dimanche 30 décembre 2012

J'ai été voir... Jack Reacher


Annoncé comme le film d'action de cette fin d'année 2012, Jack Reacher avait de quoi séduire: le scénariste de Usual Suspects à la réalisation, adaptant un roman de Lee Child et Tom Cruise en héros plein écran (il n'y a tout simplement rien d'autre que lui sur l'affiche).

Suite à une tuerie qui a l'air de l'oeuvre d'un déséquilibré, toutes les preuves accusent un homme. Le suspect en question n'a qu'une demande: trouver Jack Reacher. Quand celui-ci débarque, il s'associe à l'avocate de la défense pour démêler une enquête plus complexe qu'elle en a l'air.

Ça démarre très fort: la scène d'ouverture est carrément scotchante avec ses 10 minutes sans aucune parole qui plante non seulement le décor mais aussi la base de tout le reste du film.
Malheureusement, le reste du film n'est pas aussi bon malgré quelques scènes très réussies.

Jack Reacher aimerait ne pas être un film d'action comme les autres c'est à dire un film pour lequel on peut oublier son cerveau au vestiaire. Comme son titre l'indique, Jack Reacher tourne autour d'un héros, ancien enquêteur militaire, au sens de la justice très personnel et qui ne s'encombre pas de ce qu'il a le droit ou pas de faire. Dans les romans de Lee Child, Reacher a une façon originale de raisonner et de fonctionner. Dans le film, il manque une dimension psychologique à ce méchant héros qui paraît du coup bancal. 
Les ficelles de l'histoire sont trop visibles: le temps parait donc bien long pour arriver au bout d'une intrigue dont on a compris les tenants et aboutissants depuis longtemps.

Tom Cruise est Jack Reacher, héros bad-ass pour lequel on pourrait bien s'enthousiasmer. Or, Cruise a beau être très bon pour casser des rotules et conduire (lui-même) des voitures lors de courses-poursuites, il ne parvient pas à donner le côté sombre indispensable au personnage. On sent pourtant qu'il s'est amusé comme un gamin et qu'il se marre à sortir les punchlines second degré.
Les personnages qui l'entourent ne sont pas super intéressants: Rosamund Pike (aperçue dans Une Education) joue l'avocate blonde faire-valoir de Reacher à la poitrine généreuse, David Oyelowo (Paperboy  et bientôt dans le Lincoln de Spielberg) un flic moins brillant que l'enquêteur. Et Jai Courtney, qui sera bientôt le fils de Bruce Willis dans le prochain Die Hard (qui sort en février 2013) et qui est donc en passe de devenir un nouveau M. Muscles.

Jack Reacher avait le potentiel d'un film décomplexé avec un héros sombre, sorte d'héritier de l'Inspecteur Harry. Il ne manque pas d'atouts comme l'humour décalé et sa très belle photo. Mais le sourire ultra-bright de Tom Cruise et le faux rythme qui s'installent empêchent de savourer pleinement.

La petite anecdote:
La série de romans de Lee Child dont Jack Reacher est le héros compte à ce jour 17 titres et 2 nouvelles.

Infos pratiques:
Jack Reacher
sorti le 26 décembre 2012 en France
réalisateur: Christopher McQuarrie
avec: Tom Cruise, Rosamund Pike, Robert Duvall, Richard Jenkins, David Oyelowo, Jai Courtney
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19417566&cfilm=111473.html 

jeudi 27 décembre 2012

J'ai été voir... Main dans la main


Comme beaucoup de spectateurs, j'avais été touchée par La Guerre est déclarée, le précédent film de Valérie Donzelli, qui racontait l'histoire d'amour d'un couple faisant face à la maladie de leur petit garçon.
Pour Main dans la main, plus léger mais traitant également du sentiment amoureux, Jérémie Elkaïm est à nouveau sur le devant de la scène, accompagné de Valérie Lemercier, une amie de longue date de la réalisatrice et de l'acteur (qui sont co-scénaristes ici).

Quand Joachim Fox, miroitier de province, vient prendre des mesures à l'Opéra Garnier, il rencontre Hélène Marchal, la directrice de l'école de danse. A partir de ce moment et sans explication rationnelle, ils ne peuvent plus se séparer.

Le thème de Main dans la main est donc l'amour fusionnel et il permet à la réalisatrice de nous donner sa vision très personnelle du sujet. Le fait que Jérémie Elkaïm, son ancien compagnon, soit le héros des trois films qu'elle a réalisé, laisse d'ailleurs à penser qu'elle a des choses à dire sur la difficulté à terminer une histoire d'amour...

