pour en savoir plus, un article détaillé ici:

Note:
3/5


Infos pratiques:
Les Minions
sorti le 8 juillet 2015 en France
réalisateurs: Pierre Coffin et Kyle Balda

jeudi 2 juillet 2015

Vice-Versa


Après avoir surtout fait des suites (Toy Story 3, Monstres Academy...), Pixar renoue avec les scénarios originaux pour son 15ème film. Ils nous proposent de voir à quoi ressemblent ces petites voix dans nos têtes.

Riley a 11 ans et cinq émotions gouvernent ses réactions: la Joie, la Tristesse, la Colère, la Peur et le Dégoût. Quand ses parents décident de déménager, c'est le bran-le-bas de combat dans le cerveau de la petite fille.

Vice-Versa appartient à cette catégorie de films qui s'adressent non seulement aux enfants mais surtout à la part d'enfance des adultes. La patte de Disney (dont Pixar fait partie depuis 10 ans) est là, la subtilité en plus.

Le réalisateur Pete Docter (déjà aux commandes du très réussi La-Haut et co-réalisateur de Monstres et Cie) parvient à figurer de manière très concrète et visuelle des notions abstraites. A quoi ressemblent nos émotions? Comment se fabrique un souvenir? Qu'est-ce qui constitue une personnalité? 
En s'appuyant sur des travaux scientifiques et neurologiques, les équipes d'animation ont réussi à créer un univers facilement compréhensible. Alors que d'autres films ou dessins animés nous emmenaient visiter nos organes, c'est cette fois dans le cerveau que se déroule l'histoire.

Les plus jeunes passeront sans doute à côté des très nombreuses références et trouvailles comiques. Chaque émotion est incarnée par un personnage caricatural, acteurs de gags (parfois un poil répétitifs par ailleurs).

Vice-Versa alterne entre deux mondes: celui dans lequel vit Riley avec ses parents et celui de sa tête. Ces deux environnements sont très distincts visuellement avec des couleurs vives (qui a dit criardes?) pour le monde intérieur et des tons plus nuancés et sombres pour le réel. 
J'ai trouvé le résultat moins beau et fouillé en terme d'image que d'autres films d'animations comme le magnifique Monde de Némo. Cependant il y a de belles trouvailles comme les textures des émotions (pas de la peau, pas de la fourrure, de l'énergie?).

Mais c'est plus par le scénario que Vice-Versa marque des points. Pixar conserve son talent pour provoquer des émotions authentiques. Ils parviennent à saisir ce complexe moment de la pré-adolescence fait de bouillonnement d'hormones, de repli sur soi et de comportements étranges. Le film parle de l'apprentissage de la mélancolie et de la complémentarité des émotions.

Ce n'est pour moi pas un chef d'oeuvre Pixar mais un film fin, avec des moments très drôles et un message qui n'est pas martelé comme une morale indiscutable.

PS: restez bien jusqu'au générique final, sous peine de rater une des séquences les plus drôles du film!

La petite anecdote:
Les clins d’œil aux autres films Pixar sont très nombreux mais parfois bien cachés. Il ne faut pas cligner des yeux si on veut apercevoir les petits oiseaux sur leur câble en revanche vous devriez remarquer le jeu de société "retrouvez Nemo" ainsi que le souvenir du mariage du couple de La-Haut.

Note:
4/5

Infos pratiques
Vice-Versa
sorti le 17 juin 2015 en France
réal: Pete Docter
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19548545&cfilm=196960.html 


mercredi 10 juin 2015

La Tête Haute


Projeté hors compétition en ouverture du Festival de Cannes 2015, le nouveau film d'Emmanuelle Bercot (co-scénariste de Polisse) a donné le ton d'une sélection centrée sur un cinéma social et engagé.

Malony a 6 ans lorsqu'il se retrouve pour la première fois dans le bureau de la juge pour enfants. Il y reviendra à de nombreuses reprises jusqu'à ses 18 ans.

Les drames sociaux au cinéma, c'est un genre en soi. Certains réalisateurs y excellent (les frères Dardenne, Abdellatif Kechiche, Ken Loach...) et il est indéniable qu'Emmanuelle Bercot lorgne dans leur direction. Même s'il sonne parfois "à la manière de...", cet essai est plutôt convaincant.

Elle choisit de nous raconter l'histoire d'un gamin en manque: en manque de parents, de repères et d'amour. En manque de calme et qui réagit à fleur de peau, qui choisit la violence comme moyen d'auto-défense. Explosions, dérapages incontrôlés, inconscience: Malony paraît irrécupérable. Et c'est pourtant le job de sa juge et de son éducateur de lui donner sa chance.
La réalisatrice s'est renseigné sur son sujet et nous peint un portrait brut et réaliste des centres de détention pour mineurs et des personnes qui y vivent (jeunes délinquants et éducateurs). Elle cite une phrase dans ses inspirations: "L'éducation est un droit fondamental. Il doit être assumé par la famille et si elle n'y parvient pas, il revient à la société de l'assumer". Mais que faire quand le principal intéresser refuse toute aide?...
Malony lutte contre tout, en particulier contre son éducateur, qui représente l'insupportable absence de son père.

Grâce à une mise en scène maîtrisée, des plans fixes, une attention aux regards et des décors naturels, Emmanuelle Bercot échappe aux débordements d'hystérie qui auraient pu polluer son propos.
On  regrettera cependant quelques longueurs, en particulier sur la dernière partie qui méritait un resserrage. Mais l'énergie et l'élan qui guident Le Tête Haute sont touchants. De même, et sans rien révéler, l'issue choisie peut poser question.
Enfin, les acteurs du système administratif et judiciaire sont dépeints tous comme des bons samaritains et leurs actions sont peu questionnées.

Comme dans sa première réalisation (Elle s'en va), Bercot a fait appel à Catherine Deneuve qui interprète avec toute son aura et son autorité cette juge pour enfants. Benoît Magimel joue finement l'éducateur de Malony. En revanche le personnage de la mère (joué par Sara Forestier) frise le cliché.
Le rôle principal a été confié à un jeune acteur non professionnel, Rod Paradot, qui livre une performance sincère et brute. Il est par ailleurs bluffant en étant à la fois crédible à 13 ans et à 18...

On pense à Polisse et à Mommy. Pour ce dernier, le style est différent mais on parle ici aussi d'une relation toxique entre une mère et son fils et de jeunes débordés par leur violence.

La Tête Haute est un film à fleur de peau, réussi dans sa direction d'acteurs (et on est pas obligé d'être fan de Catherine Deneuve pour apprécier sa performance). Authentique et explosif.

La petite anecdote:
C'était LE festival de Cannes pour Emmanuelle Bercot qui, en plus de la diffusion de La Tête Haute en ouverture, a reçu le Prix d’Interprétation féminine pour sa performance dans Mon Roi de Maïwenn (partagé avec Rooney Mara pour son rôle dans Carol  de Todd Haynes).

Note:
4/5

Infos pratiques:
La Tête Haute
sorti le 13 mai 2015 en France
réalisatrice: Emmanuelle Bercot
avec: Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Rod Paradot, Sara Forestier