lundi 23 décembre 2013

J'ai été voir... Le Hobbit - La Désolation de Smaug


Et revoilà le hobbit! Sortie du 2ème épisode de la nouvelle trilogie a adaptée de l'oeuvre de Tolkien par le réalisateur Peter Jackson.

Le 1er opus Le Hobbit - Un Voyage Inattendu, sorti fin 2012, racontait comment Bilbo Saquet partait pour une aventure en compagnie de Gandalf le magicien et une compagnie de 13 nains. 
Nous les retrouvons donc en chemin et approchant du but. Ils vont cependant rencontrer quelques obstacles tels qu'un groupe d'orques, une famille d'araignées géantes, des elfes peu coopératifs et... le dragon Smaug.

Comme beaucoup de n°2 dans les trilogies, La Désolation de Smaug a un challenge difficile à relever: continuer de surprendre alors que les spectateur connaît les personnages et sait que l'histoire ne va pas se terminer à la fin du film. Les 2èmes épisodes sont souvent les plus faibles à cause de cet effet de transition. Ils sont nécessaires pour progresser dans le récit mais moins intéressants que les autres.
La Désolation de Smaug n'échappe pas à la règle et paraît bien long car il ne parvient pas à se renouveler.

J'aime l'heroic fantasy et j'ai beaucoup apprécié l'univers des Seigneurs des Anneaux. Mais au bout de 5 films dans cet environnement, il en faut plus que quelques elfes et de beaux paysages (certes à couper le souffle) pour maintenir l'intérêt du spectateur.

Peter Jackson n'a en revanche pas loupé ses scènes d'action. A 2 ou 3 reprises La Désolation de Smaug s'emballe et la 3D aide à rendre les décors encore plus spectaculaires.
Jackson installe aussi quelques intrigues parallèles pour nourrir le récit. Gandalf part par exemple de son côté à la recherche du Nécromancien. Cela donne lieu à une scène limite psychédélique. Pour les fans du Seigneur des Anneaux on retrouve quelques indices et références au conflit qui est conté dans la première trilogie. 

Alors que le romand d'origine Bilbo le Hobbit était destiné aux enfants, le triptyque de Peter Jackson prend une teinte très sombre au fur et à mesure de son déroulement. Bilbo expérimente les pouvoirs de l'anneau, Thorin devient inquiétant, le roi des elfes est clairement dérangeant et d'une manière générale, on sent une menace s'installer sur la Terre du Milieu.

Martin Freeman est toujours impeccable en Biblo mais bien moins drôle que dans le 1er film. On retrouve avec plaisir Orlando Bloom en Legolas, accompagnée d'Evangeline Lily, ravissante Tauriel au cœur d'artichaut.

La Désolation de Smaug  est donc un beau spectacle visuel, à voir dans une grande salle si possible. Les presque 3h sont longues mais quelques scènes très réussies feront passer le temps... jusqu'au n°3, prévu en 2014.

La petite anecdote:
Lors d'une projection au Brésil, une des enceintes du cinéma n'a pas résisté au 1er hurlement de Smaug le dragon et a explosé... 

Infos pratiques:
La Désolation de Smaug
sorti le 11 décembre 2013 en France
réalisateur: Peter Jackson
avec: Martin Freeman, Richard Armitage, Orlando Bloom, Christopher Lee, Evangeline Lily
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19540033&cfilm=186918.html

mercredi 4 décembre 2013

J'ai été voir... Cet été-là


Le programme ciné de cette fin d'année est-il trop rempli? le contrat de distribution en France est-il bancal? je ne m'explique toujours pas pourquoi Cet été-là a été une sortie si confidentielle (1 salle seulement le diffuse à Paris, une fois par jour). Le casting est pourtant alléchant, et l'entête "par le studio de Little Miss Sunshine" devrait en convaincre plus d'un...

Duncan est un ado renfermé et mal dans sa peau. L'été qu'il va devoir passer avec sa mère et le copain de celle-ci s'annonce mal. Et pourtant...

Les réalisateurs Nat Faxon et Jim Rash signent ici leur 1er film. ce ne sont pourtant pas des débutants: tous deux acteurs dans des séries, ils ont aussi signé le scénario de The Descendants pour lequel ils ont reçu l'oscar en 2012.
On retrouve donc un peu l'ambiance de Little Miss Sunshine : pas seulement parce que les deux acteurs principaux (Steve Carell et Toni Collette) sont aussi à l'affiche mais surtout pour ce ton mi-cynique mi-optimiste qui permet de parler de familles dysfonctionnelles le sourire aux lèvres.

Cet été-là est un film ensoleillé: une histoire estivale pendant laquelle les protagonistes bronzent, portent des shorts colorés et passent leurs soirées autour d'un barbecue. L'effet "vacances" est assez agréable.
Le scénario est assez simple et linéaire: pas de grande surprise ou de désillusion. On a même parfois l'impression de déjà vu. Un de ces films bien conçus qui font sourire sans laisser de trace.

Duncan, interprété par Liam James dont la mine boudeuse colle au personnage, a tout de l'ado mal à l'aise. On prend du poil de la bête avec lui et on s'enthousiasme quand il serre enfin les poings.
Steve Carell (Crazy Stupid Love, Little Miss Sunshine) est détestable à souhait en beau-père autoritaire. Toni Collette (Little Miss Sunshine et la série United States of Taracomplète le tableau parental en mère divorcée qui a perdu ses repères.
Mais c'est surtout Sam Rockwell (vu dans l'étrange Moon) qui emmène le film ailleurs avec son rôle de mentor looser décalé et très drôle. On guette tout simplement les scènes dans lesquelles il apparaît.

Cet été-là est un film tendre et sincère, et ces aspects font qu'on lui pardonne certains côtés maladroits et un peu caricaturaux. 

La petite anecdote:
Le film a été tourné dans la jolie bourgade de Marshfield, Massachusetts. Et vous trouverez ici les endroits où y promener votre chien...

Infos pratiques:
Cet été-là 
sorti le 27 novembre 2013 en France
réalisateurs: Nat Faxon et Jim Rash
avec: Liam James, Steve Carell, Toni Collette, Sam Rockwell
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19540180&cfilm=138313.html




jeudi 28 novembre 2013

J'ai été voir... Hunger Games : l'Embrasement


Le 1er volet de la saga Hunger Games, sorti en mars 2012 a suffisamment fédéré le public pour enclencher les suite: des 3 romans de Suzanne Collins seront adaptés 4 films, dont Hunger Games: l'Embrasement est le n°2.

On retrouve Katniss et Peeta à la veille de leur tournée célébrant leur victoire dans les Hunger Games. Mais ce n'est pas un retour à la normale puisqu'une rébellion gronde qui inquiète le Capitole. 

Ce 2ème volet est globalement plus réussi que le 1er. Gary Ross a cédé son siège de réalisateur à Francis Lawrence (I am Legend) qui a fait des choix visuels plus classiques. Exit la caméra à l'épaule, place à des plans larges et des paysages léchés. Le spectateur n'étant plus secoué dans tous les sens, il peut se concentrer sur le fond de l'histoire.

Pendant la première heure, on s'ennuie un peu. Avant de rentrer dans le vif du sujet, on s'attarde à revenir sur le premier épisode et sur les nouveaux protagonistes. Sans doute nécessaire mais un peu long avant que l'action ne démarre vraiment.