Pendant toute une première partie, le ton est léger, parfois burlesque. On se prend au jeu du mimétisme forcé entre Joachim et Hélène. Même si certaines scènes sont un peu agaçantes, on sourit aux stratagèmes et à l'énergie qui se dégage du film.
Puis démarre une deuxième partie, plus sérieuse, davantage dans la réflexion et qui manque de fraîcheur. Là où le dynamisme des 45 premières minutes donnaient un charme un peu décalé à l'histoire, on se demande franchement où on va dans cette seconde moitié.

Jérémie Elkaïm est donc filmé par une réalisatrice amoureuse de lui et s'il ne livre pas une performance éblouissante, il s'en sort plutôt bien pour incarner ce jeune homme pris au piège entre sa soeur, sa vie rêvée et ce qu'il ressent pour Hélène. Ne l'ayant que brièvement aperçu dans Polisse, il lui reste sans doute à confirmer que sa palette est plus large qu'il n'y paraît.

Le charme du film repose quasi entièrement sur Valérie Lemercier qui rayonne littéralement. Élégante, fragile, amoureuse, on se demande ce qu'elle va encore faire dans des films comme Astérix et Obélix: Au service de sa majesté...

On tourne vite en rond après avoir épuisé le potentiel comique de la situation initiale (les deux personnages inséparables). Les personnages secondaires gravitent autour du couple sans vraiment y apporter grand chose. Quant à la voix off qui nous guide, elle ne donne que des informations évidentes et devient donc désagréable.

La BO est en revanche plutôt réussie: alors que Main dans la main a pour décor l'Opéra Garnier (ce qui donne par ailleurs très envie d'aller le visiter), les morceaux sont plutôt pop et colorés.

Difficile pour Valérie Donzelli d'enchaîner après le phénomène La Guerre est déclarée (800 000 entrées, projection à Cannes en 2011). Main dans la main peine à remplir cette mission malgré une sincérité évidente de la réalisatrice et des deux acteurs principaux.

La petite anecdote:
Le morceau d'ouverture (et de la bande annonce), c'est Electricty d'OMD.

Infos pratiques:
Main dans la main
sorti le 19 décembre 2012 en France
réalisatrice: Valérie Donzelli
avec: Valérie Lemercier, Jérémie Elkaïm, Valérie Donzelli, Béatrice de Staël
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19421348&cfilm=197074.html 


mercredi 19 décembre 2012

J'ai été voir... Le Hobbit: Un Voyage Inattendu


D'après le titre, ce voyage est inattendu. Ce n'est pas le cas du film qui est en préparation depuis des années et dont la gestation a connu de nombreux rebondissements (conflit sur les droits d'auteur, grève des scénaristes, presque faillite de la MGM, etc.). Après avoir été pendant quelques temps dans les mains du réalisateur Guillermo Del Toro (Hellboy, Le Labyrinthe de Pan), c'est finalement Peter Jackson himself qui repasse derrière la caméra.

Le Hobbit: Un Voyage Inattendu est adapté du 1er roman que J.R.R. Tolkien Bilbo le Hobbit a écrit dans les années 1920 pour divertir ses propres enfants. Ce roman lui servira de base pour la trilogie Le Seigneur des Anneaux, plus sombre et plus complexe, qui connaîtra un succès planétaire, en librairie et au cinéma (3 films, 30 nominations, 17 oscars).

Le Hobbit: Un Voyage Inattendu est donc le 1er volet d'une nouvelle trilogie où l'on suit Bilbo Baggins, hobbit de la Comté emmené presque malgré lui par le magicien Gandalf et une compagnie de treize nains dans leur voyage vers la Montagne Solitaire pour reconquérir le trésor gardé par le dragon Smaug.

