vendredi 8 mars 2013

J'ai été voir... Möbius


Möbius mélange deux genres: l'espionnage et la romance. Les deux histoires s'influencent et donnent un film qui demande une sacrée dose de concentration et qui alterne entre des moments très réussis et d'autres auxquels on ne croit pas.

Grégory Lioubov est un agent secret russe qui doit se renseigner sur un puissant compatriote. Au cours de l'enquête, il va rencontrer Alice, une spécialiste de la finance. Allant à l'encontre de sa règle n°1, il va l'approcher.

Möbius demande une forte implication du spectateur: si vous n'êtes pas vigilent, vous risquez de rater un élément essentiel à la compréhension. Et ne comptez pas sur un moment de répit pour rassembler vos idées et faire le tri dans les noms en -ov et en -ski...
La partie "espionnage" de Möbius est opaque: les personnages sont nombreux, ils parlent tous plusieurs langues et les information sont distillées au compte-goutte. Les faux-semblants et les double-jeux sont le propre des films d'espions. Les codes sont bien respectés ici mais l'intrigue est trop alambiquée pour se détendre et permettre de s'emballer.

Certaines scènes sont cependant réussies (celles du téléphone ou du restaurant par exemple) et le réalisateur  Eric Rochant met en place une ambiance générale, lourde et sombre. Il donne une patte élégante à ses images qui, même sous le soleil de Monaco, nous immergent dans le monde louche des agents secrets et des montages financiers. Le jeu devient de plus en plus dangereux et la tension monte petit à petit. Sans grand emballement... 

La partie "romance" est étrange elle aussi. Elle repose sur la relation exclusivement charnelle entre les personnages d'Alice et Grégory. Les corps et les visages de Cécile de France et Jean Dujardin sont filmés de très près. L'attraction physique entre eux dispense de tout autre échange et entretient le côté mystérieux de cette relation. Chacun y croira plus ou moins mais les acteurs sont plutôt convaincants.

Cécile de France est bien choisie en femme forte qui se laisse emporter et se livre dans les bras de cet homme dont elle ignore tout. 
Jean Dujardin, tout en muscles et en retenue, joue un taiseux et cesse pour une fois de faire le pitre. Il n'est cependant pas transcendant et, à mon goût, trop français pour faire un agent russe crédible.
Tim Roth, qui a été choisi pour sa ressemblance physique avec le milliardaire russe Abrahamovitch, se contente donc d'être naturel. 
Emilie Dequenne n'a, quant à elle, pas beaucoup de place et donne l'impression de ne pas s'exprimer au maximum.

Möbius ne ressemble pas à un film français, ce qui est plutôt un compliment. Il manque cependant de personnalité, de mordant. Un peu comme ce final qui semble imposé et qui fait tâche. C'est bien dommage car on sent que le potentiel était là. On ressort confus, pas convaincu d'avoir tout saisi et finalement un peu frustré.

La petite anecdote:
Pour ceux qui s'intéresse plus au côté mathématique que métaphorique du ruban de Möbius qui a donné son titre au film, c'est ici.

Infos pratiques:
Möbius 
sorti le 27 février 2013 en France
réalisateur: Eric Rochant
avec: Jean Dujardin, Cécile de France, Tim Roth, Emilie Dequenne
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19456671&cfilm=197303.html


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