L'intérêt principal de ce 2ème volet est l'envergure que prend le personnage de Katniss. La jeune ado victime de son sort laisse la place à un symbole. Elle a mûri et comprend mieux les conséquences de ses actes. Jennifer Lawrence a elle aussi pris une autre dimension depuis mars 2012: un oscar pour Happiness Therapy  et une reconnaissance de tout Hollywood, elle retrouve Katniss et lui donne toute son énergie.

Principale différence pour moi: j'ai lu les romans depuis la sortie du 1er film. Je me suis donc privée des effets de surprise que réserve le scénario. J'étais tout de même curieuse de découvrir à l'écran les trouvailles de l'auteur Suzanne Collins. Et je n'ai pas été déçue: les effets numériques sont de haut niveau. Certaines scènes scènes assez violentes pourront choquer les plus jeunes...

Reste tout de même un problème de rythme assez frustrant. C'est au moment où le film est vraiment lancé qu'il se termine, laissant le spectateur sur sa faim (et accroché pour le n°3...).

Hunger Games: l'Embrasement est un bon film d'action, construit autour d'un personnage central intéressant et agréablement filmé. Une preuve que l'on peut viser un public "young adult" sans le prendre pour des imbéciles.

La petite anecdote:
La responsable des costumes Trish Summerville a sorti une collection de vêtements inspirés du film qu'elle commercialise dans une ligne intitulée "Capitol Costume". Si vous êtes intéressés, sachez que ce n'est pas donné. Ca se passe ici

Infos pratiques
Hunger Games: l'Embrasement
sorti le 27 novembre 2013 en France
réal: Francis Lawrence
avec: Jennifer Lawrence, Liam Hemsworth, Josh Hutcherson, Woody Harrelson, Philip Seymour Hoffman
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19536496&cfilm=196666.html



mercredi 27 novembre 2013

J'ai été voir... Les Garçons et Guillaume, à table!


Si vous n'avez pas entendu parlé de Les Garçons et Guillaume, à table!, vous êtes sans doute enfermé dans une grotte, sans télé ni radio. Guillaume Gallienne, réalisateur et acteur principal a su mener sa campagne de communication: 600 000 entrées pour la 1ère semaine, c'est tout simplement le meilleur démarrage d'un film français en 2013.

Guillaume grandit dans une famille bourgeoise où ses manières efféminées le classent d'office dans la catégorie "homosexuel". Il nous raconte son cheminement pour s'approprier qui il est.

Les Garçons et Guillaume, à table!, chronique d'un succès annoncé? le réalisateur/acteur, pensionnaire de la Comédie Française a su s'entourer pour son 1er film, adaptation de son spectacle qui avait déjà très bien marché.

Ce film est une comédie douce-amère qui aborde le sujet sensible de l'identité sexuelle. En racontant cette histoire à la première personne, Guillaume Gallienne nous immerge dans sa propre histoire, qu'il a légèrement revisitée...
Et cet humour plaît au plus grand nombre car il n'est pas méchant, pas vulgaire, simplement élégant et bien écrit. On n'assiste pas à un règlement de comptes mais à un récit un peu foldingue et décomplexé. Quand Gallienne nous raconte sa mère dévoreuse et désopilante, ce n'est pas pour l'accabler mais pour qu'on essaie de comprendre.

Le sujet central des étiquettes que l'on pose sur les gens sans se soucier des dégâts qu'elles peuvent causer, Les Garçons et Guillaume, à table! l'aborde de façon sensible, et pourtant frontale. 

En revanche, fuyez si vous n'aimez pas le phrasé, les manières et le ton de Guillaume Gallienne car il est omniprésent. Interprétant les deux rôles principaux, c'est aussi à une performance d'acteur que l'on assiste. Mais il est vrai que sa préciosité et son éternel étonnement peuvent agacer. Gallienne acteur (que l'on retrouvera bientôt dans Yves Saint Laurent, le biopic consacré au couturier dans les quel il interprète Pierre Bergé) s'en donne ici à cœur joie.

Les Garçons et Guillaume, à table! parvient à faire rire une salle entière pendant 1h30. On ne crie pas au génie mais 1h30 de rires, ça ne se refuse pas!

La petite anecdote:
Un peu comme le roi George VI du Discours d'un roi, c'est grâce à un phoniatre, un thérapeute de la voix que Guillaume Gallienne (le vrai) a surmonté sa dépression pendant son adolescence.

Infos pratiques:
Les Garçons et Guillaume, à table!
sortie le 20 novembre 2013 en France
réalisateur: Guillaume Gallienne
avec: Guillaume Gallienne, André Marcon, Françoise Fabian
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19538962&cfilm=180103.html

lundi 25 novembre 2013

J'ai été voir... Inside Llewyn Davis


Aller voir un film des frères Cohen, c'est prendre le pari de ne pas tout comprendre du 1er coup, de réfléchir à plusieurs pour se mettre d'accord sur ce qu'on a vu. Inside Llewyn Davis n'échappe pas à la règle mais s'y ajoute pour moi la désagréable sensation d'être passée à côté...

Une semaine dans la vie de Llewyn Davis, chanteur folk à New York dans les années 1960 et qui multiplie les coups de pas de chance. 

Pendant 1h45, Llewyn promène sa mélancolie en métro, à pied, en voiture. Poisseux fini, les situations tordues s'enchaînent et on prend vite le personnage en pitié. Quelques scènes font sourire mais c'est un sourire gêné, un peu désemparé face à cet anti-héros qui ne se débat pas vraiment contre ce qui lui tombe dessus.
Talentueux, orgueilleux, il tient en haute estime ce qu'il fabrique (sa musique) et dédaigne ceux qui ne pensent pas comme lui. Au côté pathétique s'ajoute donc un volet arrogant qui rend ce héros fort peu sympathique.

Les frères Cohen savent pourtant rendre drôles et attachants des héros pas franchement typiques (The Big Lebowski, True Grit), et leur humour parfois absurde peut transformer un scénario incompréhensible en fable hilarante (Burn After Reading). Mais ce Llewyn Davis m'a davantage donné envie de le secouer comme un prunier pour le réveiller.

Les critiques sur Inside Llewyn Davis sont élogieuses: récompensé par le Grand Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, de nombreux articles sont très positifs... Serai-je tout simplement passée à côté ?...
J'avoue que le côté documentaire sur le monde de la folk dans le New York des sixties ne m'a pas emballé non plus. 
La bande-son est cependant très réussie: les acteurs (Oscar Isaac en tête) prêtent leurs vraies voix aux chansons de leurs personnages.

Oscar Isaac (Drive, W.E. Wallis & Edward)  chante et incarne très justement Llewyn Davis. Quasiment constamment présent à l'écran, il porte de façon habile le côté looser mélancolique du héros. Et c'est bien à l'intérieur de son monde (Inside Llewyn Davis) que les frères Cohen nous plongent.
Il est accompagné de la très jolie Carey Mulligan (vue dans Gatsby Le Magnifique, Shame, Drive, Une Education) et de quelques juteuses apparitions (John Goodman en jazzman gigantesque, Garett Hedlund en chauffeur quasi muet). 