Le roman original ne dépassant pas 300 pages, j'avais des doutes sur la possibilité de le transformer en trois films de 3h. Et pourtant, ça marche. Peter Jackson a intelligemment choisi d'intégrer des éléments seulement évoqués dans le roman et d'autres qu'il avait omis dans sa trilogie Le Seigneur des Anneaux

Le Hobbit: Un Voyage Inattendu plaira donc sans doute aux fans de la 1ère trilogie qui retrouveront avec plaisir l'atmosphère et même certains personnages de la Terre du Milieu. Les références et les clins d'oeil sont nombreux, et parfois exagérés. Cela crée en revanche l'agréable sensation de revenir après 10 ans dans un pays qu'on avait beaucoup aimé lors d'une première visite.
Les liens avec Le Seigneur des Anneaux sont d'ailleurs plus profonds que les allusions. On remonte littéralement 60 ans avant le début de La Communauté de l'Anneau et on comprend comment certaines choses se sont mises en place (comment Bilbo a-t-il récupéré l'anneau, les prémices du retour de Sauron, etc.).
Pour ceux qui n'avaient pas adhéré à l'univers en revanche, je doute qu'ils trouvent leur compte ici.

Les paysages de la Nouvelle-Zélande sont toujours aussi magnifiques filmés par l'enfant du pays. Certaines scènes sont franchement impressionnantes visuellement, des batailles souterraines aux orages en montagnes, on s'accroche plus d'une fois à ses lunettes 3D. Même si on n'a plus l'effet de surprise, l'univers de Tolkien vu par Peter Jackson est toujours aussi bluffant et détaillé.

Le ton général de ce Hobbit: Un Voyage Inattendu est une bonne surprise: gai et léger, drôle sans être grotesque ou caricatural.
Martin Freeman qui interprète Bilbo apporte une touche britannique bienvenue et subtile. Il fait évoluer ce personnage central qui n'a pas demandé à prendre part à cette aventure mais qui y adhère car elle le transforme.
Les nains, quant à eux, n'endossent pas le rôle de bouffon qu'avait Gimli dans Le Seigneur des Anneaux. Ils sont 13, tous différents, le réalisateur nous les présente et nous les rend attachants. Thorin, leur chef, joué par Richard Armitage est franchement charismatique et incarne un nouveau héros.
On est même contents de retrouver Gollum, qui n'est pas encore tombé complètement du côté obscur de la force. Andy Serkis donne de nouvelles facettes à ce personnage qui est sans aucun doute l'un des plus intéressants de la Terre du Milieu.

Le Hobbit: Un Voyage Inattendu permet donc des retrouvailles très agréables, sous forme de grand spectacle, épique et majestueux.

La petite anecdote:
Les acteurs Ian Holm (Bilbo âgé), 81 ans et Christopher Lee (Saroumane), 90 ans ont tourné leurs scènes dans les studios londoniens Pinewood: leur état de santé ne leur permettait pas le voyage jusqu'en Nouvelle Zélande.

Infos pratiques:
Le Hobbit: Un Voyage Inattendu
sorti le 12 décembre 2012 en France
réalisateur: Peter Jackson
avec: Martin Freeman, Ian McKellen, Richard Armitage, Hugo Weaving, Cate Blanchett, Andy Serkis
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19404061&cfilm=119089.html 

mercredi 12 décembre 2012

J'ai été voir... Anna Karenine


1000 pages de littérature russe: Anna Karenine, le roman de Tolstoï est un monument qui a de quoi effrayer. Le propre des classiques étant qu'on a tous l'impression de les connaître mais qu'on s'en remet souvent aux interprétations d'autres personnes: des réalisateurs de cinéma aux auteurs de ces fameux livrets "Profils" qui nous ont sauvé la mise au lycée.

Joe Wright, réalisateur d'Atonement, d'Orgueil et Préjugés (tous deux avec Keira Knightley) mais aussi d'Hanna, est un habitué des adaptations littéraires. Il a ici réuni sa troupe habituelle (décoratrice, costumière, producteur, monteurs: tous ont déjà collaboré avec lui) ainsi que sa muse Keira Knightley et il nous livre sa vision d'Anna Karenine, une histoire "sur l'amour sous toutes ses formes" selon lui.

Au milieu des années 1870 à St Petersbourg, Anna Karenine a une situation parfaite: mariée à un fonctionnaire respecté, avec qui elle a un fils, elle évolue dans la haute société. A l'occasion d'une visite à son frère à Moscou, elle rencontre le Comte Vronski, officier de cavalerie, qui va faire basculer sa vie. 
En tentant de résumer l'intrigue, on se rend vite compte de sa richesse et de sa diversité: une seconde partie du film est consacrée à une autre histoire d'amour plus pure (entre Levine et Kitty).

L'originalité de l'approche de Joe Wright tient à son choix de mettre en scène son Anna Karenine dans un théâtre. Les décors changent, on passe d'une scène à l'autre en soulevant un rideau ou en glissant un paravent, on entre dans les paysages naturels en ouvrant une porte... Le réel et le théâtral se mélangent en une valse qui emporte le spectateur dans un tourbillon qui peut donner le vertige.

