jeudi 26 juin 2014

Jersey Boys


Sauriez-vous dire qui chantait Can't Take My Eyes Off You ou Big Girls Don't Cry ? Clint Eastwood revient sur la carrière fulgurante des Four Seasons dans les années 50-60.

Quatre garçons du New Jerseys se lancent la chanson et parviennent à percer après quelques galères et deviennent des stars.

Jersey Boys est l'adaptation au cinéma d'une comédie musicale de Broadway qui a connu un immense succès. Eastwood, depuis longtemps passionné de musique, a repris le projet quand Jon Favreau (Iron Man) l'a quitté. 
Il a par ailleurs choisi de s'entourer de l'équipe du show puisque la plupart des acteurs interprètent leur rôle à la fois à l'écran et sur les planches. C'est notamment le cas de John Lloyd Young qui avait obtenu un Tony Award (l'équivalent des oscars pour les comédies musicales) en 2006 pour le rôle de Frankie Valli.

Même s'il est adapté d'une comédie musicale, Jersey Boys est avant tout un biopic. Il nous raconte l'histoire de ce groupe en l'illustrant de chansons qu'ils ont interprétées. La musique s'intègre naturellement, et il n'y a pas de scène chantée (ce n'est pas Chicago ou un Disney...). 

Le thème n'est pas nouveau: ces quatre jeunes partis de loin et qui grimpent très vite au sommet, sans finalement savoir comment gérer le succès qui leur tombe dessus. Eastwood s'appuie sur un scénario et des dialogues très bien écrits et sur une mise en scène assez classique. Il y ajoute quelques clins d’œil comme les personnages qui s'adressent directement au public, face caméra.

Cependant, malgré un montage vif qui insuffle un rythme soutenu au film, il s'installe progressivement une mollesse. On monte rapidement en puissance mais l'histoire tire en longueur.
Et même si Eastwood a bien réalisé, on a du mal à sentir sa patte sur le film. On ne vibre pas vraiment pour ces quatre garçons et on est bien loin des Gran Torino et autres Sur la Route de Madison. On penserait plutôt au (pas très bon) J. Edgar

Les acteurs jouent leur rôle avec prestance. Ils chantent également eux-mêmes et réinventent ces rôles qu'ils connaissent pourtant si bien puisqu'ils les jouent tous les soirs ou presque.

Chansons pop entraînantes, histoire bien racontée, mise en scène efficace: Jersey Boys ne brille pas de mille feux mais se laisse agréablement regarder.

La petite anecdote:
Christopher Walken est un très bon danseur. Il le prouve dans le clip de Fat Boy Slim ici.  

Note:
3/5

Infos pratiques:
Jersey Boys
sorti le 18 juin 2014
réalisé par: Clint Eastwood
avec: Christopher Walken, John Lloyd Young

mardi 17 juin 2014

Sous les jupes des filles


Le "film de filles" a le vent en poupe. Après Les Gazelles au mois d'avril, l'actrice Audrey Dana signe son premier film et nous propose de découvrir ce qui se passe Sous les jupes des filles

Elles sont onze et ont toutes des vies, des préoccupations et des caractères très différents. Elles vont se croiser et dresser un portrait aux multiples facettes de la femme d'aujourd'hui.

Ces onze femmes, Audrey Dana les a conçues comme les pièces d'un puzzle pour reconstituer la fille dans laquelle chacune va pouvoir se retrouver, au moins partiellement. Exubérantes, romantiques, complexées, courageuses... 
Sous les jupes des filles est un film choral: on passe d'un personnage à l'autre avec quelques éléments de l'histoire qui les relie (l'une est la sœur de l'autre, ou sa voisine...). Il pêche principalement par son manque de scénario car il est construit comme une suite de sketches. 2h sans écriture et avec autant de personnages, ça pèse vite lourd.

