mercredi 31 décembre 2014

Les Pingouins de Madagascar


Tout comme les Minions de Moi, Moche et Méchant, les pingouins de Madagascar, personnages secondaires à l'origine, ont droit à leur long métrage (Les Minions sortira en juillet 2015). Accrochez-vous, ça déménage!

Skipper, Rico, Kowalski et Private s'embarquent dans une nouvelle aventure qui va les confronter au terrible Pr Octavius Brine et leur faire rencontrer une autre troupe d'élite, North Wind.

Co-réalisé par des habitués de la franchise Madagascar (Simon J. Smith et Eric Darnell) Les Pingouins de Madagascar reste dans l'ambiance. On retrouve avec plaisir ce mélange de couleurs pop et d'humour décalé. La première scène en Antarctique, parodie des documentaires animaliers, nous met tout de suite dans le bain.
Suit 1h30 de délire comique, à un rythme effréné, caricature de film d'espionnage où le smoking de James Bond est cette fois revêtu par une équipe de pingouins.

Les références sont ultra nombreuses et vraiment très drôles. Je recommande d'ailleurs la VO, non seulement pour les voix de John Malkovitch et Benedict Cumberbatch, mais aussi pour les blagues intraduisibles en français (faites attention aux noms des pieuvres sous les ordres de Brine).

Alors qu'elle était réussie dans Madagascar 3, Bons Baisers d'Europe , la 3D n'est pas très utile ici. 
La mise en scène survoltée ne laisse pas de répit au spectateur. Les plus jeunes se régaleront des explosions et autres scènes d'action. Les plus grand riront aux gags qui tapent tous dans le mille.

Sans doute moins subtil que ses grands frères de Madagascar, Les Pingouins de Madagascar s'appuie tout de même sur un scénario qui, même s'il est mince, donne une trame. A 100 à l'heure, on suit nos héros aux quatre coins du monde et on se demande régulièrement où les scénaristes ont été pêcher leurs idées. 

Divertissement jouissif: missions accomplie, Pingouins!

La petite anecdote:
Les pingouins étaient des personnages mineurs au départ, ils étaient donc doublés par des membres de l'équipe technique et pas par des acteurs. 
C'est toujours le cas ici puisque Tom McGrath (Skipper) est le réalisateur des Madagagscar, Chris Miller (Kowalski) et Conrad Vernon (Rico) sont animateurs chez Dreamworks et Chris Knight (Private) est chef-monteur.

Note:
3/5

Infos utiles:
Les Pingouins de Madagascar
réalisateurs: Simon J. Smith & Eric Darnell
avec les voix de: John Malkovitch, Benedict Cumberbatch 

lundi 29 décembre 2014

La Famille Bélier


Certains films sont parfaitement adaptés à la période de leur sortie et au public qu'ils visent. 2014 est la 2ème meilleure année en terme de fréquentation en France, et celle-ci est tirée par des productions françaises. Nul doute que La Famille Bélier sera le gros succès de ces fêtes de fin d'année.

Paula Bélier a 16 ans et elle est la seule entendante dans sa famille de sourds-muets. Elle est donc un interprète indispensable pour ses parents agriculteurs. Son inscription à la chorale va chambouler sa vie bien réglée.

Le réalisateur Eric Lartigau a une filmographie... surprenante. De Mais, qui a tué Pamela Rose avec Kad et Olivier à L'Homme qui Voulait Vivre Sa Vie avec Romain Duris en passant par Prête-moi ta Main, il sait jongler avec les genres. Loin de la comédie potache, il signe avec La Famille Bélier une comédie familiale qui plaira au plus grand nombre.
C'est un film gentil, qui n'égratigne personne et qui transportera le spectateur (s'il veut bien se laisser faire) du rire aux larmes.

Le scénario oublie en effet tout ce qui pourrait gâcher la fête: le monde agricole est idyllique et la mixité raciale étonnante pour une campagne française. 
Lartigau construit des émotions qu'on partage avec plaisir. C'est un film chaleureux, plein de tendresse et même si on frise souvent le trop-plein de "mignon", on se laisse prendre au jeu. 