L'avantage de cette mise en scène est qu'elle libère de la contrainte de réalisme. Elle avertit aussi: on est au théâtre, faites appel à votre imaginaire! 
L'inconvénient c'est que la forme, majestueuse et virevoltante, a tendance à prendre le pas sur le fond. La passion romantique d'Anna est étouffée par les effets de manche et l'agitation dans laquelle elle se déroule. Difficile d'être emporté dans cette histoire d'amour qui constitue pourtant le coeur de l'action.
De même, ce qui se joue en Anna est moins exploré et même si le personnage évolue dramatiquement, on ne s'y attarde que peu.

Le spectacle visuel est donc au rendez-vous. On pense parfois au Moulin Rouge  de Baz Luhrmann, pour le côté cirque, en plus sophistiqué.

Dans ce théâtre évoluent de nombreux personnages qui se complètent et se répondent. Le casting rassemblé par Joe Wright est relevé, se composant de stars ainsi que de visages déjà aperçus mais pas encore reconnus.
Rôle titre et central: Anna Karenine est interprété par Keira Knightley, qui semble être née pour porter le corset et les grandes robes d'époque. Elle est ici intense et donne beaucoup de subtilité à Anna, entre fragilité et cruauté. 
Son mari est interprété par Jude Law, vieillissant mais qui tient là un très beau rôle, cet homme contraint par ses principes mais qui se dévoile petit à petit.
Aaron Taylor-Johnson est le beau Comte Vronski et pour le reconnaître, imaginez-le avec des dread-locks (Savages).
Les séries TV en costumes ont également fourni quelques acteurs et actrices (Downton Abbey, Les Piliers de la Terre).

Tout ce beau monde est au service du style que Joe Wright a choisi de privilégier. Plus que les performance d'acteurs, cet Anna Karenine repose sur une façon de voir l'oeuvre de Tolstoï. Qu'on y adhère ou pas, on ne peut nier que le réalisateur y aura mis sa patte.

Désarmant, long, vertigineux, complexe, maîtrisé, quelques fois répétitif, romanesque, folkorique: ce film ne vous laissera pas indifférent.

La petite anecdote:
Bijoux, robes de bal et fourrures sont nombreux dans Anna Karenine. Le collier qu'Anna porte lors de la scène de bal a été prêté par Chanel, marque pour laquelle Keira Knightley avait tourné une publicité réalisée... par Joe Wright.

Infos pratiques:
Anna Karenine
sorti le 5 décembre 2012 en France 
réalisateur: Joe Wright
avec: Keira Knightley, Jude Law, Aaron Taylor-Johnson, Matthew McFadyen, Domhnall Gleeson
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19416020&cfilm=191856.html 

lundi 10 décembre 2012

J'ai été voir... Cogan, Killing Them Softly


"America is not a country, it's a business" ou comment, dans Cogan, Killing Them Softly, Andrew Dominik (L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Fordmet en scène l'individualisme Outre-Atlantique.

Jackie Cogan est employé par des caïds mafieux qui souhaitent faire le ménage après le braquage d'une salle de jeux illégale.

Cogan, Killing Them Softly est un polar désabusé. Là où les films noirs ou de mafia sont souvent sur vitaminés et parfois trop fatigants car trop plein d'énergie, ici on est aux antipodes du film hyper-actif. C'est long, c'est lent, c'est contemplatif...
Les tueurs à gage s'improvisent philosophes, les petites frappes se shootent à l'héroïne et planent... l'ennui n'est pas loin et une dizaine de personnes ont quitté la salle de cinéma avant la fin.

Cogan, Killing Them Softly est un concentré de violence gratuite. On est vite mal à l'aise, et pas dans le bon sens du terme où vous pouvez être interpellé dans le but de vous alerter et réfléchir. La vulgarité du langage se veut sans doute réaliste mais 50 minutes avec "fuck" dans toutes les phrases, ça écorche franchement les oreilles. Quand aux scènes de baston et d'assassinat, elles sont habilement mises en scène mais n'apportent rien.

Le scénario est minimal et on ne trouve pas de justification à ces scènes de violence. Là où Drive parvenait à créer une atmosphère autour de ses personnages, Cogan, Killing Them Softly échoue à nous emmener dans son univers.