Mais Audrey Dana n'a pas d'autre prétention que de faire rire. Pas de message féministe (une chienne de garde qui verrait le film ferait sans doute une crise cardiaque), pas de morale à retenir. On vient entre copines et on débranche son cerveau.

Sous les jupes des filles est un film d'actrice(s): on sent que la réalisatrice a passé un très bon moment avec une bande de comédiennes triées sur le volet. Elle prend un malin plaisir à les mettre dans des situations incongrues. 
Pour certaines, le résultat est agréablement surprenant (Marina Hands ou Alice Taglioni par example). Pour d'autres, on est géné de les voir patauger (Vanessa Paradis ou Isabelle Adjani). Le casting reste tout de même un des arguments n°1 de ce film. On peut parier sans trop de risque un succès au box-office, en grande partie grâce à cette distribution façon Expandables en escarpins.

Le film ne manque ni d'énergie, ni de culot. Les histoires de fesses des personnages sont racontées sans aucun complexe, mieux vaut être prévenu. La limite entre l’irrévérencieux et le vulgaire sera fixée par chacun.

Sous les jupes des filles est pour moi l'équivalent d'un magazine féminin comme Be! ou Cosmo: bourré de clichés et de caricatures, on l'achète quand on a du temps à passer,  et qu'on a envie de sourire sans trop réfléchir.

La petite anecdote:
La bande-son du film est une belle réussite signée Imany. A découvrir ici.

Note:
1,5/5

Infos pratiques:
Sous les jupes des filles
sorti le 4 juin 2014 en France
réalisateur: Audrey Dana
avec: Vanessa Paradis, Isabelle Adjani, Laetitia Casta, Marina Hands, Alice Taglioni

vendredi 6 juin 2014

The Rover


J'avais beaucoup aimé Animal Kingdom (2011) du réalisateur australien David Michôd. La présentation à Cannes (hors compétition) de son nouveau film The Rover laissait présager le meilleur.

Suite à une crise économique dévastatrice, l'Australie est un désert où règne la loi du plus fort. Quand on lui vole sa voiture, Eric part à la poursuite du gang avec une détermination implacable.

Animal Kingdom nous plongeait au cœur d'une famille de criminels à Melbourne et faisait penser à Scorcese. The Rover ne change pas de pays mais de décor puisque c'est dans le désert australien qu'on nous promène  pendant 1h45. Un désert qui fait forcément penser à Mad Max mais la comparaison s'arrête vite.

The Rover est un film dans lequel la violence est un mode d'expression: dans un pays qui a perdu toute justice et ordre moral, le pire refait surface et c'est celui qui dégaine le plus vite qui s'en sort. La réussite de Michôd et de faire comprendre cette violence au spectateur. On n'est pas dans le spectacle et le sang qui gicle comme chez Tarantino. L'environnement est tellement rude et désespéré que les personnages sont voués à être violents pour survivre.

Par certains aspects, The Rover est un western: il en respecte de nombreux codes, des lumières solaires aux personnages solitaires et filmés de dos. 
Michôd plante son décor puis nous raconte une histoire plutôt simple (un autre code du western) et économise les dialogues. Les informations sont distillées au spectateur au compte goutte. On doit alors imaginer ce qui anime les personnages, ce qu'ils poursuivent, ce qu'ils fuient. La gymnastique est intéressante mais elle est poussée trop loin. 
Le coté "film atmosphérique" a de bons côtés, à commencer par la beauté de la photo et des paysages filmés avec de longs plans. Le revers de la médaille est un rythme très lent. En ne nourrissant pas le spectateur d'informations, le réalisateur nous perd en cours de route.

Guy Pearce, plus mutique que jamais, incarne cet Eric dont l'obstination est longtemps incompréhensible. Il donne l'impression d'être en permanence sur le point d'exploser. Pearce accompagne brillamment l'évolution de son personnage.
La bonne surprise vient de la seconde moitié du duo car c'est Robert Pattinson (le vampire de Twilight, également vu dans le terrible Cosmospolis de Cronenberg) qui l'accompagne. En benêt qui ne mesure pas les effets secondaires de ses actes, il livre une performance étonnante.
C'est finalement le contraste entre ces deux personnages qui fait la force du film. Le choix et la direction des acteurs y étant pour beaucoup dans la construction de cet équilibre.