Grâce à cette bande d'acteurs très bien dirigés, à la lumière, à la bande-son, les frères Cohen créent une atmosphère très particulière.
Mais ce talentueux looser qui s'enfonce dans un cercle mélancolique dont on ne voit ni le bout, ni la poésie, ça m'a mis le cafard...

La petite anecdote:
Et presque la plus déprimante: Inside Llewyn Davis est inspiré de Dave Van Rock, chanteur folk dont plusieurs chansons sont reprises dans le film, tirées de son album: Inside Dave Van Rock...

Infos pratiques:
Inside Llewyn Davis
sorti le 6 novembre 2013 en France
réalisateurs: Joel et Ethan Cohen
avec: Oscar Isaac, Carey Mulligan, John Goodman, Garett Hedlund
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19539332&cfilm=195051.html

mardi 19 novembre 2013

J'ai été voir... Il Etait Temps


Quand les températures baissent, il y a plusieurs solutions pour se réchauffer: enfiler un gros pull et des mufles ou enfiler un gros pull et des moufles pour aller voir un feel-good movie. Il était temps peut donc servir de bouillotte. (Cette recette marche d'autant mieux si vous êtes sensible aux comédies romantiques à l'anglaise).

Dans la famille de Tim, les hommes partagent un secret: ils peuvent remonter le temps et revivre des moments de leur propre passé. Un don pratique mais qui ne vaccine pas contre tout...

Le réalisateur Richard Curtis n'est pas un débutant. Scénariste (entre autres) de Coup de Foudre à Notting Hill, 4 mariage et 1 enterrement, créateur de la série Mr Bean, réalisateur de Love Actually et Good Morning England: s'il y en a un qui maîtrise les codes de la rom' com' britannique, c'est bien lui.
Je n'ai pas trouvé Il était temps au niveau de ses deux autres réalisations mais le film est habilement construit et on passe un bon moment.

Le scénario bien ficelé permet de faire passer l'astuce du voyage dans le temps de façon fluide. A une ou deux exceptions près, cela s'insère logiquement dans la réalité et ne gène pas le spectateur.
Surtout, tout ne tourne pas autour de ça. Alors qu'on peut s'attendre à une débauche de flashbacks, Curtis préfère ramener le don de Tim à un simple élément de son environnement.

Il était temps n'est finalement pas une comédie romantique toute bête où le héros court après sa belle pendant 1h30 (à base de rencontre/séduction/union/rupture/réconciliation)
L'histoire est évidemment en sucre d'orge (on est dans une comédie romantique) mais elle évoque de façon délicate et attendrissante les relations père-fils.
C'est bien le lien entre Tim et son père qui sous-tend Il était temps. Comment transmettre à ses enfants la joie de vivre et le goût du bonheur?

Grâce au génial Bill Nighy (déjà vu dans Good Morning EnglandIndian Palace ou la saga Harry Potter), le rôle du papa devient décalé, bancal, si drôle et so british. Tim est joué par Domhnall Gleeson vu dans Anna Karénine (le fils de Brendan Gleeson, vu dans Gangs of New York entre autre) qui livre ici une prestation plutôt translucide. 
Et Rachel McAdams est, elle, toujours pétillante et mignonne.

Grâce à des répliques bien senties, quelques quiproquos très comiques et une bande-son très léchée, Curtis met son talent de conteur au service d'une histoire qui fonctionne.

Il était temps est un film qu'on oubliera sans doute vite mais qui fait du bien. Surtout un dimanche soir d'automne...

La petite anecdote:
Sans rien dévoiler, une scène du film se passe dans un restaurant qui plonge ses clients dans le noir total. Richard Curtis a organisé la 1ère rencontre entre Domhnall Gleeson et Rachel McAdams dans ce restaurant pour qu'il en captent l'atmosphère.

Infos pratiques:
Il était temps
sorti le 6 novembre 2013 en France
réalisateur: Richard Curtis
avec: Domhnall Gleeson, Rachel McAdams, Bill Nighy
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19537020&cfilm=201760.html

jeudi 14 novembre 2013

J'ai été voir... Cartel


Sur le papier, Cartel a tout bon: aux manettes, un réalisateur solide (Ridely Scott, Gladiator, Mensonges d'Etat, American Gangster et plus récemment Prometheus) , à l'écriture, un romancier reconnu qui signe son premier scénario (Cormac Mc Carthy, auteur de La Route, No Country For Old Men) et devant la caméra, un casting en béton armé (leurs noms occupent d'ailleurs les 2/3 de l'affiche, et en font l'argument n°1 pour aller voir le film).
Mais Cartel fait Pschitt là où il aurait dû faire Boum...

Un avocat s'implique sans trop y réfléchir dans un trafic de drogues à la frontière mexicaine. Il va peu à peu réaliser dans quel engrenage il s'est engagé.

Pour raconter le monde des cartels et des trafics de drogues, il y a plusieurs angles possibles, allant du documentaire à la quasi caricature. Cartel tient à première vue du film de gangsters en chemises à fleurs et chapeaux de cow-boy. C'est en fait plus compliqué que ça... et c'est bien là le problème.

Le scénario de Mc Carthy est noir et nihiliste. Pas d’échappatoire: quand la descente aux enfers démarre, il est déjà trop tard. Cartel aurait pu être jouissif, un feu d'artifice violent et stylé. Mais un rythme étrange s'installe. La réflexion sur les conséquences de ses actes est poussive et verbeuse. Les scènes de dialogue sexo-psycho-philo-mafioso s'éternisent et tournent vite en rond. Bref, ce n'est pas ce à quoi on s'attendait. Trop alambiqué...

Il y a tout de même quelques fusillades, des courses poursuites et des assassinats dans les règles de l'art. Mais tout ça a lieu dans un flottement, comme si Ridley Scott n'y croyait pas lui-même.
Reste une maîtrise incontestable des prises de vue: Ridley Scott a 75 ans et il connaît son métier de faiseur d'images.

Le casting est irréprochable et c'est encore plus désagréable de voir ces acteurs et actrices (Cameron Diaz est au top) se débattre dans un exercice de style qui tourne à vide.

Allez voir Cartel pour les courbes de Mmes Diaz et Cruz, pour les beaux yeux de M. Pitt et Fassbender ou pour les chemises hallucinogènes de Javier Bardem.
Mais n'y allez pas si vous comptez sur un polar nerveux, vous risqueriez de vous ennuyer.

La petite anecdote:
Le personnage joué par Cameron Diaz est originaire de la Barbade. L'actrice a cependant trop forcé pour reproduire l'accent: la production lui a demande de ré-enregistré sa propre voix et elle se double donc elle-même...

Infos Pratiques:
Cartel
sorti le 13 novembre 2013 en France
réalisateur: Ridley Scott
avec: Cameron Diaz, Javier Bardem, Brad Pitt, Michael Fassbender, Penelope Cruz
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19537239&cfilm=202971.html

lundi 4 novembre 2013

J'ai été voir... Gravity


"Quand je serai grand, je serai astronaute!" Peut-être le réalisateur Alfonso Cuaron a-t-il repensé à cette phrase en se lançant dans le projet Gravity. Après 5 ans de rédaction du scénario et d'attente pour que les techniques de tournage en 3D correspondent à sa vision, le film arrive sur les écrans et rencontre un énorme succès, qui va sans doute lui ouvrir de nombreuses nominations aux prochains Oscars.

