vendredi 29 janvier 2016

Carol


En ce début d'année 2016 riche en films de tous genres, c'est vers ce succès du dernier Festival de Cannes que s'est tournée ma curiosité.

Dans l'Amérique des années 50, deux femmes se rencontrent. Alors que l'âge, la condition sociale et la morale les séparent, elles vont tomber amoureuses.

Le réalisateur Todd Haynes avait fait sensation avec I'm not there qui retraçait la vie de Bob Dylan qui était interprété par 6 acteurs et actrices différents (dont Cate Blanchett). Il adapte ici le roman de Patricia Highsmith publié pour la première fois en 1952. Celle-ci est également l'auteure de Mr Ripley qui a été porté à l'écran en 2000 (avec... Cate Blanchett)

Todd Haynes nous emmène à New York, en hiver, et installe une atmosphère suave et ouatée.
Le sujet, qui paraît aujourd'hui simple, était à l'époque un potentiel scandale dans l'Amérique puritaine des années 50. Les héroïnes risquent des poursuites pénales pour leur relation homosexuelle. Tout est donc caché et dans la retenue. On se place du point de vue de l’amoureuse qui observe, admire, voire est sidérée. Todd Haynes filme ce regard qui devient forcément sensuel tout en restant chaste.

On regrettera cependant un manque de passion. La mise en scène très académique ne sort jamais des clous et le rythme un peu lent crée un manque d'émotion par moment.

La forme est cependant splendide. Le réalisateur et son chef opérateur ont étudié les photographes des années 50 et certains plans semblent être des reproductions de travaux de Saul Leiter notamment. On pense aussi aux tableaux de Hopper.
Les costumes et décors sont également particulièrement soignés.

C'est enfin l'interprétation qui donne à Carol toute sa profondeur. Cate Blanchett en beauté bourgeoise si sophistiquée et si proche de l'effondrement. Et Rooney Mara (Millenium) qui a reçu à Cannes le Prix d'Interprétation Féminine et qui semble une réincarnation d'Audrey Hepburn.

Carol est un mélo d'époque qui fait la part belle à ses personnages. La romance taboue est volontairement mise sous cloche et un peu étouffée: c'est dommage mais c'est une vraie réussite esthétique.

La petite anecdote:

Note:
3.5/5

Infos pratiques:
Carol
sorti le 13 février 2016 en France
réalisateur: Todd Haynes
avec: Cate Blanchett, Rooney Mara

mardi 19 janvier 2016

The Big Short: le casse du siècle


Annoncé comme un Ocean's Eleven à Wall Street et avec un casting royal (indice: les noms des acteurs sont écrits plus gros que le titre du film sur l'affiche), The Big Short avait de quoi séduire sur le papier.

En 2005, quelques outsiders de la finance voient ce que le reste du monde refusait d'admettre: le système financier américain était pourri. Ils décident alors de parier contre les banques.

Adapté du roman de Michael Lewis The Big Short: Inside the Doomsday Machine, ce film a une volonté de vulgarisation des mécanismes financiers ayant mené à la crise de 2008. Celle-ci a eu des répercussions mondiales et pourtant, on a bien du mal à comprendre d'où c'est parti. "C'est à cause des subprimes", et vous, vous savez ce que c'est que les subprimes?
Le réalisateur Adam McKay, abonné jusqu'ici aux comédies (dont le loufoque Ricky Bobby, Roi du Circuit) décide donc de nous expliquer ce qui a provoqué cette crise.

Il adopte un montage très rythmé, des images d'archives, des prises de vue caméra à l'épaule et même des apartés pour clarifier quand ça devient vraiment technique. 
Sauf que mettre Margot Robbie (Le Loup de Wall Street) dans un bain moussant ne m'aide pas vraiment à comprendre le marché obligataire...
J'ai bien saisi que les banques étaient véreuses et que l'appât du gain a mené à la création d'une bulle. J'ai aussi compris que tout un environnement se protégeait mutuellement: banques, agences de notations, journalistes, etc. Mais je ne suis toujours pas capable d'expliquer ce qu'est un subprime...

Le très bon Margin Call évoluait dans le même cadre sans chercher à rentrer dans les détails techniques et parvenait à nous raconter une atmosphère. The Big Short nous perd dans des détails. 
L'humour savamment distillé vient heureusement nous sortir du ron-ron des tutoriels.

Le casting 4 étoiles s'en donne à cœur joie. 
Christian Bale (nominé aux Oscars pour ce rôle) en geek complètement perché en fait trop. 
Ryan Gosling en moumoute et faux bronzage s'amuse et ça se voit.
Steve Carell continue sur sa lancée de rôles sérieux (Foxcatcher par exemple), voulant sans doute changer son image comique. 
Brad Pitt a un rôle décalé, qui sert de repère moral dans cette frénésie décorelée de la réalité économique.

Adam McKay parvient à véhiculer son message: on ressort de The Big Short convaincus que le système est pourri de l'intérieur et que les erreurs du passé n'ont pas du tout servi de leçon. La volonté d'indigner est noble mais il est difficile de s'énerver quand on a été noyé sous les explications financières trop techniques.
Dommage...