La première partie nous installe doucement le décor et on se prend d'amitié pour cette famille hors norme. La deuxième moitié déroule un scénario assez téléphoné mais qui parvient à nous surprendre au détour d'un final émouvant.

Je craignais personnellement le côté comédie musicale autour des chansons de Michel Sardou. Elles se font finalement discrètes et savent même s'éteindre au bon moment. Restent de jolis textes qui servent de support à des scènes touchantes.

François Damiens et Karine Viard jouent les parents sourds-muets de Paula et mettent leur jeu d'acteur au service de ces personnages hauts en couleur. 
Louane Emera, repérée dans l'émission The Voice, fait figure de révélation. Elle manque parfois de subtilité mais s'en donne visiblement à coeur joie et son enthousiasme est communicatif.
Coup de coeur pour Elmosnino (vu dans Gainsbourg (Vie Héroïque) et Le Coeur des Hommes 3) en prof de chant fan absolu de Sardou et excentrique juste comme il faut.

La Famille Bélier, comédie calibrée et bons sentiments. Mais qu'est-ce que ça fait du bien de temps en temps de ressortir avec le sourire et de pouvoir le recommander à plusieurs générations. Amenez-y vos grands-mères et vos petits cousins: par ces périodes de grands froids, ça réchauffe à l'intérieur.

La petite anecdote:
Louane Emera a appris, comme François Damiens et Karine Viard, le langage des signes pour le tournage. La jeune comédienne réalise un exercice difficile car elle doit signer et parler en même temps alors que la syntaxe est inversée.

Note:
4/5

Infos pratiques:
La Famille Bélier
sorti le 17 décembre 2014 en France 
réalisateur: Eric Lartigau
avec: Louane Emera, François Damiens, Karine Viard, Eric Elmosnino

mardi 16 décembre 2014

INDEX PAR NOTE

Je note depuis quelques mois les films que je vois. 

Vous les retrouverez ici classés par note. Il suffit de cliquer sur le titre de film pour retrouver la critique.


5/5 




4.5/5



4/5 


3.5/5 


3/5 


2.5/5 


2/5 



1.5/5 



1/5 


Le Hobbit: la Bataille des Cinq Armées


Dernier chapitre des aventures en Terre du Milieu. Après la trilogie du Seigneur des Anneaux, Peter Jackson clôt ici celle du Hobbit (qui, chronologiquement, se situe avant) et livre un grand spectacle en forme de bouquet final. 

Le dragon Smaug est réveillé et s'attaque à Laketown. La Montagne Solitaire sinsi débarrassée de son gardien cracheur de feux attire de nombreuses convoitises: les Nains qui retrouvent leur royaume, mais aussi les Elfes, les Humains, les Orques, les Gobelins. C'est la bataille des Cinq Armées qui se prépare.

Si vous ne plongez pas avec plaisir dans les univers d'heroic fantasy, que les oreilles pointues et les pieds poilus ne vous évoquent rien et que vous ne rêvez pas de chevaucher un élan ou un gros sanglier, vous risquez fort de ne pas apprécier ce Hobbit. L'aventure en Terre du Milieu a démarré il y a plus de 15 ans pour le réalisateur Peter Jackson: cet épisode la termine et y rend hommage. 
Faisant chronologiquement le lien entre les deux séries de films, les clins d’œil et indices sont nombreux et mentionnent des éléments qu'on retrouve dans Le Seigneur des Anneaux.

Jackson ne s'attarde d'ailleurs pas à résumer la situation au démarrage du film: on est immédiatement plongés dans le vif du sujet, quasi exactement où nous l'avions laissé à la fin de l'épisode précédent (Le Hobbit: La Désolation de Smaug). 
Cela nous place tout de suite dans le bain: Le Hobbit: La Bataille des Cinq Armées est un film d'action. En 2h40 de film, Peter Jackson met en scène une immense chorégraphie de guerre visuellement très réussie.
Il alterne habilement entre les grands angles permettant d'imaginer l'ampleur de la bataille et les duels au corps à corps. C'est un grand ballet et on sort de ces 45 minutes de bataille comme après une longue apnée.