Suite à un accident lors d'une sortie dans l'espace, le Docteur Ryan Stone doit tenter l'impossible pour rentrer sur Terre.

Comment rendre captivantes 1h30 de film avec deux personnages et une liberté de lieux assez limitée? La réponse de Cuaron: en créant une prouesse visuelle, celle de projeter le spectateur dans l'espace et de lui faire perdre tous ses repères. Grâce à la mise au point de nouveaux procédés de tournage, il parvient à nous faire perdre la notion de haut, de bas, de pesanteur, d'effort. Tout est chamboulé et on est rattaché au seul personnage de Stone qui dérive. 

Gravity est tourné en 3D. Une 3D qui donne une profondeur évidente à l'espace, aux paysages de la Terre vue d'en haut mais aussi un aspect très effrayant aux débris et accidents en tous genres. C'est spectaculaire et très bien calculé, aucun détail n'étant laissé au hasard. Même l'ancien astronaute Buzz Aldrin a avoué avoir été bluffé par le réalisme du film.

Le scénario de Gravity est simple et on peut lui reprocher son manque de réalisme. Il a pour principal intérêt d'être concis (1h30 de film, ça devient rare à Hollywood) et donc de ne pas nous perdre en cours de route.
Je n'ai personnellement pas vraiment adhéré à l'odyssée intérieure du Dc Stone qui lui permet de passer au-delà des difficultés. Elle articule le film mais n'en constitue pas pour moi l'intérêt principal.

Sandra Bullock porte le film de bout en bout. Sans livrer la performance du siècle, elle assume d'être la seule source d'attention. Elle incarne avec empathie cette scientifique qui panique et nous emmène dans son ballet en apesanteur.
Georges Clooney fait la version "Objectif Lune" de la publicité pour Nespresso. Autant dire qu'il excelle dans ce rôle.

En voyant Gravity, on entre dans un autre espace. Nos habitudes de spectateurs sont perturbées. Pas de fioriture ou de perte de temps: on garde le souffle coupé depuis le solide plan séquence de démarrage jusqu'au dénouement. La bande-son accompagne très bien les images, à la fois faite de sons métalliques, de percussions et de mélodies plus douces. Dans l'espace, pas de son et c'est donc au rythme de la respiration des astronautes que se déroule l'histoire.

Cuaron a compris que le spectaculaire pouvait être intelligent et qu'il était possible de faire un film visuel sans perdre le suspense et la tension.
Gravity  n'est pas pour moi le chef d'oeuvre annoncé par certains. Mais il est un film à part, une expérience visuelle qui laissera peu de spectateurs indifférents.

La petite anecdote:
La durée du film est de 90 minutes. C'est le temps qu'il faut à la station spatiale internationale (ISS) pour effectuer une rotation autour de la Terre.

Infos pratiques:
Gravity
sorti le 23 octobre 2013 en France
réalisateur: Alfonso Cuaron
avec: Sandra Bullock, George Clooney
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19538824&cfilm=178496.html

mercredi 23 octobre 2013

J'ai été voir... L'Extravagant Voyage du Jeune et Prodigieux T.S Spivet


L'univers de certains réalisateurs est reconnaissable entre mille et ils ne cessent pourtant de nous surprendre. C'est le cas de Wes Anderson (Fantastique Mr Fox, Moonrise Kingdom) et aussi de Jean-Pierre Jeunet. Avec L'Extravagant Voyage du Jeune et Prodigieux T.S Spivet, il signe un nouveau chapitre de sa filmographie, après Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, Un Long Dimanche de Fiançailles ou La Cité des Enfants Perdus.

T.S. Spivet a 10 ans et c'est un inventeur de génie. Pour recevoir un prestigieux prix que lui remet le Smithsonian de Washington, il entreprend de traverser seul les Etats-Unis.

Les films de Jeunet sont des contes: leur ton, leurs couleurs vives, leurs personnages biscornus sont des éléments de fable. Le réalisateur raconte ses histoires d'une façon bien particulière, avec une voix off et en s'attardant sur des détails dont on décline ensuite un trait de personnalité. Si vous n'aimez pas ce style, L'Extravagant Voyage du Jeune et Prodigieux T.S Spivet va vous paraître surfait...
En adaptant le roman de Reif Larsen, Jeunet laisse libre court à sa créativité visuelle, tout en s'appuyant sur un scénario à l'histoire simple mais solide.

La première partie du film est consacrée à une description très fine et pleine d'humour de la vie de T.S. sur son ranch avec sa famille. C'est dans un second temps qu'il entreprend son "extravagant voyage", qui donne lieu à un road-trip, à des paysages superbes et à une galerie de personnages dont on se régale.

Grâce à une 3D relief très poussée et techniquement impeccable (il a utilisé les caméras de James Cameron Avatar) Jeunet met en action des dessins, des insectes et tout un relief de manière vraiment bluffante. Les prairies, le linge qui sèche, les croquis d'inventions: tout prend littéralement une autre dimension.

Quant au ton du film, il est fantaisiste mais aborde tout de même des sujets graves comme le deuil et la culpabilité. C'est un (petit) reproche, cette partie émotionnelle est souvent laissée au second plan.
Surtout, L'Extravagant Voyage du Jeune et Prodigieux T.S Spivet est un film positif, qui met le sourire aux lèvres en mettant en action les rêves d'un petit garçon.

Ce jeune inventeur, c'est Kyle Catlett, révélation de 10 ans qui donne à T.S Spivett son côté à la fois caricatural (ses mimiques sont géniales) et touchant de sincérité.
Helena Bonham Carter (Harry Potter, Alice au Pays des Merveilles) est pour une fois presque normale en maman entomologiste qui crame tous ses grille-pains.

L'Extravagant Voyage du Jeune et Prodigieux T.S Spivet est loufoque mais délicat, frappé mais poétique, dur mais doux, drôle mais émouvant.
Un petit bijou qui pourrait bien m'avoir réconcilié avec la 3D. 

La petite anecdote:
Les magnifiques paysages du Montana ont en réalité été tournés au Canada, entre Alberta et Montréal.

Infos utiles:
L'Extravagant Voyage du Jeune et Prodigieux T.S Spivet
sorti le 16 octobre 2013 en France
réalisateur: Jean-Pierre Jeunet
avec: Helen Bonham Carter, Kyle Catlett, Judy Davis, Dominique Pinon
Bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19537595&cfilm=199842.html 

lundi 21 octobre 2013

J'ai été voir... Prisoners


Le cinéma n'a pas son pareil pour vous pousser dans vos retranchements. Et les thrillers (réussis) ont cette capacité de vous faire passer par des états d'émotion et de tension qu'on ne vit pas tous les jours. C'est le cas de Prisoners.

Dans une calme banlieue américaine, deux petites filles disparaissent. Alors que l'enquête policière peine à avancer, le père de l'une d'entre elles est persuadé de pouvoir les retrouver lui-même.

