vendredi 16 novembre 2012

J'ai été voir... Argo


"La seule différence entre la réalité et la fiction, c'est que la fiction doit être crédible". Au risque de transformer ce blog en dictionnaire de citations, je trouve cette remarque de Mark Twain très adaptée pour parler d'Argo.

En 1979, les employés de l'ambassade américaine à Téhéran sont pris en otage par des étudiants iraniens qui veulent que les USA extradent le Shah. Six diplomates parviennent à s'échapper et se réfugient dans la résidence de l'ambassadeur du Canada. La CIA met alors sur pied un plan improbable pour les sauver: ils vont devenir une équipe de tournage en repérage pour un film hollywoodien.

Derrière l'étiquette "inspiré de faits réels" peut se cacher tout et n'importe quoi. Ben Affleck, qui signe ici sa 3ème réalisation après Gone Baby Gone et The Town, a l'intelligence de ne pas transformer Argo en reconstitution historique. Certes l'anecdote est vraiment arrivée, mais elle est le prétexte à un scénario construit et solide, pas une fin en soi.

L'avantage de savoir que cette histoire est réelle (ou presque: on sent bien que certains aspects ont été dramatisés), c'est qu'on ne la remet pas en question. Là où on accuserait un scénariste d'imagination trop débordante, la réalité rattrape la fiction. Et on se régale.

Argo mêle donc thriller politique et humour efficace. On rit volontiers de l'énormité du plan proposé comme de ses protagonistes (John Goodman et Alan Arkin s'en donnent à coeur joie). L'auto-dérision fonctionne et ne gâche en rien la tension dramatique créée par la situation des Invités, les 6 diplomates en question.

Affleck nous plonge au début des années 80 avec un soucis du détail dont on ne perçoit l'ampleur que quand on compare les images du film aux images d'archive.

Pour comprendre le contexte historique d'Argo, le résumé est rapide et sans doute très simplifié (30 ans de relations américano-iraniennes en 3 minutes...). Il nous situe néanmoins l'intrigue dans un environnement plus large et nous renvoie également à l'actualité.
On ne ressort pas expert géopolitique de l'Iran et on pourra sans doute déplorer les raccourcis un peu caricaturaux et peu nuancés: les iraniens semblent tous barbus et très énervés.

La narration est fluide et même si on compte quelques longueurs à mi-parcours, Ben Affleck maîtrise son sujet, aussi bien visuellement que dans sa direction d'acteurs.

Il a en effet su s'entourer. Bryan Cranston (vu dans la série Breaking Bad et récemment dans Drive) et les six acteurs qui interprètent les Invités sont impeccables.
On se demande simplement pourquoi il a choisi d'interpréter lui-même le rôle principal... Sa prestation n'est pas mauvaise mais pas extraordinaire non plus. A le voir à l'écran, on a l'impression qu'il ne passe pas complètement le cap d'acteur à réalisateur. Il semblerait que des conflits d'emploi du temps aient empêché Brad Pitt de rejoindre le projet...
Autre grand nom au générique, George Clooney qui est producteur.

Argo rassemble beaucoup d'éléments que le cinéma américain réussit très bien: une intrigue haletante qui mène le spectateur par le bout du nez et une pointe d'ironie qui complète le divertissement.
L'ensemble est donc clairement une réussite et donne envie d'en voir plus de la part de cet acteur-réalisateur qui semble avoir de belles choses à nous raconter.

La petite anecdote:
Comme montré dans Argo, le panneau si célèbre "Hollywood" était en mauvais état en 1978. Des fonds ont été levés pour le rénover et les donateurs sont plutôt... surprenants. Hugh Hefner (fondateur de Playboy) a financé le Y, le chanteur de hard rock Alice Cooper a payé pour un O et c'est la Warner qui a réglé pour un autre O.

Et si vous souhaitez un regard complémentaire sur la vraie histoire d'Argo, c'est ici

Infos pratiques:
Argo
sorti le 7 novembre 2012 en France
réalisé par : Ben Affleck
avec: Ben Affleck, Bryan Cranston, John Goodman, Alan Arkin
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19402653&cfilm=190267.html  

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