Ce focus sur l'action se fait malheureusement au détriment de l'histoire et des personnages. Sorti du champs de bataille, le scénario est réduit à pas grand chose. Le roi nain Thorïn a la folie des grandeurs et les elfes vient des histoires d'amour très clichés. 
Les fans du roman de Tolkien pourront jouer au jeu des différences car certaines libertés ont été prises pour l'adaptation. Difficile de faire autrement quand on sait que le roman ne fait que 300 pages. En tirer une matière riche pour trois longs-métrages relève du défi.

Pour filmer la trilogie des Hobbit, Peter Jackson a utilisé la technologie HFR qui filme en 48 images par seconde, soit le double de la vitesse normale au cinéma. On repère tout de suite un changement tant la sensation de vertige est forte. Lors des scènes d'action, tout va très (trop) vite et on se fatigue rapidement. Surtout, on détecte les effets spéciaux et les scènes tournées sur fonds vert et c'est assez gênant.
La 3D, elle, est bien utilisée et donne aux combats une intensité impressionnante.

Enfin, il a manqué pour moi ce petit côté humoristique qui faisait qu'on s'attachait aux personnages. Martin Freeman qui joue Bilbo est le seul à apporter une dose de second degré. On retrouve cependant avec plaisir les personnages familiers de Gandalf, Galadriel, Elrond, etc. 

Le Hobbit: La Bataille des Cinq Armées est une grande fresque, un spectacle d'action frénétique pour lequel le réalisateur a donné le meilleur de sa capacité à chorégraphier les scènes d'action. Il reste cependant un film assez plat en terme d'histoire et cliché dans ses thématiques.
Pour les courageux et les fans, il faudra attendre la version director's cut en DVD prévue en novembre 2015: avec 30 minutes supplémentaires, le film prendra peut-être une autre dimension.

La petite anecdote:
Pour la promotion du film, c'est le dragon Smaug lui-même qui a participé à l'émission américaine The Colbert Report. On y apprend qu'il vote plutôt à droite et qu'il n'est pas très en phase avec les dragons de Game of Thrones.

Note:
3.5/5

Infos pratiques:
Le Hobbit: La Bataille des Cinq Armées
sorti le 10 décembre 2014 en France
réalisateur: Peter Jackson
avec: Martin Freenman, Richard Armitage, Ian McKellen, Orlando Bloom, Evangeline Lily



mardi 9 décembre 2014

La French


Un film de gangsters mafieux... français. C'est suffisamment rare pour intriguer. Quand le duo Dujardin - Lellouche figure au casting, le ton est donné. 

En 1973, Pierre Michel est nommé juge du grand banditisme à Marseille. Sa mission: lutter contre la French Connection et, à sa tête, Gaëtan Zampa.

Le scénario de La French est inspiré de faits réels. Au cours des années 70, l'organisation mafieuse baptisée la French Connection organisait un trafic d'héroïne d'ampleur internationale, fournissant notamment les Etats-Unis. Cet épisode a déjà été porté au cinéma en 1971 par Friedkin dans French Connection avec Gene Hackman. 
Les références sont nombreuses dans le film de Jimenez: Scorcese évidemment, un peu de Coppola, Scarface... Le réalisateur fait cependant très attention à ne pas tomber des l'imitation ou la caricature.

Jimenez a réuni un gros budget (26 millions d'€) pour réaliser un film de gangsters crédible et le résultat tient la route.
La reconstitution du Marseille des années 70 est réussie. Décors, costumes et (surtout) la BO nous plongent rapidement dans l'époque. D'autant que Dujardin et Lellouche ont l'air de prendre un malin plaisir à porter les costumes cintrés et à conduire des DS.