Il règne sur Prisoners une atmosphère lourde, humide et poisseuse qui vient tout contaminer: la vie de famille, les relations de couple et de voisinage, la foi, etc. C'est contagieux et le spectateur est vite pris au piège de cet environnement oppressant.
Le cœur de l'enquête provoque d'entrée un malaise: une disparition d'enfants, on imagine difficilement pire. Surtout quand un certaine nombre de personnages assez déséquilibrés font leur apparition.

Le réalisateur Denis Villeneuve (Incendies) réussit un habile tour de force: il nous accompagne dans l'enquête mais il s'en sert surtout pour explorer les failles de ses personnages. Principalement celui de Keller, le père d'une des fillettes (joué magistralement par Hugh Jackman) et celui de l'inspecteur Loki (impeccable Jake Gyllenhaal, qu'on aimerait décidément voir plus souvent).

Grâce à ces deux hommes et à leurs cheminements, on explore des questions sensibles: qu'est-on prêt à faire pour ceux qu'on aime? la douleur peut-elle tout excuser? à quel point la perte d'un être cher nous transforme-t-elle?

De façon élégante mais frontale, Villeneuve mène sa réalisation au millimètre. On pense à Mystic River de Clint Eastwood ou à Gone Baby Gone de Ben Affleck. 
Nous, on s'accroche au siège, parfois en avance sur l'enquête quand le réalisateur nous donne davantage que ce qu'il donne à ses personnages, parfois surpris des retournements de situations, frustrés de ne pas les avoir devinés...

Hugh Jackman (X-Men, Australia) est parfait en père de famille parano et malade de frustration de ne pouvoir agir pour sauver sa fille. Jake Gyllenhaal (Le Secret de Brokeback Mountain, Brothers) incarne l'obstination et le mystère de ce jeune flic qui résout toutes ses enquêtes. Ils sont entourés par d'autres très bons acteurs comme Paul Dano (Little Miss Sunshine, Elle s'appelle Ruby) et Viola Davis (La Couleur des Sentiments).

Prisoners est donc un thriller très réussi, qui tient en haleine pendant 2h30, dominé par deux acteurs en grande forme et dont le scénario très abouti risque de vous empêcher de dormir pour quelques nuits.

La petite anecdote:
Prisoners n'est pas vraiment un film sponsorisé par l'office du tourisme mais si le climat et la verdure du film vous tentent, sachez qu'il a été tourné dans la banlieue est d'Altlanta et dans les environs de Stone Mountain dans l'état de Géorgie.

Infos pratiques:
Prisoners
sorti le 9 octobre 2013 en France
réalisateur: Denis Villeneuve
avec: Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Viola Davis, Paul Dano
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19536953&cfilm=180887.html

lundi 14 octobre 2013

J'ai été voir... Parkland


Passé plutôt inaperçu, le premier film de Peter Landesman vaut pourtant le détour, apportant un éclairage différent sur l'un des faits divers les plus connus du XXème siècle.

22 novembre 1963, le président John Fitzgerald Kennedy est en visite à Dallas et reçoit plusieurs balles. Pendant qu'il est accompagné aux urgences de l'hôpital Parkland, l'enquête autour de son assassinat démarre.

Parkland retrace les événements du 22 novembre et des 3 jours qui ont suivi en s'attardant sur des personnages touchés directement par l'événement: l'équipe médicale de l'hôpital, l'équipe du FBI chargée de l'enquête, le cinéaste amateur qui a filmé la scène avec sa caméra 8mm...

C'est donc un film choral, sans personnage principal mais avec plusieurs morceaux d'histoire qui s'entrechoquent. On est plongés au coeur de l'action, aux côtés de ceux qui la vivent.
Le choix de filmer caméra à l'épaule s'explique sans doute par cette volonté d'immersion. Cela crée cependant une instabilité des images qui peut rapidement donner la nausée. D'autant que les scènes sanguinolentes à l'hôpital ne sont pas vraiment édulcorées...

En multipliant les points de vue, Landesman crée une certaine confusion car il passe rapidement d'un protagoniste à l'autre. En se contentant de cette position de témoin, il ne propose aucune explication et ne rouvre pas l'enquête sur l'assassinat de JFK. Il raconte les détails, ces petites anecdotes auxquelles on n'a jamais réfléchi. Il replace ainsi cet événement historique dans un contexte humain et nous montre comment il a marqué les gens qui l'ont vécu.

Pas de grande performance mais un casting au sein duquel vous reconnaîtrez quelques visages. Zac Efron (Paperboy) ne prononce que quelques phrases et fait donc un jeune médecin crédible; Paul Giamatti (Cosmopolis, Les Marches du Pouvoir) joue le cinéaste amateur qui se retrouve malgré lui auteur d'images qui le dépassent. C'est surtout Jacki Weaver (Happiness Therapy, Animal Kingdom) qui se démarque et qui donne à la mère d'Oswald un côté frapadingue jouissif tout en posant le doute sur la culpabilité de son fils.

Parkland nous pousse donc à regarder d'un autre oeil ces images que l'on a vu 100 fois. Nous nous sommes approprié cet événement a posteriori. Landesman nous montre comment les principaux intéressés ont réagi sur le coup. 
Ce n'est ni polémique, ni exceptionnel mais haletant et pertinent.

La petite anecdote:
Alors que le casting compte plusieurs visages connus, notamment au travers de séries TV (Tom Welling de Smallville, Colin Hanks vu dans Dexter, etc.) les personnages les plus connus ont été interprétés par des acteurs inconnus. Les rôles du vice-président Lyndon Johnson et de Jacki Kennedy sont joués par deux texans anonymes avant Parkland.

Infos utiles:
Parkland
sorti le 2 octobre 2013 en France
réalisateur: Peter Landesman
avec: Zac Efron, Paul Giamatti, Billy Bob Thorton, Jacki Weaver
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19537306&cfilm=211703.html

jeudi 10 octobre 2013

J'ai été voir... Blue Jasmine


Avec une précision redoutable, Woody Allen sort un film par an. La sortie 2013 s'intitule Blue Jasmine et signe le retour du réalisateur sur le sol américain, après une série de cartes postales européennes (Vicky, Christina, Barcelona, Midnight in Paris et To Rome With Love).

Jasmine quitte New York et vient s'installer chez sa soeur à San Francisco pour se remettre sur pied après une faillite scandaleuse.

Blue Jasmine est donc l'histoire d'une femme aveuglée par sa propre vanité et qui refuse de regarder la réalité en face. Belle, raffinée, élégante, Jasmine a tout pour plaire, y compris une personnalité égocentrique et une addiction aux anti-dépresseurs. Une vraie héroïne made in Woody Allen...

A la différence de nombreux autres films du réalisateur, le ton général n'est pas à la comédie mais plutôt au drame. Plus sombre, plus mélancolique, plus contemplatif... On assiste à la descente plus bas que terre de ce personnage. Et même si elle nous énerve, on ne peut s’empêcher de la plaindre.
Restent tout de même un rythme très dynamique, des répliques qui fusent et des situations cocasses.

Woody Allen n'a décidément pas son pareil pour raconter les personnalités tordues. Et il sait tirer le meilleur de ses acteurs. Voir Blue Jasmine, c'est assister à un très grand numéro de Cate Blanchett (Le Seigneur des Anneaux, Elizabeth, L'Etrange Histoire de Benjamin Button). Sans cesse au bord du gouffre, elle porte le film sans tomber dans le mélo. Elle y met une énergie incroyable et nous fait ressentir à quel point son mal-être doit être épuisant.
Les seconds rôles qui l'entourent servent de révélateurs à certains aspects de la personnalité de Jasmine. Ginger (Sally Hawkins) la soeur un peu trop gentille, Hal (Alec Baldwin, excellent) le mari volage par qui tout arrive, Augie (Adrew Dice Clay) l'ex beau-frère roulé...

