lundi 16 janvier 2012

J'ai été voir... J. Edgar


J. Edgar raconte la vie de l’homme qui a créé puis dirigé le FBI pendant près de 50 ans. Aux premières loges (voire partie prenante) de l’histoire américaine, il cachait une personnalité complexe sous une carapace d’homme implacable.

Sur le papier, tout y est : le réalisateur célèbre (Clint Eastwood), le sujet passionnant (un personnage historique mystérieux, un demi-siècle d’histoire des Etats-Unis), des acteurs au sommet (Léonardo DiCaprio, Naomi Watts), un scénariste oscarisé (Dustin Lance Black, récompensé en 2009 pour Milk)...
C’est à se demander ce qui s’est passé pour en arriver à ces 2h15 que comptent J.Edgar.

Commençons par ce point : 2h15. Certes, la période historique dont il est question est vaste et riche. Mais la durée du film ne se justifie pas mais la quantité d’événements relatés mais par un rythme lent qui nous empêche de nous emballer et de faire passer le temps plus vite.

Clint Eastwood a choisi de raconter la vie de Hoover en le faisant lui-même écrire son histoire. On se balade donc entre le passé des souvenirs et un présent où le vieux directeur dicte ses mémoires à de jeunes scribes. Ces allers-retours dans le temps sont plutôt bien construits, et ne gênent pas, notamment grâce à un souci du détail au niveau des décors et des costumes. Surtout, on se rend rapidement compte que Hoover livre sa version de l’histoire, celle dont il aimerait qu’on se souvienne plutôt que l’exacte vérité.

Eastwood fait le choix de présenter la face cachée du personnage et le scénario se concentre donc sur les aspects privés de sa vie. En particulier sa relation avec sa mère puis celle, ambiguë, avec son bras droit, Clyde Tolson. A mon sens, ce focus sur le côté personnel se fait au détriment des éléments historiques et de témoignage. Je ne m’attendais pas à voir un documentaire sur le FBI mais il est tout de même très frustrant de sortit sans avoir l’impression d’en savoir plus sur cette institution.
Dans la presse et pour expliquer le contexte du film, on présente Hoover comme l’homme qui a côtoyé huit présidents des États-Unis, qui est parfois surnommé le « faiseur de rois ». Or le film ne nous donne rien à voir de cet aspect politique : on survole les événements historiques comme des péripéties et ne sait pas ce qui se passe dans le bureau ovale…

On assiste au récit de la vie d’un homme obsédé par le secret parce que rongé lui-même par l’amour qu’il éprouve pour un autre homme et que son éducation (et son époque) empêchent d’assumer publiquement. C’est tragique sans doute, mais même les ficelles psychologiques sont grosses et difficiles à avaler.

Clint Eastwood se débat peut-être avec une histoire mal ficelée mais il sait tirer le meilleur des acteurs qu’il dirige.
Léonardo DiCaprio habite J. Edgar Hoover et sait lui donner les mimiques qui le rendent vivant. Si on doit comparer les biopics dans lesquels il a joué, sa performance dans l’Aviator de Scorcese et tout de même un cran au-dessus. La faute peut-être ici au masque de plâtre et au maquillage destiné à le vieillir qui doivent sacrément gêner pour jouer.
Le bras droit / ami / amant est interprété par Armie Hammer, que l’on avait (doublement) vu dans The Social Network dans lequel il jouait les jumeaux Winkelvoss. Il est ici tout en retenue pour nous montrer l’amour et l’admiration de son personnage.
Enfin Naomi Watts est Helen Gandy, la secrétaire particulière de Hoover. Sur elle, le maquillage ne fait pas faux et elle arrive à véhiculer à la fois la tendresse et la fidélité pour cet homme avec qui elle a travaillé pendant 50 ans.

J’attendais J. Edgar avec impatience, en me disant que Au-delà n’avait été qu’une erreur de parcours de Clint Eastwood réalisateur. Mais le film est long et lent, et on s’ennuie en attendant qu’il se passe enfin quelque chose. Bref, c’est poussif.
Et c’est dommage qu’un sujet pareil n’ait pas été confié à un réalisateur plus ambitieux…

La petite anecdote
Reproduire le sol de granit du Ministère de la Justice, c’était trop cher. Le chef décorateur a donc pris le vrai sol en photo sous tous les angles et l’ont reproduit sur du contreplaqué.

Infos pratiques
J. Edgar
sorti le 11 janvier 2012
réalisateur : Clint Eastwood
avec : Léonardo DiCaprio, Naomi Watts, Armie Hammer, Judi Dench



1 commentaire:

  1. Après avoir adoré les Millions Dollar Baby et Gran Torino, encensé Clint en criant au génie on revise sa copie après 3 films de facture beaucoup plus moyenne... On s'ennuie ferme pendant 2h15, et pourtant oui, l'histoire elle était riche et prometteuse, les acteurs oscarisables sur le papier, les affiches avaient de la gueule dans le métro.. Oui mais voilà, le point de vue oscille entre l'Histoire et la vie privée, en apprenant peu dans un 1er volet pour ne pas aller assez loin dans le second. Résultat le film ne nous embarque pas, ou rarement l'espace de quelques secondes ou l'émotion fugace rejaillit alors(intéressant de noter que c'est surtout dans les moments ou l'Histoire s'efface et qui laissent le plus de liberté au réalisateur pour faire vivre et vibrer ses personnages).
    Eastwood n'est jamais aussi bon que dans ses créations originales, la vérité appesantit son cinéma qui perd passion et poésie dans la bataille. Dommage, un beau gachis.

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