Le scénario ne brille pas par son originalité. On suit chronologiquement l'enquête du juge Michel et, à ce niveau, le film peine à décoller. Rien ne s'emballe vraiment même aux moments plus critiques. L'écriture est pourtant fine et on devine dans les dialogues la patte féminine d'Audrey Diwan qui a co-écrit le scénario.

Le juge et le gangster sont présentés comme les deux faces d'une même pièce. Pas de grand méchant et de gentil immaculé: ils ont tous deux des parts d'ombre et des côtés purs. 

Côté visuel, je ne m'habitue toujours pas aux scènes filmées caméra à l'épaule. Ça m'a vite donné la nausée sans atteindre l'objectif de me plonger dans l'action. 

Le couple Dujardin - Lellouche est bien choisi. Même si dès que le premier fait une blague, on voit ressurgir OSS117, le second donne une intensité brutale à Zampa. Il s'appuie surtout sur ses acolytes pour montrer à quel point son personnage faisait peur. 
Les seconds rôles sont en effet nombreux et bien choisis: Céline Sallette, Benoît Magimel, Melanie Doutey...

Jimenez atteint donc son but de réaliser un film de gangsters à la française, solide et populaire. Quelques maladresses et longueurs plombent un peu le film mais c'est dans l'ensemble réussi.

La petite anecdote:
Pour en savoir plus sur la vraie French Connection (parfois appelée également Corsican Connection), c'est ici
Le réalisateur Cedric Jimenez a grandi à Marseille où son père tenait un restaurant à côté du bar du frère de Zampa.

Note:
3/5

Infos pratiques:
La French
sorti le 3 décembre 2014 en France
réalisateur: Cédric Jimenez
avec: Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Céline Sallette, Benoît Magimel



mercredi 26 novembre 2014

Hunger Games: La Révolte (Partie 1)


Les romans de Suzanne Collins étaient une trilogie mais les sirènes d'Hollywood et du cinéma business ont sonné: ce seront 4 films qui raconteront la saga Hunger Games.

Nous avions laissé Katniss Everdeen s'échappant des jeux et détruisant l'arène. Réfugiée dans le District 13, elle est sollicitée pour devenir l'égérie de la révolution qui gronde et défie le Capitole.

Les Hunger Games correspondent exactement à ce qui marche aujourd'hui à Hollywood: une saga en plusieurs épisodes déclinable en franchise, basée sur des best-sellers ayant une communauté de fans solide, animée par des héros adolescents. 
Ajoutez-y des acteurs dont la cote de popularité a explosé depuis le 1er film et une campagne de promotion savamment dosée. 
Vous obtenez... le meilleur démarrage de l'année aux USA (123M de $ de recette pour le 1er week-end) et 1 million d'entrées en France en une semaine.

Et pourtant, c'est peu dire que ce Hunger Games : La Révolte (Partie 1) est bancal. Son scénario repose sur le 3ème roman mais est focalisé sur un petit épisode qui aurait sans doute pu tenir en 20 minutes. Il a donc fallu tirer sur la corde pour tenir 2h et c'est très léger...

Sortis de l'arène, nos héros s'attaquent à une bataille de plus grande envergure, une bataille politique. Il reste quelques scènes d'actions (pour la plupart déjà aperçues dans la bande-annonce) mais on reste un peu sur sa faim de ce côté-là. 
La thématique principale est l'utilisation des images et des symboles dans une guerre. Katniss doit choisir de devenir ou non le visage de cette révolte. Comment devient-on un symbole? comment les images deviennent-elles des armes? comment met-on une guerre en scène? 