Woody Allen nous montre la vie qui déraille, même chez ceux qui ont tout. Et quand on tombe, on peut vite perdre la tête.

La petite anecdote:
Le réalisateur a refusé que le film sorte en Inde à cause des messages anti-tabac qui s'affichent dès qu'un personnage fume à l'écran. Il a préféré retirer Blue Jasmine des écrans indiens.

Infos pratiques:
Blue Jasmine
sorti le 25 septembre 2013 en France
réalisateur: Woody Allen
avec: Cate Blanchett, Alec Baldwin, Sally Hawkins, Andrew Dice Clay
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19536444&cfilm=206191.html

vendredi 27 septembre 2013

J'ai été voir... Rush


Accrochez vos ceintures!
Ron Howard (Apollo 13, Un Homme d'Exception, Da Vinci Code) transpose à l'écran le monde de la Formule 1 dans les années 70. Ça secoue et ça fait du bruit!

Saison 1976 du Championnat du Monde de F1. Deux pilotes s'affrontent: Niki Lauda l'autrichien et James Hunt le britannique. Au-delà de la rivalité sportive, tout les oppose...

En se concentrant sur la relation entre ces deux adversaires sportifs, Howard a visé juste. Cela permet à Rush d'aller au-delà du simple "film de voiture". La reconstitution du monde du sport automobile de haut niveau ainsi que l'atmosphère des seventies est très réussie. Les fans de F1 ne seront donc pas déçus. Les prises de vues embarquées grâce aux 30 caméras différentes utilisées pour filmer les courses donnent une impression de vitesse qui provoque des décharges d'adrénaline. Les circuits de l'époque ont été en partie reconstruits...

Mais même si vous n'aimez pas la Formule 1, Rush, ce n'est pas que des voitures qui tournent en rond. Il s'installe un suspense qui tend le film de bout en bout. Ce sport si dangereux où tout peut arriver est le contexte idéal. Et si l'histoire est vraie et que vous en connaissez peut-être déjà l'issue, cela n’empêche pas de trembler.

C'est donc la rivalité entre Lauda et Hunt qui est au coeur de Rush. Difficile d'imaginer deux personnalités plus éloignées: l'un est un playboy doué qui conduit pour défier la mort et se sentir vivant, l'autre a une approche quasi scientifique et mathématique du pilotage et du danger. Et une face de rat...
Si l'histoire n'était pas vraie, on trouverait cela bien trop caricatural. Mais le message est là: sans leur affrontement, ils ne seraient pas allé aussi loin, ils n'auraient pas été aussi bons. Rush est l'histoire de deux meilleurs ennemis.

Chris Hemsworth l'australien (Thor, Blanche Neige et le Chasseur, Avengers) est le très charismatique et sexy James Hunt. Il trouve la juste dose de cynisme et d'immaturité pour le rendre crédible.
Daniel Brühl l'allemand (Inglorious Basterds) est parfait en autrichien méthodique et calculateur. Si vous pouvez voir le film en VO, vous apprécierez les accents qui renforcent encore les personnages.

Ces personnages sont solides et sont servis par un scénario habilement construit, qui laisse de la place à ce qui se passe en dehors du circuit, mais uniquement ce qui est nécessaire pour comprendre la relation entre Hunt et Lauda.

Rush sent le pneu brûlé, le champagne, l'égo et la testostérone. Le tout savamment dosé, ça donne un film qui tient la route.

La petite anecdote:
Plutôt grand et costaud, le vrai James Hunt devait couper le bout de ses chaussures pour avoir la place de manier les pédales dans sa Formule 1.

Infos utiles:
Rush
sorti le 25 septembre 2013 en France
réalisateur: Ron Howard
avec: Chris Hemsworth, Daniel Brühl, Olivia Wilde
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19536030&cfilm=195370.html

jeudi 19 septembre 2013

J'ai été voir... Ma Vie Avec Liberace


Méconnu en france, Liberace est une légende aux Etats-Unis, sorte de précurseur d'Elton John, Madonna et Lady Gaga. Pianiste star dans les années 50 à 70, il a été en son temps l'artiste le mieux payé au monde. Soderbergh en fait le sujet de son dernier film (il a annoncé qu'il prenait sa retraite) en adaptant le roman autobiographique de Scott Thorson, ancienne conquête de Liberace.

En se concentrant sur les 5 années qu'a duré la liaison entre Scott, jeune homme fragile et Liberace, le pianiste excentrique, Ma Vie Avec Liberace lève le voile sur les coulisses du show-business et de cette relation électrique.

Outre sa virtuosité au piano, Liberace était connu pour son goût du grandiose, des paillettes et du grand spectacle. Préparez-vous donc pour du bling-bling grand format durant les 2h que durent le film. Ma Vie Avec Liberace est un film qui brille, où les décors et les costumes ont été reconstitués avec beaucoup de soin (y compris le manteau en renard de 5m de long incrusté de cristaux d'une valeur de plus de  $100 000). 

Mais cela n'est que l'arrière plan... Le vrai sujet est ailleurs: cette relation tenue secrète entre deux hommes ayant 40 ans d'écart. Au milieu des fourrures et du strass, c'est l'analyse des sentiments et de l'image qu'ils se renvoient l'un de l'autre que nous propose Soderbergh. Alors que l'extravagance règne dans les décors, c'est en retenue que le réalisateur nous mène dans cette histoire. Il évite ainsi habilement la caricature version "cage aux folles" et on s'attache aux personnages rapidement.

Ma Vie Avec Liberace raconte comment le pianiste domine tout l'univers qui l'entoure, en particulier les gens. Plus jeune, en quête de reconnaissance et de tendresse, Scott se laisse faire sans se rendre compte qu'il devient un objet parmi d'autres. Se pose alors la question des sacrifices que l'on peut faire par amour...

Le film n'est pas sorti en salles aux Etats-Unis, les distributeurs le jugeant "trop gay". C'est en revanche la chaîne HBO qui a fait le pari de soutenir Ma Vie Avec Liberace (Behind the Candelabra en version originale). Avec raison puisque ce sont plus de 2,5 millions de spectateurs qui ont suivi la diffusion TV.
Pas de prix à Cannes en revanche où le film était présenté en mai dernier... (sauf la Palme Dog remise au caniche interprétant avec brio le rôle de Baby Boy)

Coté négatif, un faux-rythme s'installe par moment et on se surprend à vouloir accélérer les choses. Le déroulé assez attendu de l'histoire est quant à lui pardonné puisque c'est une histoire vraie.

Surtout, les deux acteurs principaux livrent des performances remarquables. Michael Douglas est métamorphosé. Il enfile les perruques et les implants de Liberace avec joie et donne une âme à ce bonhomme à la fois pervers et généreux. Face à lui, Matt Damon surprend en gigolo blond platine, un peu perdu et qui perd progressivement le contrôle de ce qui lui arrive. 