The Rover raconte la perte d'humanité. C'est un film brutal à la violence parfois absurde. Ce n'est pas un film à mettre entre toutes les mains mais Michôd confirme son potentiel avec sa mise en scène très maîtrisée.

La petite anecdote:
Le film a été tourné dans la chaîne des Flinders, au Nord d'Adelaïde.
Si vous voulez y faire un tour, c'est par ici

Note:
3/5

Infos pratiques:
The Rover
sorti le 4 juin 2014 en France
réalisateur: David Michôd
avec: Guy Pearce, Robert Pattinson

mercredi 4 juin 2014

Maléfique


Les contes de fée ont aussi leur côté sombre et c'est souvent le plus intéressant... Disney a demandé à Robert Stromberg de revisiter le classique de 1959 La Belle au Bois Dormant.

Maléfique est donc l'histoire cachée de ce qui a mené cette fée à jeter ce sort à la petite Aurore.

Difficile d'en dire davantage sans révéler quelques surprises qui valent le coup d'être découvertes sur grand écran!

Maléfique est une fée, elle évolue dans un monde fantastique peuplé d'autres créatures magiques. Le paradis pour le réalisateur Robert Stromberg qui a été directeur artistique pour de nombreux films comme Avatar, L'Odyssée de Pi, Le Monde Fantastique d'Oz, etc. C'est un spécialiste des effets spéciaux et il joue avec la 3D pour nous plonger dans son monde. On peut même considérer la surenchère d'effets visuels assez lourde.

Même si c'est un Disney, il n'est pas à mettre devant les yeux de tous les enfants. Certaines scènes de bataille sont assez violentes et l'univers est plutôt sombre.

Maléfique repose sur Angelina Jolie. Rôle titre et central, elle est effrayante mais classe, charismatique mais fragile. Elle donne vie au personnage du dessin animé et s'éclate visiblement à porter les cornes de Maléfique.
Elle Fanning (vue dans L'Etrange Histoire de Benjamin Button et Super 8) joue Aurore et est relativement insipide.
Sharlto Copley (District 9Elysium) prête quand à lui son accent sud africain au roi Stefan et incarne la métaphore de l'alpha mâle qui se laisse dépasser par son ambition.

La thématique et le message de Maléfique sont multiples. On peut y trouver plusieurs niveaux de lecture, le problème étant qu'aucun d'entre eux n'est vraiment poussé jusqu'au bout. Maléfique peut être à la fois interprété comme une ode au féminisme, une dénonciation du viol et/ou une réhabilitation des méchants. Certains y ont même vu une histoire d'amour lesbienne.
Le scénario est assez disparate: plusieurs pistes sont lancées mais le découpage est bancal: une introduction trop longue, un final en queue de poisson... Le spectateur reste un peu sur sa faim.

Grâce à Maléfique, un bon coup de balai est donné sur les vieux contes de fée et par la même occasion dans le catalogue Disney. Etre capable de réinventer les mythes et les renouveler est une vraie performance.

La superstar Angelina Jolie trouve avec Maléfique un rôle taillé sur mesure. La débauche d'effets spéciaux peut être indigeste mais on rentre dans un univers à part et la relecture du conte est moins bête que prévue.

La petite anecdote:
Vivienne, une des filles d'Angelina Jolie et de Brad Pitt a joué dans une scène du film car c'était la seule enfant à ne pas avoir peur de l'actrice quand elle portait son costume.

Note:
3/5

Infos pratiques:
Maléfique
sorti le 28 mai 2014 en France
réalisateur: Robert Stromberg
avec: Angelina Jolie, Elle Fanning, Sharlto Copley