On quitte la dimension psychologique (les romans étaient écrits à la 1ère personne) et l'adolescence pour des thèmes plus rudes. Sans oublier tout de même les amourettes pré-pubères qui rythment l'histoire.
Reste une héroïne un peu paumée, jouée avec toujours autant d'énergie par Jennifer Lawrence. Devenue productrice du film et sous la caméra de son père Francis Lawrence (qui a réalisé I am Legend), elle est omniprésente à l'écran et laisse peu de place à ses camarades, aussi célèbres soient-ils. Julianne Moore en présidente du District 13, Philip Seymour Hoffman dans son dernier rôle (il s'est suicidé une semaine avant la fin du tournage) ou Natalie Dormer (vue dans les séries Les Tudors et Game of Thrones) qui s'est rasé la moitié de la tête pour ce rôle.

La bande-son a été concoctée par la tout jeune Lorde, artiste néo-zélandaise, et c'est plutôt réussi. A écouter ici si ça vous tente.

Finalement, on a surtout l'impression d'assister à une bande-annonce de 2h pour l'épisode final qui sortira dans 1 an. Hunger Games : La Révolte (Partie 1) est dans cette mesure un vrai symbole du cynisme d'Hollywood: parce qu'on a vu le 1 et le 2 et qu'on ira voir le 4, le succès du très moyen n°3 est garanti, même s'il est facturé 10€ (et plus) 

La petite anecdote:
Le symbole de la rébellion des Hunger Games a été repris en Thaïlande par les opposants au régime. Il a même été interdit par les militaires...

Note:
2/5

Infos pratiques:
Hunger Games : La Révolte (Partie 1)
sorti le 19 novembre 2014 en France
réalisateur: Francis Lawrence
avec: Jennifer Lawrence,Josh Hutcherson, Liam Hemsworth, Philip Seymour Hoffman, Julianne Morre

jeudi 20 novembre 2014

Interstellar


L'espace est à la mode. Après Gravity c'est au tour d'Interstellar de nous faire faire le grand saut dans le vide.
Christopher Nolan est un réalisateur qui peut à peu près tout se permettre. Après la trilogie des  et Inception, il signe ici une odyssée de science-fiction au budget de 165 millions de $.

La vie sur Terre est condamnée et l'homme doit aller chercher au-delà de notre galaxie une autre planète où la vie est possible.

Pas de publicité mensongère, Interstellar est un film de science-fiction. C'est même un film de science-fiction volontairement compliqué. Nolan n'a pas cherché à simplifier à outrance les travaux de l'astro-physicien Kip Thorne qui sont à la base du scénario (le chercheur y a même contribué en tant que consultant). Si vous êtes allergiques aux mots comme "tesseract", "trous noirs" et autres théories sur l'espace temps, fuyez. 
L'art de Nolan est de faire évoluer des personnages de chair et de cœur au sein de ces éléments scientifiques.

La comparaison et les références à 2001 Odyssée de l'Espace  de Kubrick sont nombreuses et inévitables. Les deux films utilisent l'expédition spatiale comme métaphore. Mais les différences sont au moins aussi nombreuses que les ressemblances. Par moment, Interstellar fait d'ailleurs davantage penser à Spielberg (qui a travaillé sur le projet à l'origine): la thématique de la famille, les relations père-fille et d'une manière générale les 50 premières minutes du film qui se passent dans une Amérique profonde sur une Terre revenue aux fondamentaux. 
Ces thèmes sont ce qui rend le film accessible et agréable. Les motivations des personnages ne sont pas uniquement centrés autour de la curiosité scientifique. Certes, ils sont embarqués dans la plus grande aventure spatiale mais ils restent humains, avec leurs élans, leurs amours, leurs principes.

L'autre axe d'Interstellar est celui du temps qui passe. Comme il ne s'écoule pas de la même façon sur toutes les planètes et donc pour tous les personnages, s'engage alors une véritable course contre la montre. L'expression prend un sens littéral quand une heure sur une planète équivaut à sept ans sur une autre.
Les 2h50 que dure le films sont donc à relativiser elles aussi. Certaines scènes tirent clairement en longueur mais n'est-ce pas volontaire de la part de Nolan?...