Brad Pitt est pourtant très bien dans son rôle (central) de tueur à gages moins bête que les gens qui l'entourent et cynique jusqu'à la moelle. On reconnaît également quelques visages issus de la série Les Sopranos comme James Gandolfini en tueur looser.

Les références au modèles américain ne sont pas du tout subtiles et passent par des extraites du discours de campagne d'Obama en guise de bande-son. Mais on ne nous guide pas dans cette réflexion et ça tombe franchement comme un cheveu sur la soupe...
Film de crise économique et du désenchantement? peut-être mais si on doit se débrouiller tout seul pour comprendre le message, je trouve ça dommage.

L'humour manque cruellement tout au long du film; là où on aurait pu basculer dans l'absurde. On sent pourtant l'influence d'un Tarantino dans la violence outrancière ou des frères Cohen dans les situations foireuses. 
Mais Cogan, Killing Them Softly tourne à vide sans histoire à laquelle se raccrocher et donc sans logique.

La petite anecdote:
Cogan, Killing Them Softly était en compétition à Cannes pour le festival 2012 mais est reparti bredouille.

Infos pratiques:
Cogan, Killing Them Softly
sorti le 5 décembre 2012 en France
réalisateur: Andrew Dominik
avec: Brad Pitt, James Gandolfini, Scoot McNairy, Ben Mendelsohn, Ray Liotta, Richard Jenkins
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19424245&cfilm=187420.html 

vendredi 7 décembre 2012

J'ai été voir... Royal Affair


Fresque historique doublement primée lors du dernier Festival de Berlin et représentant le Danemark dans la catégorie "Film étranger" aux prochains Oscars , Royal Affair a fait parler de lui avant sa sortie.

1770, le jeune roi du Danemark Christian VII est névrosé et préfère se laisser aller à la débauche que gérer son pays et passer du temps avec sa femme, l'anglaise Caroline Mathilde. Jusqu'à ce qu'il rencontre le médecin allemand Johann Struensee, secrètement adepte des principes des Lumières. Celui-ci va réussir à calmer le souverain, influencer la Cour, et séduire la Reine.

Le réalisateur Nikolaj Arcel a été co-scénariste du succès danois adaptation de la trilogie Millenium (révélant Noomi Rapace). Il a choisi ici de nous raconter cet épisode oublié en dehors du Danemark: 20 ans avant la Révolution française, des réformes progressistes avaient été tentées.
Il y a donc un intérêt historique à voir Royal Affair où on apprend que Voltaire lui-même a salué les efforts de cette monarchie en avance sur le reste de l'Europe.

Le problème est que le rythme fait cruellement défaut et que les 2h20 paraissent très longues devant cette reconstitution, certes fidèle et esthétiquement réussie, mais laborieuse.

La richesse du film repose sur ses trois acteurs principaux, qui mettent leur énergie au service des trois personnages centraux et de l'intrigue politico-amoureuse qui sous-tend le scénario.
La belle suédoise Alici Vikander, également actuellement à l'affiche de Anna Karénine, prête sa grâce et sa jeunesse à la reine Caroline.
La révélation de Royal Affair est sans doute Mikkel Boe Folsgard, récompensé par l'Ours d'Argent à Berlin pour son interprétation de Christian VII, roi-bouffon malade et dépassé par les évènements.
Enfin on retrouve avec plaisir Mads Mikkelsen (qui avait joué Le Chiffre dans Casino Royale): magnétique, à la fois inquiétant, intelligent et charismatique.

L'atmosphère est grise dans cette cour du Danemark. Alors qu'à la même époque, Marie-Antoinette affole Paris, la vie à Copenhague n'a pas l'air bien gaie. Ciel bas, tentures lourdes, bois sombres, c'est pesant.

Surtout, même aux moments les plus passionnés de la narration, on ne s'emballe pas. Il manque ces envolées romantiques auxquelles on s'attend. Retenue nordique ou réalisation trop timide, on se sent frustré, malgré des acteurs impeccables.
Pour le côté épique, on parie donc sur Anna Karénine, autre film d'époque actuellement à l'affiche.

La petite anecdote:
Sachez que si vous croisez Mads Mikkelsen dans la rue et que vous voulez qu'il se retourne, son nom se prononce Mass Meguelsnn.

Infos pratiques:
Royal Affair
sorti le 21 novembre 2012
réalisateur: Nikolaj Arcel
avec: Mads Mikkelsen, Alicia Vikander, Mikkel Boe Folsgard
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19370532&cfilm=143759.html