lundi 2 avril 2012

J'ai été voir... Les Adieux à la Reine


Encore un film sur Marie-Antoinette…
Oui mais celui-ci est un peu différent : il est français. Contrairement à Sofia Coppola dans Marie-Antoinette qui transformait la reine en star de la mode, Benoît Jacquot se concentre dans Les Adieux à la Reine sur l’envers du décor et sur les côtés moins reluisants de Versailles.

Le film raconte les trois jours suivant la prise de la Bastille vus par Sidonie, liseuse auprès de Marie-Antoinette qu’elle admire éperdument.

Jacquot filme donc l’intimité de Versailles en temps de crise. Le tournage a eu lieu au château mais on ne se concentre pas sur les grandes galeries et les décors scintillants. On se perd au contraire dans les couloirs de service et sous les mansardes où logent les domestiques. Alors que la monarchie de France touche à sa fin, on voit Versailles se craqueler et presque pourrir de l’intérieur.

Alors que les nouvelles des événements arrivent au compte goutte au château, on assiste avec Sidonie à la panique qui gagne progressivement les habitants qui se croyaient protégés de tout. L’ensemble a un goût d’authentique avec des sensations rarement évoquées quand on parle de Versailles (les rats, l’eau croupie, les moustiques, etc)

Le personnage de Sidonie a une position intéressante puisqu’elle n’est pas noble et qu’elle côtoie le petit personnel du château. Mais elle fait également partie de l’entourage proche de la reine.
Tellement proche que les sentiments qu’elle éprouve pour Marie-Antoinette vont au-delà de l’admiration et du dévouement. Une ambiguïté forte s’installe entre Sidonie, la reine et Gabrielle de Polignac, sa maîtresse.
Jacquot dirige avec finesse son trio d’actrices.

Virginie Ledoyen ne fait qu'un bref passage mais elle est arrogante et froide à souhait.
Diane Kruger campe avec efficacité la reine excentrique et égocentrique. L’accent germanique de l’actrice sonne juste (la reine était d’origine autrichienne) et elle donne vie à une Marie-Antoinette très vraisemblable.
Léa Seydoux est Sidonie et elle souffle un vent de modernité sur le personnage. Sa démarche, presque même sa façon de parler font que toute l’histoire est racontée au présent plutôt qu’au passé.

Tout n’est pas idéal cependant. Le rythme est plutôt lent et pourra paraître ennuyeux si on ne se laisse pas gagner par l’atmosphère. Quant à la précision historique, je laisserai les experts se prononcer (Marie-Antoinette avait-elle vraiment des tendances lesbiennes?...) En tous cas ne comptez pas sur Les Adieux à la Reine pour en apprendre beaucoup sur la Révolution française. Pour cela, vous réviserez vos cours d’histoire de primaire…

Au final, je trouve que Les Adieux à la Reine amène une bonne nouvelle : on peut faire un film historique français qui ne sent ni la poussière ne le carton pâte !

La petite anecdote :
Diane Kruger partage plus que son accent avec la reine déchue : elle a le même âge qu’elle en 1789 et leurs mères ont le même prénom (Marie-Thérèse)

Infos pratiques :
Les Adieux à la Reine
Sorti le 21 mars 2012 en France
Réalisateur : Benoît Jacquot
Avec : Léa Seydoux, Diane Kruger, Virginie Ledoyen


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