Si, de l'extérieur, Ma Vie Avec Liberace  a l'air d'un film reconstitution du Las Vegas des années 70, il a plus que ça. Et c'est intéressant de voir un film aussi clinquant visuellement traiter de sujets aussi intimes que l'homosexualité, le refus de vieillir, la dépendance à ceux qu'on aime.

La petite anecdote:
Steven Soderbergh a parlé de ce rôle à Michaël Douglas il y a 13 ans, sur le tournage de Traffic. Il a ensuite monté le projet et a attendu que l'acteur se remette de son cancer de la gorge pour finalement lancer le tournage.

Infos pratiques:
Ma Vie Avec Liberace
Sorti le 18 septembre 2013 en France
réalisateur: Steven Soderbergh
avec: Michael Douglas, Matt Damon, Scott Bakula, Rob Lowe
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19511961&cfilm=139160.html

lundi 16 septembre 2013

J'ai été voir... Le Majordome


Annoncé comme le film à Oscars de 2013, Le Majordome ne déçoit pas: casting impressionnant, scénario tiré d'une histoire vraie (mais largement romancée)... Le réalisateur Lee Daniels (Precious, Paperboy) nous livre ici sa version de "l'histoire des noirs américains pour les nuls".

Cecil Gaines naît esclave dans les champs de coton du Sud des États-Unis. Il apprend à servir et devient majordome à la Maison Blanche. Durant sept présidences, il sera aux premières loges...

a la manière de Forrest Gump, Cecil Gaines est le témoin privilégié des grands événements de l'histoire des États-Unis. Il assiste aux tractations et aux hésitations de ces présidents, à leurs succès et à leurs tragédies. En parallèle, sa vie de famille reflète aussi les évolutions de la société américaine: son fils aîné s'engage progressivement dans la défense des droits civiques.

La fresque que nous peint Daniels est fluide et on s'y repère facilement. Il a le mérite de ne retenir que l'essentiel de chaque période.
Évidemment, on n'évite pas les caricatures quand on résume 40 ans d'histoire en 2h15. Les présidents sont ramenés à des traits simplifiés et aisément reconnaissables. Les spécialistes de l'histoire américaine noteront sans doute le manque de subtilité, pour les autres, c'est compréhensible. En se servant de la "petite" histoire (celle de la famille Gaines) comme témoin de l'Histoire, il nous y intègre facilement.

Autre réussite, le casting "all stars" admirablement utilisé au service du scénario.
En première ligne, Forest Whitaker (oscarisé pour Le Dernier Roi d'Ecosse) prête tout son charisme à ce personnage et lui donne une élégance qui illumine le film. A ses côtés, Oprah Winfrey joue sa femme Gloria. Elle retrouve le grand écran 28 ans après La Couleur Pourpre qui lui avait valu une nomination aux Oscars. Trop maquillée et souvent pas assez subtile, on ne peut s’empêcher de voir l'animatrice télé davantage que le personnage...
Pour les rôles secondaires  (les sept présidents, le personnel de la Maison Blanche mais aussi les autres personnages historiques comme Martin Luther King), ce sont majoritairement de grandes stars qui s'y collent: Robin Williams est Eisenhower, John Cusack est un inquiétant Nixon, Alan Rickman (Harry Potter, Love Actually) un gentil Reagan, Jane Fonda une pétillante Nancy Reagan. A quelques rares exceptions près (Jackie Kennedy), ils donnent tous un côté "clin d'oeil". On s'amuse à les reconnaître et cela pimente le spectacle.

Car c'est bien à un spectacle qu'on assiste, de ceux que seuls les américains savent produire. Ils ont une capacité à mettre en scène leur propre histoire qui reste impressionnante. On n'évite pas les clichés et le pathos mais Le Majordome reste un film efficace qui dénonce le racisme ordinaire qui habitait les États-Unis il n'y a pas si longtemps. En mesurant le chemin parcouru à l'échelle d'un homme, il rend compte des évolutions de la société.
De quoi nous tirer une petite larme et sans doute faire le plein de statuettes en mars 2014.

La petite anecdote
Barack Obama a affirmé avoir pleuré en visionnant le film. 
Moi aussi mais il n'y aura sans doute pas autant d'articles qui relaieront la nouvelle...

Infos pratiques:
Le Majordome
sorti le 11 septembre 2013 en France
réalisateur: Lee Daniels
avec: Forest Withaker, Oprah Winfrey, David Oyelowo, Cuba Gooding Jr., Alan Rickman, John Cusack, Robin Williams, Jane Fonda
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19515848&cfilm=188951.html

mercredi 4 septembre 2013

J'ai été voir... Alabama Monroe


Quand la programmation ciné regorge de films d'action aux titres qui donnent déjà une idée de l'étendue des dégâts (White House Down sort aujourd'hui pour ceux que ça tente...), il faut parfois aller voir ailleurs. Pas très loin, chez nos voisins belges-flamands, se cache un joli film, sensible et intense: Alabama Monroe.

Didier joue du banjo dans un groupe de bluegrass, Elise est tatoueuse. Ils tombent amoureux et vivent leur histoire et leurs drames au rythme de la musique.

Alabama Monroe est un drame qui risque bien de vous arracher quelques larmes. Mais pas que... Sans trop en dire, sachez qu'on pense rapidement à La Guerre est déclarée, le film de Valérie Donzelli. Mais l'angle est différent. La narration n'est pas linéaire et permet d'explorer les recoins d'une histoire d'amour mise à l'épreuve.

Le réalisateur Felix Van Groeningen (La Merditude des choses) a adapté une pièce de théâtre qui a connu un grand succès en Belgique flamande. Il réussit un mélodrame qui, à mon sens, évite le côté dégoulinant souvent propre à ce genre. Les émotions sont fortes mais elles sont justes et elles nous emportent.
Forcément triste à cause de son thème, Alabama Monroe fait aussi sourire. Grâce à une esthétique travaillée et une lumière très particulière, le résultat semble très maîtrisé. Van Groeningen laisse notamment le temps aux silences de s'installer, pour nous laisser réfléchir.

Les deux acteurs principaux sont très justes. Johan Heldenbergh interprétait déjà Didier dans la pièce de théâtre (qu'il a co-écrit). Il est à la fois puissant et désemparé, cherchant dans l'indignation et la colère une réponse à sa douleur de père. Veerle Baatens est Elise, rôle pour lequel elle a reçu un Prix d'interprétation au festival de Tribeca. Tour à tour pétillante, sexy, courageuse ou au bord du gouffre, elle illumine cet Alabama Monroe. La construction fragmentée du récit (retours en arrière, etc.) donne à voir la richesse de ces acteurs.

Pour lier le tout, il y a la musique. Le bluegrass, forme initiale de la country, fait à la fois partie de l'histoire et rythme le film. Les chansons donnent du sens à certains passages, en illustrent simplement d'autres. Les personnages s'y accrochent car elle anime leurs vies et leur permet d'exprimer plus que leurs propres mots.
Les acteurs interprètent eux-mêmes les chansons. Le groupe qui s'est formé autour d'eux (The Broken Circle Breakdown Bluegrass Band) connaît depuis la sortie du film un énorme succès en Belgique et se produit à guichets fermés.

