samedi 31 décembre 2016

Moi, Daniel Blake

Palme d'Or à Cannes en 2016, Moi, Daniel Blake est le dernier film en date du prolifique Ken Loach qui dénonce ici le manque d'humanité du système d'aides sociales au Royaume Uni.

Daniel Blake a travaillé toute sa vie en tant que charpentier. Quand un problème cardiaque le contraint à rester chez lui, il se retrouve coincé dans les méandres d'un système qu'il ne comprend pas.

C'est un record: Moi, Daniel Blake est la 13ème nomination en compétition officielle à Cannes pour Ken Loach et sa 2ème Palme d'Or après Le Vent se Lève en 2006.
Ce réalisateur s'applique depuis les années 80 à montrer les inégalités sociales et les dérives du système britannique (Sweet Sixteen, It's a free world, The Navigators...)

On retrouve dans Moi, Daniel Blake son style qui flirte souvent avec le documentaire. Certaines scènes sont directement inspirées d'épisodes auxquels le réalisateur ou son scénariste ont assisté (c'est le cas de celle dans la banque alimentaire). Certains acteurs ne sont pas professionnels, ce qui renforce encore cette sensation de réalisme.

Loach démontre simplement l'absurdité des administrations en charge de l'aide sociale. Daniel Blake est baladé entre les allocations santé et l'indemnisation chômage, il est sommé de répondre à des questionnaires stupides et standardisés et il doit prouver qu'il cherche un emploi via des outils informatiques qu'il n'a jamais appris à utiliser. C'est un symbole: lui qui a cotisé et travaillé pendant des années se retrouve exclu le jour où il a besoin d'aide.

A force de rationalisations et de coupes budgétaires, l'humain a été oublié. Les frustrations montent et la violence devient une réponse logique face à tant d'absurdité. En tant que spectateur, on assiste à ces scènes en se demandant comment on peut dériver jusqu'à tant d'injustice. Puis on allume sa télé en rentrant et on se rend compte que certains discours actuels prône un tel modèle...

Le personnage principal est interprété par l'humoriste Dave Johns qui joue avec beaucoup de modestie et beaucoup d'humour. Il parvient à incarner tout le parcours de cet homme avec sensibilité. L'actrice Hayley Squires l'accompagne et leur duo est poignant.

Bien sûr Moi, Daniel Blake est partisan. Loach ne trompe pas: on sait quand on va voir un de ses films qu'il va attaquer et militer contre le néo-libéralisme. La réussite du film tient à la pudeur qui s'en dégage. La colère est bien présente mais elle est contenue et glaçante. 
On peut trouver cela manichéen, illusoire ou sentimentaliste mais on ne peut pas reprocher à Ken Loach de faire du Ken Loach. Surtout aujourd'hui...

La petite anecdote:
La standing ovation à Cannes a duré 15 minutes suite à la projection du film.

Note:
4/5

Infos utiles:
Moi, Daniel Blake
sorti le 26 octobre 2016 en France
réalisateur: Ken Loach
avec: Dave Johns, Hayley Squires

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