lundi 29 avril 2013

J'ai été voir... L’Écume des Jours


Certains choix apparaissent d'emblée comme de bonnes idées: confier la réalisation de L’Écume des Jours à Michel Gondry fait partie de ceux-là. Le réalisateur, connu pour son côté inventeur et roi de l'imaginaire, paraît tout indiqué pour adapter le roman de Boris Vian tant les univers sont proches.

Colin, jeune homme idéaliste et un peu poète, vit à Paris entouré d'amis. Il "exige de tomber amoureux" et rencontre Chloé...

Réputé inadaptable, le roman est plein de trouvailles visuelles que les fans (et ils sont nombreux) allaient forcément attendre au tournant. La fantaisie et l'imagination de Gondry devraient les satisfaire puisqu'il a su incarner les éléments fondamentaux: le pianoctail est là, tout comme le biglemoi.
C'est d'ailleurs le premier coup de cœur: les trouvailles du réalisateur sont délicates, souvent drôles. Impossible d'adapter un roman truffé de jeux de mots? Gondry les transforme en jeux d'image, et ça fonctionne.

L’Écume des Jours a un côté artisanal puisque la plupart des effets spéciaux sont mécaniques et non réalisés avec des ordinateurs. Le résultat fait penser à ces tours de magie à base de bouts de ficelle ou de boîtes en carton. Les trucages sont presque visibles et ils donnent du charme.

L'imaginaire du spectateur est largement sollicité. Celui qui connaît le roman doit se plonger dans l'interprétation personnelle de Gondry de l'univers de Vian: les grands repères sont là mais il a également fait des choix liés à ses premières impressions de lecture. 
Le spectateur qui ne connaît pas le roman doit dans un premier temps réaliser qu'il a affaire à une histoire surréaliste puis il doit accepter de ne plus réfléchir et de se laisser emporter.

Contrairement à ce que peut laisser penser la bande-annonce, L’Écume des Jours n'est pas un film gai. On y parle de la mort, de la maladie, de l'addiction. C'est surtout la seconde partie du film qui aborde ces thèmes. Le ton léger et fantaisiste du démarrage laisse petit à petit la place au drame.
Les surprises se font alors plus rares et s'installe une impression de malaise. Certes, ça colle à l'histoire et à l'état d'esprit de Colin. Sauf qu'à trop imposer d'effets visuels, on en arrive à une indigestion et qu'il n'y a plus de place pour les émotions. Le roman de Vian est déconcertant par sa forme mais également par les forts sentiments qu'il déclenche. Gondry ne parvient malheureusement pas à susciter cet enthousiasme pour l'histoire d'amour de Colin et Chloé. Du coup, on passe à côté du désespoir de la seconde partie et on n'en retient que les longueurs.

Le casting de L’Écume des Jours ferait pâlir d'envie plus d'un réalisateur. Romain Duris et Audrey Tautou forment à nouveau un couple à l'écran (après L'Auberge Espagnole de Klapish). Les bonnes surprises viennent surtout des seconds rôles: Omar Sy en Nicolas, le cuisiner - chauffeur - maître à penser de Colin et surtout Gad Elmaleh qui, pour une fois, fait autre chose que du Gad Elmaleh (il est Chick, l'ami accro à Jean-Sol Partre).

L’Écume des Jours est un film forcément original, qui demande un certain lâcher prise pour l'apprécier. On rit et on s'émerveille mais on sature vite du surplus d'effets visuels qui gène plus qu'il ne sert les sentiments.

La petite anecdote:
Les discours de Jean-Sol Partre que l'on entend dans le film sont adaptés des vrais textes de Jean-Paul Sartre. Ils ont été réécrits grâce au procédé de l'oulipisme qui consiste à remplacer chaque mots par celui situé 5 mots plus loin dans le dictionnaire. Charabia assuré!

Infos pratiques:
L’Écume des Jours
sorti le 24 avril 2013 en France
réalisateur: Michel Gondry
avec: Romain Duris, Audrey Tautou, Omar Sy, Gad Elmaleh, Aïssa Maïga, Charlotte Le Bon
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19487939&cfilm=196832.html 



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