A film hors-norme, casting hors-norme: Matthew McConaughey (oscarisé pour Dallas Buyers Club) est l'acteur sur-mesure pour ce rôle de cosmonaute fermier. Anne Hathaway (Catwoman dans le dernier Batman de Nolan The Dark Knight Rises) l'accompagne avec douceur et élégance. On se délecte aussi de quelques seconds rôles très agréables pour Michael Caine (qui signe sa 6ème collaboration avec Nolan) et John Lithgow.

Interstellar prendra la tête à quiconque essaiera de comprendre ses fondements scientifiques ou voudra tester leur réalisme. Mais si on parvient à voir ces éléments comme un grand décor, il reste un blockbuster comme on en voit peu aujourd'hui. Très bien filmé et dirigé, avec de nombreuses prises de vues réelles (peu de fonds verts qui rendent souvent un résultat peu crédible), basé sur une histoire originale et pas adapté d'un roman. 
Indéniablement un des grands films de cette année. 

La petite anecdote:
comme pour souligner que les relations père-fille sont au cœur, le nom de code du film a longtemps été Flora's Letter. Flora est le (très joli) prénom de la fille de Christopher Nolan.

Note:
4/5

Infos pratiques:
Interstellar
sorti le 5 novembre 2014 en France
réalisateur: Christopher Nolan
avec: Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Jessica Chastain, Michael Caine, Casey Affleck, John Lithgow

jeudi 30 octobre 2014

White Bird


L'adolescence et le déclin de l'American Dream semblent être des sources inusables d'inspiration pour le cinéma. Après Mysterious Skin et  Kaboom, Gregg Araki met ici en scène la nouvelle coqueluche adolescente d'Hollywood dans une rêverie aux faux airs de thriller.

Kat a bientôt 18 ans. Ses hormones se réveillent alors que sa mère disparaît du jour au lendemain sans laisser de trace. Elle va devoir passer à l'âge adulte et se construire avec cette absence. 

En adaptant le roman "Un Oiseau Blanc dans le Blizzard" de Laura Kasishke, Araki décide de se concentrer sur les rêves de Kat. Ils servent de lien entre le passé et le présent, entre ce qu'elle cherche à comprendre et qui reste dans le flou. Ils détiennent aussi la clé de cette disparition maternelle.
Ces rêveries donnent une atmosphère très particulière à White Bird: le film est à la fois cotonneux, onirique ainsi que froid et policier. On est d'ailleurs un peu perdus en tant que spectateur: entre teen-movie, enquête, drame, enrobé de quelques pointes d'humour. On ne sait pas trop sur quel pied danser ni ce qu'on est vraiment en train de voir. 
On pense par moment à American Beauty, pour la thématique de la famille américaine bien sous tout rapport mais qui cache des dysfonctionnements profonds. On ne retrouve pourtant pas le cynisme de Sam Mendes.

Le couple mère-fille autour duquel le scénario est articulé est interprété par Eva Green (Casino Royale, Dark Shadows et plus récemment Sin City: j'ai tué pour elle) et Shailene Woodley. La première semble vouée à ne jouer que des beautés fatales. Araki la filme ici tantôt splendide tantôt zombie. cette mère qui voit en sa fille la jeunesse qu'elle a perdu est magnétique.
Elle fait face à Shailene Woodley (Divergente, Nos Etoiles Contraires). Forte et sensible à la fois, elle donne à Kat ce qu'il faut de sincérité et de naïveté.

Car Kat, le personnage central, est la dernière à comprendre ce qui se passe: ses amis, amants, et même nous les spectateurs la regardons alors ouvrir les yeux avec un temps de retard.

White Bird filme aussi l'adolescence, la libido débordante et les hormones qui font leur effet. Moins trash que son dernier film Kaboom, Araki a tout de même a cœur de montrer les tensions sexuelles entre les personnages.

