jeudi 20 mars 2014

La Cour de Babel


Mieux qu'"inspiré d'une histoire vraie": le documentaire. Ou comment on peut se plonger via le grand écran dans une réalité qu'on ne soupçonnait pas forcément.

Les classes d'accueil permettent aux adolescents non francophones qui arrivent en France de s'acclimater avant de basculer vers une classe normale de collège. Pendant un an, Julie Bertuccelli a suivi les élèves d'une de ces classes.

Ils arrivent du monde entier: Sénégal, Angleterre, Roumanie, Venezuela... et leurs histoires sont variées: fille de diplomate, ayant fui la persécution ou victime de guerre civile. Leur point commun: ils ne parlent pas français suffisamment bien pour suivre les cours classiques.
Sans dresser leur portrait individuel ni jamais s’immiscer dans la cellule familiale, la réalisatrice s'appuie sur ces jeunes pour bâtir son film. Ce sont leurs indignations, leurs surprises, leurs frustrations qui vont ponctuer cette année.

La Cour de Babel nous montre une certaine immigration, celle de ces ados arrivés en France sans l'avoir forcément décidé, mais convaincus que c'est par l'école que passe la prise en main de leur avenir.
Loin du portrait de l'adolescence molle et indolente que le cinéma sait si bien caricaturer, les ados de La Cour de Babel sont plein d'une énergie qu'il fait bon ressentir. Tous (ou presque) ont des histoires difficiles faites d'éloignement familiaux, de déracinements mais ils sont bien décidés à ne pas se laisser marcher sur les pieds.

Si leurs colères prêtent souvent à sourire, leurs parcours sont souvent touchants. Et par leur bouche, ce sont nos propres comportements qu'ils renvoient. Comment se sentent-ils dans ce nouveau pays? sont-ils heureux?
On retrouve l'énergie et les angoisses des ados, mélangées aux problématiques propres à ces jeunes étrangers.
Cette école sur laquelle on aime tant tirer produit aussi de belles leçons. Et si le rôle de l'Education Nationale est de préparer les jeunes citoyens de demain, alors le dispositif des classes d'accueil y a tout à fait sa place.

En privilégiant un rôle de témoin (elle a tout simplement installé sa caméra dans la classe pendant 1 an), Julie Bertuccelli n'avance pas d'opinion. On comprend vite son admiration pour la professeur encadrant cette classe. Mais La Cour de Babel n'est pas un documentaire revendicatif. 
Il n'est pas non plus forcément très pédagogue: on n'en sait pas beaucoup plus sur le dispositif à la fin du film.

Pour des raisons de rythme et cette absence de prise de position, le spectateur peut vite s'ennuyer. On assiste nous aussi en témoin à ces morceaux d'histoire sans pour autant parvenir à s'attacher profondément aux protagonistes. La professeur est par exemple quasi absente de l'image.
Je m'attendais à un nouveau choc type Entre les Murs et ce n'est pas le cas.

La Cour de Babel est donc un documentaire fin et affectueux sur un sujet intéressant et d'actualité. Difficile pour autant d'en faire un objet de cinéma: attendez la sortie en DVD ou la diffusion sur ARTE...

La petite anecdote:
Pendant l'année scolaire 2010-2011, ce sont 16200 enfants non francophones qui ont été accueillis dans les Classes d’Accueil en collège (18500 en primaire). 
Elles sont à distinguer des classes d'alphabétisation qui accueillent les jeunes n'ayant pas été scolarisés dans leur pays d'origine.

Infos pratiques:
La Cour de Babel
sorti le 12 mars 2014 en France
réalisatrice: Julie Bertuccelli
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19541945&cfilm=221636.html 

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