mardi 18 juin 2013

J'ai été voir... Le Passé


Dans le paysage ciné actuel, un film qui n'est ni adapté d'un roman, ni une suite, ni un biopic fait figure d'exception. C'est donc avec une curiosité teintée de scepticisme (un film iranien, récompensé à Cannes, ça fait toujours un peu peur...) que j'allais voir Le Passé.

Ahmad revient d'Iran pour finaliser son divorce. Après 4 ans d'absence, il retrouve Marie, sa femme française, ainsi que les deux filles de celle-ci. Il mesure alors les fossés que le temps a creusé.

Le réalisateur iranien Asghar Farhadi avait signé en 2011 Une Séparation, récompensé par l'Oscar du meilleur film étranger. On retrouve dans Le Passé la cellule familiale comme décor principal ainsi qu'une façon bienveillante de filmer tous les personnages.

Sans musique, avec des plans séquences très construits et sans doute minutieusement répétés, Farhadi installe progressivement une atmosphère lourde de tensions. Les personnages détiennent chacun un morceau du puzzle et le réalisateur les distille petit à petit.

Le Passé est filmé en France, en français, par un réalisateur qui ne parle pas cette langue. Même si l'aide d'un traducteur a dû faciliter le travail, on ressent cette distance dans le résultat final. Par moment, des erreurs d'intonation donnent une impression de "texte récité" qui vient perturber notre relation aux personnages.

Car c'est bien eux qui sont au centre de cette histoire. Ils se débattent chacun avec leur part de passé et leurs souhaits de futur. Au spectateur de juger s'ils sont réalistes ou dans le déni. La question centrale est finalement celle-ci: peut-on décider d'oublier?...

Les interactions entre les personnages nous guident dans la compréhension de l'intrigue. Intrigue qu'on pourra d'ailleurs trouver inutilement complexe et qui tire l'histoire en longueur.
Ahmad (Ali Mossafa, très juste), avec sa voix calme et son ton posé, vient apaiser les tensions et fait se délier les langues. Mais il a lui aussi des chapitres à clore. 
Samir (Tahar Rahim, révélé par Un Prophète, ici plutôt moyen) jongle entre deux vies sans vraiment faire preuve d'initiative.
Au milieu, Marie (Bérénice Béjo, vue dans The Artist, ici dans un rôle d'un nouveau genre pour elle mais pas si extraordinaire) tente de vivre sa vie.

C'est surtout le trio d'enfants qui donne l'énergie du film: Pauline Burlet (Lucie), Jeanne Jestin et surtout Elyes Aguis ont ce naturel et cette justesse qui provoque inévitablement un attachement.

Le Passé n'est pas un film confortable. L'ambiance est tendue et elle contamine la salle. J'ai cependant admiré la façon de filmer, de rendre les choses claires par des sous-entendus et des regards.

Contrairement à ce que l'on peut craindre, Le Passé est en fait un film accessible dans le sens où il provoque des émotions mais vous n'en sortirez pas en ayant le moral remonté.

La petite anecdote:
C'est Marion Cotillard qui devait jouer le rôle de Marie. Pour des raisons d'emploi du temps trop chargé, c'est finalement Bérénice Béjo qui a été choisie.

Infos utiles:
Le Passé
sorti le 17 mai 2013 en France
réalisateur: Asghar Farhadi
avec: Bérénice Béjo, Tahar Rahim, Ali Mossafa
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19497833&cfilm=204198.html

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