L'ambiance feutrée de White Bird m'a gênée. Le film ne dure qu'1h30 mais certaines scènes tirent en longueur et m'ont perdue en route. 
Reste une mise en scène maîtrisée et un scénario construit (y compris quelques surprises bienvenues) ainsi qu'un couple mère-fille qui fait réfléchir sur le passage à l'âge adulte.

La petite anecdote:
Le film se déroule à la fin des années 1980 et la BO new-wave vaut le détour (à noter la présence de New Order):  http://open.spotify.com/user/sanyasanya83/playlist/2YeyeVplRzIWjdrvUokyuy

Note:
2.5/5

Infos pratiques:
White Bird
sorti le 15 octobre 2014 en France
réalisateur: Gregg Araki
avec: Shailene Woodley, Eva Green, Christopher Meloni

jeudi 23 octobre 2014

Gone Girl


Le maître du thriller est de retour. David Fincher (Se7en, Fight Club et plus récemment, Millenium) adapte un best-seller de Gillian Flynn et nous fait trembler.

Nick Dunne rentre chez lui pour fêter ses 5 ans de mariage. Mais sa femme Amy a disparu et il se rend progressivement compte que tout l'accuse.

Gone Girl est tiré du roman Les Apparences de Gillian Flynn, qui a elle-même écrit le scénario (et a ainsi pris quelques libertés). 
Tout part d'un couple en apparence idéal et dont on découvre les fêlures petit à petit. Difficile de ne rien révéler du scénario qui va de surprises en rebondissements. 
Le réalisateur crée une tension qu'il fait grandir petit à petit et qu'il manipule à sa guise. 

L'intelligence de Fincher est de se servir de cette histoire pour parler d'autres aspects de la société américaine. Il a réalisé The Social Network en 2010: les conséquences de l'omniprésence de Facebook et la place de la vie privée sont abordés dans Gone Girl. La disparition d'Amy prend en effet des proportions gigantesques quand les médias s'en emparent. Les effets sur la vie des protagonistes sont démultipliés.

Fincher dénonce également l'image du couple et du mariage qui sont, selon lui sources de non-dits, de malaise et de désir de contrôler l'autre. A ce titre, Gone Girl est un film très pessimiste: sous de faux airs de comédie et en faisant appel à l'humour, le réalisateur a une vision très noire.

C'est finalement de l'image dont il est question (n'oublions pas le titre du roman d'origine Les Apparences): l'image qu'on renvoie aux autres, à ceux qu'on aime, à ceux qui nous entourent, à ceux qui jugent sans nous connaître. Jusqu'à quel point crée-t-on un illusion et comment peut-on jouer de ces apparences?

Ben Affleck est le mari pas si parfait qui risque d'être victime de lui-même. Il s'en sort correctement, sans plus. Rosamund Pike (vue dans le mauvais Jack Reacher) sort, elle, son épingle du jeu en héroïne hitchcockienne: beauté froide et fragile mais pas seulement.

Fincher maîtrise ses effets de réalisation à la perfection et nous balade de bout en bout. Certes, certains rebondissements sont difficilement crédibles et d'autres prévisibles. Mais on se dit quand même que ce sera bien de voir Gone Girl une 2ème fois pour ne rien louper.
Les références aux maîtres du genre sont nombreuses (une scène de douche par exemple n'est pas sans rappeler Hitchock) et on s'en délecte comme autant de clins d’œil. 

Une machine diaboliquement bien huilée...

La petite anecdote:
Pour les fans du clip "Blurred Lines" de Robin Thicke qui a fait couler beaucoup d'encre en 2013, sachez qu'Emily Ratajkowski est au générique de Gone Girl, et que c'est davantage pour sa taille de soutien gorge que pour son jeu d'actrice.

Note:
3.5/5

Infos pratiques:
Gone Girl
sorti le 8 octobre 2014 en France
réalisateur: David Fincher
avec: Ben Affleck, Rosamund Pike, Neil Patrick Harris, Emily Ratajkowski

mercredi 15 octobre 2014

Mommy


De temps en temps, un film vous rappelle pourquoi le cinéma est un art qui touche de façon particulière et qui peut vous emmener très loin.
Mommy, le nouveau long-métrage du jeune québécois Xavier Dolan est de ceux-là.