La petite anecdote:
Si Wikipédia peut vous aider à y voir plus clair... https://fr.wikipedia.org/wiki/Subprime

Note:
2.5/5

Infos pratiques:
The Big Short: le casse du siècle
réalisateur: Adam McKay
avec: Steve Carell, Ryan Gosling, Christian Bale, Brad Pitt



mardi 5 janvier 2016

Top 10 2015


Une année ciné qui s'achève avec ses hauts et ses bas, ses bonnes surprises et ses déceptions. 
29 films vus et commentés, voici mes 10 préférés.


Certains d'entre vous me demandent parfois des conseils de films à (re)voir. Une petite astuce, la page Index par note qui vous classera d'office mes coups de coeur. Et si vous voulez retrouver cette page ensuite, vous pouvez cliquer sur le libellé à droite de ce texte.


Et pour un petit aperçu de ces films 2015 (et bien d'autres que je n'ai pas eu le temps de voir), c'est ici.

lundi 4 janvier 2016

Star Wars: Le Réveil de la Force


Article garanti sans spoiler!
Rachetée en 2012 par Disney, la franchise Star Wars voit donc arriver son épisode 7 (après les 4, 5, 6 sortis fin des années 70 et les 1,2,3 début des années 2000). La réalisation a été confiée à J.J Abrams (créateur de Lost, Super 8, Star Trek), fan affiché des films originaux de George Lucas.

30 ans après les faits relatés dans Star Wars: Le Retour du Jedi, une nouvelle menace plane sur la République. L'ordre Jedi n'existe plus et le Premier Ordre grandit. La résistance s'organise...

Qu'il est agréable de ne pas être déçu(e) à la sortie d'un film très attendu (quel euphémisme). Alors que la prélogie (épisodes 1-2-3), réalisée par Georges Lucas avait chagriné de nombreux fans à cause d'une utilisation mal maîtrisée d'effets spéciaux numériques, ce nouveau départ suscite beaucoup d'enthousiasme.

JJ Abrams a réussi à réaliser un épisode de transition en respectant les règles mais également en introduisant une nouvelle génération de personnages. Star Wars: Le Reveil de la Force est le 1er épisode d'une nouvelle trilogie et il fallait l'enchaîner correctement avec les précédents.

Qu'on ne s'y trompe pas, cet épisode VII reste un produit ultra-calibré, destiné à plaire à la communauté de fans et à vendre des produits dérivés.
Pas de grosse surprise donc au niveau du scénario. On a même parfois l'impression d'un copier-coller de scènes des films précédents tant les clins d'oeil se font nombreux. 

32 ans se sont écoulés depuis la sortie de l'épisode VI (Star Wars: Le Retour du Jedi) et les acteurs ont donc vieilli en même temps que leurs personnages. Ils ont tous accepté de rempiler et on retrouve donc Han Solo, Chewbacca (qui a pris moins de rides que ses partenaires), Leia, etc. 
Le temps qui a passé est évoqué hors-champs et Abrams filme ces retrouvailles sans ironie et avec beaucoup de douceur. La narration est assez linéaire mais le rythme entre scènes d'action, poursuites spatiales et moments plus calmes est le bon.

Abrams réintègre par ailleurs une dose d'humour très bienvenue, notamment par le personnage de Finn (joué par John Boyega).

La nouvelle génération de personnage est diverse et pleine de possibilités. En confiant ces rôles à des acteurs peu connus du grand public, Abrams fait le bon choix. Daisy Ridley est Rey, une pilleuse d'épave dont on ne connaît pas les origines. Sorte de double de Keira Knightley, elle donne corps à ce personnage principal, féminin et surdoué. 
Le débat porte plutôt sur Adam Driver (vu dans la série Girls, aperçu dans Lincoln) qui joue Kylo Ren, le nouveau méchant et représentant du côté obscur de la Force. Evidemment moins charismatique que Dark Vador, je trouve sa complexité intéressante. Mais elle ne plait pas à tout le monde.
Tout au long de la saga, et cet épisode n'y échappe pas, les personnages évoluent en duo ou en trio, quelles que soient leurs allégeances et ces interactions fonctionnent bien. 

On appréciera d'autant plus ce film qu'on est familier de l'univers Star Wars tant les clins d'oeil scénaristiques et visuels sont nombreux. On est heureux de voir ces souvenirs dépoussiérés même si on peut déplorer un manque d'audace et de nouveautés.

La mission est selon moi accomplie avec une saga qui renaît, un film qui fait le pont avec les épisodes précédents et un spectacle de 2h15 réussi.

La petite anecdote:
Les produits dérivés de Star Wars: Le Reveil de la Force ont déferlé au moment de la sortie du film. En voici parmi les plus étranges: le mascara Star Wars, le raisin Yoda, le dérouleur de scotch C3-PO ou encore le déambulateur...

Note:
4/5
Infos pratiques:
Star Wars: Le Reveil de la Force
sorti le 16 décembre 2015 en France
réalisateur: J.J Abrams
avec: daisy Ridley, John Boyega, Harrisson Ford, Carrie Fisher, Adma Driver