jeudi 10 juillet 2014

Jimmy's Hall


Signant sa 17ème sélection au Festival de Cannes, Ken Loach nous mène dans sa chère Irlande pour un drame politique et identitaire. 

Jimmy a dû s'exiler au Etats-Unis pendant les années 20 pour s'être battu pendant la guerre civile. Quand il revient au pays pour aider sa mère, il décide de rouvrir le hall, foyer et dancing ouvert à tous. Ce qui n'est pas pour plaire à tout le monde.

Ken Loach a aujourd'hui 80 ans et il a annoncé que Jimmy's Hall serait son dernier film de fiction. Tout au long de sa filmographie, il est resté fidèle à des idées, notamment politiques (très à gauche).
Il nous raconte ici la vie de Jimmy Gralton, activiste irlandais qui s'est battu pour créer un lieu de culture au milieu de la campagne et qui a du pour cela se battre contre l'obscurantisme de l'époque.
A ce titre, Jimmy's Hall ferme une trilogie révolutionnaire démarrée avec Land and Freedom puis Le Vent se Lève (palme d'or à Cannes en 2006). Il est moins violent que ce dernier et d'une manière générale moins réussi mais on sent une profonde admiration du réalisateur pour ces héros sociaux convaincus qu'ils peuvent construire un monde plus juste et plus libre.

Forcément, on tombe dans un manichéisme un peu lourd: d'un côté les gentils progressistes montrés sous leur meilleur jour, de l'autre le méchant clergé très facile à détester. Jimmy's Hall manque clairement de subtilité à ce niveau.
De plus, Loach peine à dynamiser cette histoire pourtant attirante à la base. Le tempo est un peu bancal et on voit passer les 1h50.

Dans les points positifs, certaines scènes sortent du lot: celles de danse. Du folk irlandais au jazz, quand on danse dans Jimmy's Hall, on raconte mieux qu'avec des mots le romantisme et la solidarité.
Les acteurs, pour la plupart recrutés aux alentours du comté de Leitrim, sont une autre réussite. Il se dégage un sentiment d'appartenance régionale qui colle très bien au sujet du film.
Barry Ward, qui interprète Jimmy, a un faux air de Richard Gere et, même s'il manque de charisme pour incarner ce leader socialiste, il ne dénote pas.

Jimmy's Hall décevra les fans de Ken Loach qui s'attendaient à un chef d'oeuvre. C'est un film très classique (l'histoire ne demande pas d'artifices ou de chichis), par moment un peu mou mais vivant, authentique et plein de pudeur.

La petite anecdote:
Les musiciens jouent en live et les danseurs n'évoluent donc pas sur des pistes pré-enregistrées, Loach ayant l'impression "que ça sonne un peu faux" sinon.

Note:
2.5/5

Infos pratiques:
Jimmy's Hall
sorti le 2 juillet 2014 en France
réalisateur: Ken Loach
avec: Barry Ward, Simone Kirby

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