Diane Desprès, veuve quadra, récupère la garde de son fils de 16 ans quand celui-ci est renvoyé pour violence du centre dans lequel il était placé. Ils vont apprendre à vivre ensemble, aidés par leur voisine.

Pour décrire Xavier Dolan, les journalistes s'emballent: génie, chef-d'oeuvre, sublime, extraordinaire, etc.
Le réalisateur de 25 ans en effet déjà 5 films à son actifs, dont 4 ont été sélectionnés à Cannes (J'ai tué ma mère en 2009 à la Quinzaine des Réalisateurs, Les Amours Imaginaires et Laurence Anyways en Un Certain Regard en 2010 et 2012 et Mommy en sélection officielle cette année). Il a même dû partager son Prix du Jury, reçu ex-aequo avec Jean-Luc Godard...
Et pourtant, je n'avais jamais été attirée par ses films. Gros choc donc en voyant Mommy

La figure de la mère est un thème qui l'inspire et on se demande presque comment un jeune homme de 25 ans peut écrire des rôles de femmes de 40 ans aussi beaux et complexes.

Steve est un ado hyperactif et constamment au bord de l'explosion. Il aime sa mère à sa façon et elle le lui rend bien. Mais leurs fêlures respectives rendent leur relation difficile et instable. Quand leur voisine vient compléter ce triangle, un certain équilibre s'installe. Leurs relations sont à la fois fascinantes et troublantes et Dolan parvient à les filmer avec une grande empathie.
Le caractère imprévisible des personnages nous maintient en état de tension du début à la fin des 2h15 que dure le film.

Les trois acteurs sont extraordinaires. 
Anne Dorval et Suzanne Clément sont des habituées du cinéma de Dolan. Elles composent ici les deux facettes d'une mère en même temps qu'une histoire d'amitié qui va au-delà des mots.
Steve est magistralement interprété par Antoine-Olivier Pilon, angélique autant que détestable, à qui le réalisateur avait déjà fait appel pour un clip d'Indochine (voir ci-dessous "La petite anecdote").

Dolan a choisi de filmer en format carré 1:1 qui, s'il surprend et gène un peu lors des premières minutes, prend tout son sens au fil du film. Steve et Diane sont enfermés, ils n'ont pas de porte de sortie et cela se traduit par ces plans serrés. Il n'y a de la place à l'écran que pour une personne à la fois.

Intégralement joué en joual, ce dialecte québécois haut en couleur, le film est sous-titré (le réalisateur a lui-même assuré la "traduction" en français) pour nous permettre de ne rien rater des échanges verbaux parfois violents.
C'est d'ailleurs un des seuls reproches que je peux faire: on frôle parfois l'hystérie et cela pèse par moments.

Ces personnages ambivalents, à la fois détestables et aimables, Dolan les filme sans aucun cynisme et provoque chez nous des réactions épidermiques. Il utilise notamment la musique comme un ingrédient à part entière de sa réalisation. Je n'aurai pas pensé être autant émue par une chanson de Céline Dion (sacrée d'ailleurs "trésor national" à l'occasion). 

Mommy est donc à ne pas rater. Préparez-vous à un tour en machine à laver dont vous allez ressortir secoué(e).
Et dire que Dolan n'a que 25 ans, à suivre de près...

La petite anecdote:
Xavier Dolan avait déjà tourné en format carré, pour un clip controversé, celui de la chanson College Boy d'Indochine. On y reconnaît également l'acteur Antoine-Olivier Pilon.
Attention, certaines images peuvent choquer.

Note:
4.5/5

Infos pratiques:
Mommy
sorti le 8 octobre 2014 en France
réalisateur: Xavier Dolan
avec: Anne Dorval, Antoine-Olivier Pilon, Suzanne Clément