Laissez-vous donc emmener au son du banjo et de la mandoline dans ce tourbillon d'émotions qui ne vous laissera pas indifférent (et prévoyez les mouchoirs).

La petite anecdote:
La BO du film - qui vaut vraiment le détour -  est disponible ici et en écoute ici

Infos pratiques:
Alabama Monroe
sorti le 28 août 2013
réalisateur: Felix Van Groeningen
avec: Johan Heldenbergh, Veerle Baatens
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19506755&cfilm=216955.html

mercredi 28 août 2013

J'ai été voir... Jobs


La saga Apple et l'histoire de son fondateur Steve Jobs font partie de ces aventures dont on se dit qu'elles sont faites pour être adaptées au cinéma. C'est chose faite avec Jobs.
Un autre film est également en préparation, basé sur la biographie de l'inventeur et écrit par Aaron Sorkin (également scénariste de The Social Network).

Jobs se penche sur les 25 ans qui voient la création de l'entreprise Apple dans les années 70 jusqu'au grand retour de Jobs aux rênes de la société en 1996.

"Inspiré d'une histoire vraie" semble être un label très valorisé ces derniers temps à Hollywood. On accorde plus de crédibilité à ces films, comme si on était déjà convaincus que l'histoire est bonne. Cependant, un scénario bien écrit reste indispensable et ce n'est pas le cas de celui de Jobs.

Par comparaison, on pense naturellement à The Social Network de David Fincher, sorti en 2010 et qui racontait la création de Facebook et l'ascension de son créateur Mark Zuckerberg. Là où le film de Fincher parvenait à nous emporter dans une aventure entrepreneuriale comme si c'était un thriller, Jobs peine à nous intéresser.
Partant d'un matériau pourtant riche (un homme connu et admiré, une entreprise mythique...), le film est creux. On n'apprend rien sur Apple, pas grand chose sur l'homme, on n'explique rien et on laisse le spectateur sur sa faim.

Personnage charismatique, Steve Jobs fait rêver des générations de geeks qui voient en lui le créateur et inventeur qui a révolutionné l'informatique. On sait aussi qu'il avait un caractère déplorable et des sautes d'humeur régulières.
Comment alors faire le portrait d'un homme si complexe, animé par un idéal de beauté et de création mais également profondément égocentrique?

Jobs prend le parti de nous conter les événements de manière chronologique: des débuts dans le garage de Palo Alto au dévoilement de l'iPod en 2001.
En découle une narration plate et globalement sans intérêt. Les grands moments sont uniquement ponctués d'une musique caricaturalement dramatique. Pas d'interrogation ou de tentative d'explication: on nous montre Steve Jobs sans qu'on puisse comprendre ce qui se cache derrière les événements qu'on nous décrit.

Ashton Kutcher incarne Steve Jobs. au-delà d'une certaine ressemblance physique (renforcée par un régime frugivore qui a valu à l'acteur un séjour à l'hôpital pour cause de carences), il n'y a pas grand chose... Son jeu est terne et tient plus souvent de l'imitation.

La galerie de personnages secondaires qui entoure Jobs est plutôt solide, de Dermot Mulroney à Josh Gad.

On sent qu'une grande attention a été apportée aux détails, notamment aux costumes. Pourtant, Steve Wozniak, cofondateur d'Apple, critique les nombreuses inexactitudes du film...

En bref, on a une histoire hors du commun mais la désagréable impression qu'on ne nous la raconte pas comme il faut. Il manque le souffle que provoque par exemple la vidéo du discours prononcé par Steve Jobs à Stanford en 2005. On en est loin...

La petite anecdote:
Apple s'apprête à lancer iWatch, une montre intelligente qui permettra de téléphoner, répondre aux mails, jouer et écouter de la musique...

Infos utiles:
Jobs
sorti le 21 août 2013 en France
réalisateur: Joshua Michael Stern
avec: Ashton Kutcher, Dermont Mulroney, Josh Gad
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19535262&cfilm=198187.html

jeudi 22 août 2013

J'ai été voir... Jeune & Jolie


Présenté à Cannes au printemps, Jeune & Jolie, le nouveau film de François Ozon (Sous le sable, 8 femmes, Swimming Pool, Dans la maison) sortait hier.

Isabelle a 17 ans. Après des vacances d'été pendant lesquelles elle découvre la sensualité, elle se lance à la rentrée dans un jeu dangereux.

Jeune & Jolie est un film déroutant. Ozon filme le personnage d'Isabelle pendant 4 saisons. Pourtant, jamais il ne nous éclaire sur les motivations de cette jeune et jolie fille qui choisit de se prostituer. 
Elle paraît tellement indifférente à son propre sort qu'il nous est difficile de la plaindre ou même de la comprendre. A défaut, on l'observe.

Ozon filme l'adolescence avec une grande mélancolie. Non pas comme dans un documentaire qui chercherait à montrer les sources d'un comportement. Pas non plus comme un voyeur. Mais comme un observateur distant qui nous laisse nous faire notre propre impression de ce personnage.

Isabelle fascine car elle ne cherche pas les limites comme les autres jeunes de son âge. Plutôt que la drogue ou les fêtes à outrance, elle choisit la prostitution. Elle n'a pourtant pas besoin d'argent et n'a pas l'air d'y prendre un grand plaisir. Elle a tout pour elle et c'est bien là tout son mystère. 
En même temps, sa situation paraît réaliste. En tous cas il ne faut pas déployer des trésors d'imagination pour y croire. Après tout, combien de reportages à la télé nous parlent de ces jeunes étudiantes qui choisissent de se prostituer pour payer leurs études.
Ozon parvient à éviter les clichés et livre un film sensible et souvent drôle.

Évidemment, c'est autour de l'actrice Marine Vacth que tourne Jeune & Jolie. Elle est tout simplement sublime et on comprend pourquoi le réalisateur veut la filmer sous toutes les coutures. Venue du mannequinat, elle a non seulement une beauté plastique impeccable mais aussi un regard distant et mélancolique qui incarnent parfaitement la secrète Isabelle.

Elle est accompagnée par Géraldine Pailhas et Frédéric Pierrot (Polisse) dans le rôle des parents forcément choqués et désorientés par les choix de leur ado. Ils sont tous les deux impeccables.

Jeune & Jolie est un film particulier. Très français sans être psychologique à outrance, il parle de cette transition vers l'âge adulte et de la confiance en soi. Il peut déranger car François Ozon peut parfois avoir l'air de présenter la prostitution comme un fantasme féminin.
Au-delà du thème, chacun se laissera troubler par cette jeune fille et c'est là que réside la subtilité du film: sans jugement, sans excès et sans vulgarité, Ozon nous met tout simplement face à un personnage et à ses choix.

La petite anecdote:
Le psy que voit Isabelle est joué par Serge Hefez qui n'est pas acteur mais... psychiatre. François Ozon l'a d'abord contacté pour lui demander son avis sur le scénario. De fil en aiguille, il lui a proposé le rôle. Serge Hefez a même prêté ses fauteuils pour le décor du cabinet.

Infos pratiques:
Jeune & Jolie
sorti le 21 août 2013
réalisateur: François Ozon
avec: Marine Vacth, Géraldine Pailhas, Frederic Pierrot
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19504608&cfilm=209525.html